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samedi 29 novembre 2014

Wrocław, capitale européenne de la culture en 2016

 

 

La ville polonaise a été choisie avec Saint-Sébastien en Espagne comme capitale européenne de la culture.





Rynek, place du Marché, centre historique de la ville, lieu de rencontre des habitants et des touristes



Communiqués de la commission européenne:


"La Pologne et l’Espagne sont les deux États membres dont une ville sera désignée Capitale européenne de la culture en 2016. La liste des pays accueillant ce titre jusqu’en 2019 a été établie par une décision du Parlement européen et du Conseil en 2006"

Bruxelles, 21 juin 2011 – Un jury d’experts indépendants a recommandé aujourd’hui que la ville polonaise de Wrocław soit nommée Capitale européenne de la culture 2016. Elle sera l’une des deux villes à porter ce titre, l’autre étant une ville espagnole qui sera sélectionnée la semaine prochaine. La désignation officielle par le Conseil des ministres de l’UE aura lieu en mai 2012.





 Connexion ferroviaire de la ville qui dispose aussi d'un aéroport international. L'autoroute A4 traverse le Sud de la Pologne depuis la frontière allemande jusqu'à la frontière ukrainienne.


Cet article est le début d'un projet de guide touristique pour les francophones désirant connaître et visiter la ville dans un proche avenir. Le guide, dont l'auteur est natif de la ville, sera mis en vente par correspondance.


Wrocław [Vrotsoiaf ou (ˈvrɔt͡s.waf )]
Brassel ou Prassel (en silésien), Breslau (en allemand), Vratislavia (en latin) et Breslavia (en italien et en espagnol)





Rynek, au premier plan le monument de Frédéric-Guillaume III avant la guerre, plus loin celui de Frédéric II le Grand, au fond l'église de Marie-Madeleine




La fin du siège de  Breslau, 6 mai 1945





Le monument d'Alexander Fredro arrive en 1956 à Wroclaw (originaire de Lwów - Léopol,  perdue par la Pologne suite aux déplacements des frontières (ligne Curzon) au profit de l'URSS (Ukraine). 


Le monument de 1879 à l'emplacement originaire avant la guerre, place de l'Académie à  Lwów



Place du Marché des années 1970 avec le monument d'Alexander Fredro (restitué à la Pologne par le gouvernement soviétique ukrainien en 1950 et transféré d'abord à Varsovie)



La même vue aujourd'hui.


Le monument de l'écrivain fait partie du paysage actuel de la ville. Il a été témoin du « Tour de la Paix » (organisé sur le modèle du Tour de France entre trois États frères: Pologne, Tchécoslovaquie et RDA), du Marathon organisé par la ville. Le comte Fredro a été actif politiquement. En 1981 il observait avec joie le minibus de la radio de « Solidarność » et à la fin des années 1980 il « participa » aux manifestations de la solidarité polono-tchécoslovaque et aux happenings de l'Alternative orange (pendant l'une d'entre elles il a été déguisé en général Jaruzelski). Il s'est habitué aux mégaphones des orateurs qui se servaient de son socle. Pacifiste dans le cadre du mouvement « Liberté et Paix » et en 1991 il a soutenu la volonté de l'indépendance de Lituanie et en 2004, la « Révolution orange » en Ukraine. Il a toujours été européen et connaisseur de la politique il a appuyé l'entrée de la Pologne dans l'Union européenne. En 2002 il a écouté les candidats à la mairie de la ville. Son monument est toujours astiqué par les étudiants la veille des « Journées de Wrocław » et de l'anniversaire de sa naissance et de sa mort. Cette tradition remonte à 1976 lorsque les élèves du Lycée XII, dont il est devenu le patron, ont décidé de laver son monument et ce malgré les protestations du conservateur municipal. Devenu objet de culte, d'ironie, de blagues et autres bouffonnerie le premier jour de printemps il subit la montée sur la tête par les gens parfois simples vandales qui lui cassent le stylo-plume. Il en a eu déjà plusieurs. Mais le jeu vaut la chandelle, depuis 2001 les frais bacheliers dansent devant lui une polonaise. Et les vendeuses de fleurs de la place au Sel, voisine, déposent depuis longtemps à ses pieds leur source de revenu et en 1992 le socle a été couvert de couronnes de fleurs par un prétendu descendant du comte. Il ne s'étonne plus des foules réunies pour toute sorte de manifestations : messes, concerts, concours, débats, défilés, promotions commerciales sans oublier les animaux dont certains représentants en abusent en se soulageant mais la garde municipale veille et distribue des contraventions.
Lvovien (Léopolitain) de carrière il est devenu Vratislavien. Ainsi récupéré il permet aux habitants de cette ancienne ville allemande de se sentir chez eux, chose qui ne fut pas facile après leur arrivée dans ce Far West de l'après-guerre.

    Breslau-Wrocław, hier et aujourd'hui



Présentation du patrimoine historique de Breslau en allemand (film documentaire d'avant la guerre)




   
Film sur l'histoire de la ville en polonais


Ville-victime de la mouvance de frontières en Europe centrale depuis mille ans qui pourrait de ce fait symboliser cette partie du continent comme le suggère l’ouvrage Microcosm. Portrait of a Central European City que lui ont consacré deux historiens britanniques, Norman Davies et Roger Moorhouse, disponible en anglais, polonais depuis 2002. La traduction en allemand porte le titre significatif: Die Blume Europas. Breslau-Wrocław (La fleur de l'Europe), faisant référence à Nicolas Henelius (Henel von Hennenfeld), juriste et historien vratislavien qui étudia à partir de 1600 le droit, la médecine et la philosophie à Iéna et Bâle puis entreprit un voyage, entre 1610-1611, en Rhénanie, Provinces Unies, France et Italie du Nord. Depuis 2013, il existe la traduction en français.
Comme prétendent ces auteurs, Wrocław que nous proposons de nommer comme autrefois Vratislavie, qui est aujourd'hui la capitale de la Basse Silésie polonaise, représente et réunit un ensemble de patrimoine artistique, et plus particulièrement architectural. Il  est le résultat de l’appartenance successive de la ville aux États dominant la région sans oublier les spécificités locales et régionales propres. Son histoire mouvementée et ses acteurs ont créé un ensemble urbanistique qui mérite, comme disaient autrefois les Guides bleus, le détour.
Il est vrai que, pour les Français, visiter la Pologne a été pendant longtemps un tour classique se réduisant à Cracovie, Varsovie et Poznań éventuellement quant aux grandes villes de la patrie de Chopin. C’est une Pologne romantique et souffrante que l’on voulait voir, une Pologne d’autrefois mais laquelle? Celle, indépendante encore au XVIIIe siècle qui a donné la reine Marie Leszczyńska, celle du XIXe qui s’est soulevée contre les Russes par deux fois (1830 et 1863) ou encore celle de l’entre-deux-guerre, alliée de la France mais où l’on ne pouvait plus visiter deux autres villes-phares de la culture polonaise (Lwów-Lemberg ou Léopol comme on disait encore au XVIIIe et Wilno) passées sous la férule soviétique?
De fait on ne visitait que la Pologne imaginaire et/ou proposée par le régime communiste. Les Occidentaux n’ont pas voulu accepter mentalement le déplacement des frontières polonaises à l’ouest suite à la conférence de Potsdam et le pouvoir communiste semblait faire ignorer les territoires acquis au dépens de l’Allemagne comme s’il avait honte de présenter cette nouvelle Pologne pourtant si différente des clichés et les Français nés avant la guerre continuaient à utiliser les noms allemands de ces villes. Dantzig ("on n'allait pas mourrir pour ...") disait quelque chose à l’oreille mais Gdańsk semblait imprononçable. Stettin ("De Stettin sur la Baltique à Trieste sur l'Adriatique ..." Churchill), Breslau (il y a bien une rue à Paris portant ce nom) n’existaient tout simplement pas dans l’espace imaginaire des Français en tant que villes polonaises car il fallait lire (était-ce possible?) dans les atlas et les dictionnaires, pourtant en caractères latins, les noms de Szczecin, Wrocław.
Le passé allemand de ces villes a été effacé par le pouvoir communiste, oublié par les habitants traumatisés par la guerre et les déplacements, venus construire un nouveau régime, une nouvelle vie. Suite à la chute du communisme et la fin de la Guerre froide les langues se sont déliées, les archives se sont ouvertes. Les jeunes générations ont eu la curiosité voire le besoin de savoir le passé des lieux qu’elles habitent. De jeunes chercheurs ou des amoureux de leurs villes ont commencé à découvrir et faire connaître aux autres ce passé occulté, et souvent sans complexe, ils se sont approprié l’ensemble du passé y compris celui si honni, prussien voire nazi (ainsi le bureau de tourisme propose une excursion dans la ville de 3h30 intitulée «Les Nazis à Breslau»). C’est comme si les Français d’Alsace-Lorraine avaient remis en valeur les périodes entre 1870 et 1918 et 1940 et 1945 à Strasbourg ou Metz. Les villes polonaises ont entamé l’immense travail de restauration de leur patrimoine grâce au changement de régime mais aussi grâce aux fonds européens puisque la Pologne est devenue, en 2004, membre de l’Union. De 2014 à 2020 le montant des fonds européens de revitalisation de villes s’élèvera à 25 milliards de zloty (6 milliards d’euro) ce qui promet la poursuite de travaux de restauration du patrimoine détruit ou ravagé à la fin de la Deuxième Guerre mondiale (cf. Festung Breslau) ou de la politique communiste de l'après-guerre (un chapitre y sera consacré).
En 2009 le ministre polonais de la Culture et du Patrimoine national a lancé le concours de candidature de la Capitale européenne de la culture pour 2016. Onze villes ont répondu dont Varsovie et c’est Wrocław qui a remporté la compétition en juin 2011 alors qu’en Espagne c’est la ville de San Sebastian. En 2012 est née l’institution officielle responsable de préparatifs de cet événement annuel qui est le résultat de la fusion du Centrum Sztuki IMPART (Centre de l’art IMPART, entreprise organisatrice des événements artistiques de la ville) et du Bureau Wrocław 2016.



Aéroport international Nicolas Copernic



Gare centrale de chemins de fer




Aujourd'hui

La vieille ville est presque complètement restaurée, ses monuments préservés. Le dernier exemple de cette politique de restauration est la chapelle baroque, mausolée de l'abbé des Norbertins (ou Prémontrés), Ferdinand von Hochberg, de l'église gothique Saint-Vincent (place Biskupa Nankiera) qui était restée fermée depuis 1945 dans un état de délabrement criant. Suite à onze ans de travaux, les conservateurs l'ont rendue au public en mai 2013.
La capitale silésienne est une ville européenne où se côtoient les styles architecturaux en relation avec les aires politiques et culturelles auxquelles est associée son histoire. Le style gothique de Wrocław est typiquement silésien, son style baroque lui vient de l'époque des Habsbourg d'Autriche (Fischer von Erlach, Christoph Tausch), et Wrocław possède encore quelques édifices bâtis par les modernistes allemands, comme Hans Poelzig ou Max Berg. Sa halle du Centenaire (all. Jahrhunderthalle - pol. Hala Stulecia) en est un bon exemple parmi les plus importants. Elle a été inscrite sur la liste des monuments du patrimoine mondial de l'UNESCO en 2006.




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