Rappel : La
Pologne disparut à la fin du XVIIIe siècle lors des trois partages: en 1772,
1793 et 1795. Elle fut démembrée par ses trois voisins: la
Prusse, l’Autriche et la Russie. Elle fut ressuscitée par Napoléon
dans un éphémère Grand Duché de Varsovie de 1807 à 1814. Le
congrès de Vienne (1814-15) plaça l’essentiel de la Pologne sous
le contrôle russe. Les Polonais se révoltèrent
contre l’occupant russe en 1830 et en 1863 ce qui explique la présence d’exilés en
particulier en France dont les plus connus furent Frédéric Chopin, Adam Mickiewicz
et Marie Skłodowska-Curie. Les occupants, surtout les Russes et les Allemands, allèrent jusqu’à
nier, à la fin de cette période, l’existence d’une culture polonaise.
Pour
les Polonais, la Première Guerre mondiale était « la leur » dans la
mesure où elle allait mener à la reconstruction de l’État polonais
après 123 ans de disparition. Mais ce souvenir éclipse deux
réalités :
- D’une part, 3 500 000 Polonais participèrent aux combats dans les armées russe (1.2 million), austro-hongroise (1.4 million) ou allemande (800 000). Plus de 530 000 trouvèrent la mort: 200 000 dans l'armée russe, 220 000, dans l'armée austro-hongroise et 110 000, dans l'armée allemande.
- D’autre part, les populations civiles polonaises ne vécurent pas la guerre de la même manière selon leur région d’origine, ainsi la Posnanie et la Prusse occidentale allemandes souffrant du blocus, dans la Pologne russe sous régime d’occupation allemande dès 1915 et la Galicie autrichienne de l’occupation russe jusqu’au printemps 1915, aux représailles autrichiennes ensuite.
Jozef Pilsudski |
Mais dès avant la guerre, les Polonais se divisaient sur le parti à prendre dans un futur conflit qui éclaterait tôt ou tard :
- Pour certains, l’ennemi était d’abord la Russie, option incarnée par Józef Piłsudski, futur chef de l'État polonais. Il combattit dans l’armée austro-hongroise à la tête des Légions polonaises doublées d’une organisation secrète en Pologne russe.
- Pour d’autres, autour de Roman Dmowski, l’ennemi le plus dangereux était l’Allemagne. Le tsarisme bloqua toute constitution d’un mouvement national et il fallut attendre la révolution de février pour que fussent y créées des unités polonaises.
En
parallèle, dès 1916, les autorités allemandes reconstruisirent
avec les milieux politiques de Varsovie, les bases et les éléments
constitutifs d’un futur État polonais sous la suzeraineté allemande.
La Pologne fut recréée le 11 novembre 1918 (date symbolique mais contestable) et le traité de Versailles signé par l’Allemagne vaincue le 28 juin 1919 le confirma.
La Pologne fut recréée le 11 novembre 1918 (date symbolique mais contestable) et le traité de Versailles signé par l’Allemagne vaincue le 28 juin 1919 le confirma.
1920 Bitwa Warszawska (2011)
Lors de cette bataille, Piłsudski fut conseillé par le général français Weygand et par la mission militaire française avec, entre autres, le capitaine de Gaulle.
En
fin de compte, ce fut la mémoire des Légions qui l’emporta
surtout après que Piłsudski eut repris le pouvoir en 1926, manipulant à
sa guise la mémoire de la guerre jusqu’à sa mort en 1935 et profitant du prestige militaire que lui conféraient ses victoires et
son grade de maréchal.
Aujourd’hui,
la mémoire de cette guerre est éclipsée en Pologne par celle de la
Seconde Guerre mondiale comme elle fut par le régime communiste de 1945 à 1989.
Peu
de lieux de mémoire de cette guerre même si le 6 août commémore
la départ héroïque du village d’Oleandry des Légions polonaises aurait pu en donner un sens.
Les
lieux des combats les plus importants sont aujourd’hui hors de
Pologne et ne sont plus que des souvenirs hors de toute référence
spatiale. Pourtant depuis quelques années, des associations polonaises prennent soin des cimetières en honorant ainsi les "poilus" des trois empires disparus, quelque soit leur nationalité, morts lors des combats sur le front de l'Est.
Cimetières de la Galicie occidentale (Sud-Est de la Pologne)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire