Né le 4 mars 1634 à Łyszczyce (l'actuelle Biélorussie). En tant que fils cadet, il fut destiné par la famille à l'ordre des Jésuites, dans lequel il se consacra pendant huit ans à une étude approfondie et étalée de nombreux domaines : de la philosophie, la logique, la rhétorique et la physique jusqu’à la théologie. Il fit ses études à Cracovie, Kalisz et Léopol.
Cependant, il quitta
le couvent avant le mariage et s'installa au manoir familial. Sa jeunesse se
déroula pendant le Déluge suédois. Lorsque Łyszczyński avait 20 ans, Moscou
envoya deux armées contre la Pologne : la première (100 000 hommes) occupait les
terres du Grand-Duché de Lituanie, la seconde (40 000) - l'Ukraine. Ensuite,
les Suédois sont entrés en Pologne sous la direction du roi Charles X Gustav,
et peu de temps après, la Pologne fut envahie par le prince de Transylvanie
Georges II Ràkoczy avec l'armée hongroise. Il se révéla un soldat dévoué et ses
exploits furent reconnues par le roi Jean III Sobieski, lui-même. Ses mérites
militaires pour la défense de la patrie sont confirmés par un document trouvé
dans les archives biélorusses signé par le roi.
Il fut également député
à plusieurs reprises et juge au tribunal local de Brest-Litovsk.
Dénoncé par un
voisin, Jan Kazimierz Brzoska (stolnik de Bracław à l'époque), qui -
ne voulant pas rendre la grosse somme d'argent prêtée par
Łyszczyński - vola et remis le manuscrit de l'œuvre au tribunal. L’auteur du
traité commença sa rédaction en 1674.
L'argument suprême
de l'origine humaine de la religion était, selon lui, la présence de nombreuses sectes et
groupes religieux. Sur cette base, un ministère public fut engagé devant la
commission de la Diète extraordinaire tenue à Varsovie du 17 novembre 1688 au
1er avril 1689, sous la présidence de Stanisław Szczuka). Le procureur Szymon
Kurowicz Zabistowski (selon Adryan Krzyżanowski) l’accusa également de
reconnaître le mariage comme étant purement civil (non sacramentel) et de ne
pas respecter l'interdiction des mariages consanguin. Pendant le procès,
Kazimierz Łyszczyński nia son athéisme et affirma que dans la prochaine partie
du traité, il devait réfuter les arguments pour la non-existence de Dieu. Ses
explications ne furent pas entendues. Il ne demanda pas pardon, mais s’adressa
au roi Jean III Sobieski qu'il commutât la punition d'être brûlé vif en décapitation
avec l'épée.
Il fut condamné à
mort et à la confiscation de biens pour athéisme, tandis que la peine fut officiellement
prononcée pour insulte à la majesté royale, ce qui ne rencontra pas la protestation
de Jean III Sobieski. Le verdict fut rendu avant midi sur la place du marché de
Varsovie le 30 mars 1689, où le bourreau coupa la tête de Łyszczyński. Après
l'exécution, son corps fut emmené hors de la ville et brûlé. Le récit de
l'évêque de Kiev, Andrzej Chryzostom Załuski, dépeint l'exécution différemment
: il fut emmené au lieu d'exécution et cruellement
maltraité, sa langue coupée car elle offensa cruellement Dieu. Puis sa main,
qui était l'outil de son œuvre la plus terrible, fut tranchée et brûlée, ses
papiers pleins de blasphèmes furent également brûlés, et finalement, lui, le
monstre, fut consumé par des flammes qui devaient supplier Dieu, si Dieu
pouvait être supplié pour de tels abus.
Kazimierz Łyszczyński est l'un des grands esprits de son époque est oublié en Pologne et pratiquement inconnu dans le monde.
Voici ses principales thèses d’après son acte d’accusation.
I. "Nous vous conjurons, théologiens, sur votre Dieu, n'éteigniez-vous pas ainsi la Lumière de la Raison, n'éloigniez-vous pas le soleil du monde ou n'attiriez-vous pas votre Dieu du ciel lorsque vous attribuez à Dieu des choses impossibles, des attributs et des termes qui se contredisent".
II. "L'homme est le créateur de Dieu et Dieu est la création et l'œuvre de l'homme. Ainsi, les hommes sont les inventeurs et les créateurs de Dieu, et Dieu n'est pas un être réel, mais un être existant uniquement dans l'esprit, et en même temps un être chimérique, parce que Dieu et la chimère sont identiques. "
III. La religion a été établie par des hommes sans religion afin qu’il soit adoré bien qu'il n'y ait pas de Dieu. La piété a été introduite par les impies. La crainte de Dieu est répandue par ceux sans crainte de sorte qu’ils soient craints. La foi dite divine est une invention humaine. La doctrine, logique ou philosophique, qui se vante d'enseigner la vérité sur Dieu est fausse, et au contraire, celle qui a été condamnée comme fausse est la plus vraie.
IV. Le petit peuple est trompé par les plus sages l’invention de la foi en Dieu pour son oppression ; la même oppression, cependant, est défendue par le peuple de telle manière que si les sages voulaient libérer le peuple de cette oppression, ils seraient réprimés par le peuple lui-même.
V. Cependant, nous n'éprouvons en nous ni en personne d'autre un tel commandement de la raison qui nous assurerait de la vérité de la révélation divine. (...) Mais il y a même ceux qui nient la révélation, et ce ne sont pas des imbéciles, mais des sages qui, par un raisonnement correct, prouvent le contraire, exactement ce que je prouve. Donc Dieu n'existe pas.
Sur la base des fragments conservés, ainsi que d'autres sources historiques contenant des références au traité, on peut conclure qu'il s'agissait d'un traité de haute valeur philosophique, qui étonne par sa modernité et sa rapidité. Selon l'opinion d’Andrzej Nowicki, le plus grand expert de Łyszczyński, son travail a couvert les domaines de la philosophie suivants :
1. Ontologie, dont la catégorie centrale est la nature éternelle. Pour Łyszczyński, tous les phénomènes sont naturels, il n'y a pas de place dans sa philosophie pour les miracles ou les phénomènes surnaturels.
2. Philosophie du langage. Pour Łyszczyński, il y a des concepts qui ne signifient aucune entité existante, ils sont "chimériques" car l'existence de telles entités est impossible et elles ne peuvent être conçues.
3. Anthropologie philosophique. L'homme en tant que "créateur" : l'homme n'a pas été créé par Dieu, au contraire, Dieu a été créé par l'homme.
4. Axiologie, dans laquelle les valeurs négatives les plus importantes sont « l’oppression » et le « mensonge », qui sont des outils d'oppression, tandis que les valeurs positives sont la « vérité » et la « libération de l’oppression ».
5. Critique athée de la religion. C'est une critique qui nie l'existence du diable, des miracles, de la providence ; rejette les ordres religieux et les interdictions et révèle la fonction sociale de la religion.
6. Utopie socio-politique. Łyszczyński expose la vision d'une société sans « oppresseurs » (seigneurs, juges, clergé) ; une société basée sur la vérité et libérée de l'oppression.
Selon Andrzej Nowicki : "L'athéisme de Łyszczyński n'était pas un anticléricalisme
primitif, mais basé sur des études solides de la connaissance avec une base philosophique. C'était l'un des plus grands esprits de la Pologne du XVIIe siècle. Łyszczyński a une position unique dans l'histoire de la pensée athée. Il a d'abord utilisé la catégorie "nous, athées"
(Nos Athei ita demonstramus, non est Deus-" nous athées disons que Dieu n'existe pas "). "Des centaines de traités ont été écrits sur l'existence de Dieu. À propos de la non-existence - un seul en Pologne. Selon Nowicki, "le souvenir de la sinistre
exécution ne doit pas cacher quelque chose de beaucoup plus important pour nous
: les valeurs apportées par Łyszczyński à la culture polonaise, car il était un
penseur indépendant et audacieux. Sa pensée revêt une importance particulière
pour les athées polonais, car les études sur ses réalisations nous convainquent
de l'existence des traditions polonaises propres de notre athéisme. "
"Alors Dieu n'existe pas" - ces mots mirent fin au traité brûlé il y a 330 ans avec son auteur.
Le verdict était considéré à l'époque comme draconien par la noblesse et, comme l'écrit Seweryn Uruski, même le pape Innocent XI le condamna (il envoya une lettre à Jean III exprimant son indignation pour un tel verdict).
Il est temps, cependant, de lui rendre justice historique et de le laisser prendre la place qui lui revient parmi les philosophes de son temps, tels que Cesare Giulio Vanini ou Giordano Bruno.
Kazimierz Łyszczyński fut un penseur trop en avance sur son temps. Il est temps, cependant, de lui rendre justice historique et de le laisser prendre la place qui lui revient parmi les philosophes de son temps, tels que Cesare Giulio Vanini ou Giordano Bruno.
Łyszczyński fut aussi un précurseur des mariages civils que les Polonais ont attendu jusqu'au XXe siècle".
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