La société polonaise vivant dans les trois ensembles distincts, résultant des partages de la Pologne à la fin du XVIIIe siècle, se positionnait différemment face à la puissance occupante à laquelle une partie éclairée et instruite de celle-là pouvait s'accommoder voire accepter cette domination.
Dans la partie russe
Suite aux échecs des insurrections de 1830 et de 1863 le courant positiviste remporte sur la vision romantique surtout dans la 2e moitié du XIXe siècle. Il est représenté par les intellectuels comme Aleksander Świętochowski, Eliza Orzeszkowa, Henryk Sienkiewicz, Bolesław Prus, Piotr Chmielowski, Julian Ochorowicz.
La
noblesse dominante dans les campagnes fut sanctionnée après
l'Insurrection de janvier 1863 (confiscations et déportations en Sibérie)
pour sa participation, et atteinte économiquement par la suppression
du servage en 1861. La bourgeoisie dans les villes dominée par
l'élément juif et allemand profita du développement économique de
l'Empire et réalisa une partie du programme positiviste appelé
«travail organique de base» c'est-à-dire instruire et élever le
niveau d'éducation de la population contre la russification. C'est
par le biais économique que le niveau d'instruction devait
s'accroître et s'élargir à l'ensemble de la société paysanne
majoritaire encore et analphabète. Et c'est essentiellement dans ces
deux premières classes sociales que naquirent les principaux
courants politiques spécifiques dans la partie russe mais aussi dans
les deux autres parties, chacune avec une particularité: dans
l'empire allemand le combat contre la germanisation et dans la
Galicie, la plus libérale, le combat pour le maintien de la
domination polonaise sur l'élément ukrainien, source de tensions
dans la partie orientale.
Felicjan Szczęsny Kowarski, Proletariat
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Felicjan Szczęsny Kowarski, Proletariat
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Felicjan Szczęsny Kowarski, "Proletariat", tableau réalisé en 1948
Le
développement du capitalisme provoqua la naissance des courants
politiques critiques et qui le remettaient en question. Les
idéologies positivistes et socialistes fournirent les terreaux à la
création de partis politiques dont les bases idéologiques étaient
le socialisme et le marxisme. En 1882 fut fondé, à Varsovie par
Ludwik Waryński, le
Proletariat
dont
le premier congrès se déroula l'année suivante à Wilno (Vilnius aujourd'hui). Ses
dirigeants, qui essayaient d'adopter les principes du marxisme aux
conditions spécifiques polonaises, furent poursuivis et condamnés
par les autorités russes. En 1889, Julian Marchlewski, Jan Leder,
Henryk Wilkoszewski furent les principaux fondateurs de l'Alliance
des Travailleurs Polonais,
représentant l'aile gauche du socialisme. En 1892, à Wilno fut
créée l'Alliance
des Travailleurs Lituaniens,
dirigée par Félix Dzerjinski sur le même modèle. Ces deux branches
permirent
la création de
la Social-démocratie
du Royaume de Pologne et de Lituanie
(SDKPiL) dont les membres refusèrent les revendications nationalistes du
Parti Socialiste Polonais (PPS),
fondé en 1892 à Paris et présidé par Bolesław Limanowski. Le SDKPiL
fonctionnait comme une section autonome de la
Social-démocratie russe. Sa
principale théoricienne était Rosa Luxemburg et parmi les autres
personnalités connues on trouvait Leo Jogisches (Leon Tyszka),
Julian Marchlewski, Adolf Warszawski ou Feliks Dzierżyński
(Dzerjinski) ainsi que son épouse Zofia Muszkat, Józef Unszlicht ou
encore Karol Radek ainsi que Jakub Hanecki, tous futurs communistes
(Spartakistes ou Bolcheviks), beaucoup ayant les origines juives et
représentant la vision internationaliste (la future victoire de la
révolution allait supprimer la question de frontières et le
problème de nationalités), contraire aux aspirations nationales et
terriennes de la majorité de la classe politique polonaise. Ce parti
participa, dès le 26 janvier 1905 en organisant la grève
générale en Pologne sous domination russe, à la crise
révolutionnaire que connut la Russie pendant plusieurs mois.
Zofia Muszkat et Félix Dzierjinski (mariés en 1910 à l'église St Nicolas à Cracovie) ici en 1923, environs de Moscou
Les courants plus traditionalistes proposaient, dans la période précédant la Guerre, deux options de l'avenir de la Pologne. L'orientation pro-russe était dominée par le Parti national-démocrate (ND), fondé à Varsovie en 1897 et issu de la Ligue nationale polonaise, dont le chef et principal idéologue était Roman Dmowski. En 1908 il publia l'ouvrage intitulé Allemagne, Russie et la question polonaise dans lequel il avançait l'idée selon laquelle le principal ennemi de la Pologne était l'Allemagne et par conséquent en cas de conflit il fallait appuyer la Russie, plus faible que l'Allemagne, et dont la défaite permettrait l'agrandissement du royaume du Congrès aux territoires polonais occupés par la Prusse et l'Autriche depuis 1815. Il estimait que l'autonomie au sein de l'Empire russe pouvait être une étape vers l'indépendance totale.
Suite
à l'échec de la révolution de 1905, en avril 1906 les élections à la Douma (478 députés) furent un triomphe pour le parti national démocrate, qui
enleva les 36 sièges du « pays de la Vistule » (nom que les Russes donnèrent au Royaume du Congrès après l'insurrection de 1863),
auxquels s’ajoutaient 20 sièges de Lituanie et des provinces
ruthènes (Volhynie), mais l’Assemblée fut dissoute en juillet.
Les députés polonais demeurèrent nombreux dans la deuxième Douma de
1907 (518 députés dont 46 polonais) mais ils ne seront que 18 dans la troisième, issue de la
réforme du code électoral.
Dans la partie autrichienne
Les partisans de l'autre option voyaient en Autriche-Hongrie l'espoir de la renaissance de la Pologne. Ils se recrutaient dans la jeunesse radicale, la bourgeoisie et les militants du parti paysan galicien dont le représentant le plus connu était Wincenty Witos (futur homme politique important de la Pologne indépendante). En parallèle en 1881 fut créé à Lemberg (Lwów/Léopol) le Parti ouvrier galicien et en 1893, le Parti ouvrier polonais.
Certains
espéraient que les Polonais devinssent le troisième élément de la
monarchie bicéphale (camp trialiste) et d'autres ne voyaient en
Autriche qu'une puissance, la plus faible des trois, mais aux côtés
de laquelle il fallait créer des forces militaires polonaises qui se
battraient, une fois la guerre finie, pour l'indépendance (camp
indépendantiste). Ce n'était qu'une question tactique (par ailleurs
l'idée de la monarchie trialiste était rejetée par les Hongrois).
Leur
principal représentant était Józef Piłsudski, chef du
PPS-Fraction
révolutionnaire,
issu de la scission au sein du Parti socialiste polonais en 1906. Ses
membres avaient fondé en 1905 l'Organisation
conspirationnelle
de
combat
qui, après l'échec de la révolution russe, transféra ses
activités en Galicie et dont les membres créèrent en 1908 l'Union
du combat actif (ZWC)
dirigée par Józef Piłsudski, Kazimierz Sosnkowski i Marian Kukiel. Juste avant l'éclatement de la guerre, avec l'accord tacite
des autorités autrichiennes, l'Union contribua à la formation des
organisations à caractère para-militaire (francs-tireurs) en
Galicie occidentale et orientale et dont Józef Piłsudski fut
nommé le commandant général.
En
1912 fut créé l’État-major
militaire polonais
dont la fonction principale était de rechercher des fonds pour
l'activité militaire. Au même moment (en novembre) apparut la Commission
provisoire des partis indépendantistes confédérés dans
laquelle entrèrent le PPS-Fraction
révolutionnaire,
le Parti
national ouvrier,
le Parti
national paysan du Royaume du Congrès,
le Parti
social-démocrate de la Galicie et de la Silésie de Cieszyn (autrichienne),
le
Parti
paysan et
le
Parti du progrès de
Galicie. Tous étaient partisans du combat contre la Russie. Un an plus tard la Commission devint permanente.
La
seule représentation politique des habitants de ces territoires
était le Landtag (Diète locale) de Galicie et Lodomérie, élu au
suffrage censitaire restreint et qui était dominé par les
représentants de l'aristocratie polonaise conservatrice, mais on y
trouvait aussi des députés paysans, polonais comme Wincenty Witos et
ukrainiens.
Les relations entre les conservateurs et la Commission étaient tendues et en partie soumises au jeu des autorités militaires autrichiennes qui étaient prêtes à utiliser Piłsudski et ses bataillons pour les besoins d'espionnage et de diversion mais lui refusaient toute la portée politique de son action. Elles lui préféraient les conservateurs auxquels elles étaient habituées depuis longtemps dans la gestion de la province. L'aristocratie polonaise se méfiait du "socialiste" soutenu par les partis de gauche et n'avait pas vu les changements survenus depuis quelque temps dans la représentation politique et ne prenait pas en compte les aspirations de la jeunesse engagée dans la cause nationale. Ce qui unissait néanmoins ces deux groupes opposés, c'étaient l'ennemi commun, la Russie et, par conséquent, l'orientation pro-autrichienne comme solution à la question de l'indépendance, partielle pour les uns et totale pour les autres.
Les relations entre les conservateurs et la Commission étaient tendues et en partie soumises au jeu des autorités militaires autrichiennes qui étaient prêtes à utiliser Piłsudski et ses bataillons pour les besoins d'espionnage et de diversion mais lui refusaient toute la portée politique de son action. Elles lui préféraient les conservateurs auxquels elles étaient habituées depuis longtemps dans la gestion de la province. L'aristocratie polonaise se méfiait du "socialiste" soutenu par les partis de gauche et n'avait pas vu les changements survenus depuis quelque temps dans la représentation politique et ne prenait pas en compte les aspirations de la jeunesse engagée dans la cause nationale. Ce qui unissait néanmoins ces deux groupes opposés, c'étaient l'ennemi commun, la Russie et, par conséquent, l'orientation pro-autrichienne comme solution à la question de l'indépendance, partielle pour les uns et totale pour les autres.
Dans la partie prussienne
Dans le royaume de Prusse naquit, en 1893, le Parti socialiste polonais en Prusse (Polnische Sozialistische Partei in Preußen) - parti ouvrier issu des organisations socialistes polonaises fonctionnant en Allemagne, fondé à Berlin et lié au SPD pour des questions financières et électorales, et collaborant avec les sociaux-démocrates polonais en Pologne russe, en Galicie et Silésie de Teschen/Cieszyn et ceux de l'étranger. Son activité se limita à partir de 1900 à la Haute-Silésie et au reste de l'Allemagne au sein de la classe ouvrière polonaise immigrée. Son but était la naissance de l’État polonais indépendant et démocratique. La rupture d'avec le SPD fut consommée définitivement en décembre 1913.
Le
parti national-démocratique (ND) commença à y développer son
activité à la fin du XIXe, d'abord en Haute-Silésie puis en
Posnanie. Il s'agissait d'activité plutôt individuelle et dans les
milieux choisis. Les nationalistes n'étaient pas, au début, partisans de la
participation politique aux parlements des occupants. En 1904 on créa
une branche clandestine qui fut officialisée en 1909 avec Bernard Chrzanowski
à sa tête et ses membres participèrent dorénavant aux campagnes électorales.
Ils mettaient en avant la particularité nationale, la possibilité
d'activité sociale la plus large possible et l'égalité électorale
au nom de la solidarité nationale. Ils rejetaient l'idée de
coalition avec les partis allemands, libéraux ou
chrétiens-démocrates. Les suffrages électoraux illustraient bien
cette inégalité, au Landtag prussien car la Posnanie envoyait 29
députés dont seulement 9 polonais en 1908 et 1913 alors qu'au
Reichstag le compte s'inversait en 1898, 1903, 1908 et 1913, à
savoir sur 15 députés, 11 étaient polonais. Les nationalistes
polonais menaient une politique prudente sans faire appel aux
manifestations de rue et utilisaient le forum parlementaire prussien
pour dénoncer le scrutin inégalitaire en place et où ils
trouvaient un allié objectif, le SDP.
Wociech Korfanty fut une personnalité emblématique de la classe politique polonaise issue des milieux modestes dans les territoires prussiens. Fils de mineur, il termina l'école populaire, poursuivit ses études secondaires tout en commençant son activité afin de propager la culture polonaise. Il entama les études à l’École polytechnique à Charlottenbourg puis la philosophie à l'université de Breslau (Wrocław aujourd'hui) tout en travaillant, pour les finir à Berlin en 1901 à l'âge de 22 ans. Devenu président de la Société gymnastique « Faucon » à Wadowice. ( 3e société fondée en Haute-Silésie sur le modèle de la sœur aînée tchèque de Miroslav Tyrš, et développée d'abord en Galicie dès 1867 pour sa sœur polonaise).
Faucon (Sokół en polonais), Zakopane (Galicie)
Il fut proche d'abord
du Cercle polonais alors que les Silésiens étaient liés au parti
chrétien-démocrate, Zentrum,
il
devint député au Landtag (1903-1918) et au Reichstag (1903-1912).
L'éclatement
du conflit permettait aux hommes politiques polonais de reprendre
leurs revendications nationales qui, au fur et à mesure des
changements de la situation sur le front de l'Est, devenaient
crédibles à leurs yeux car les puissances belligérantes
ressentaient le besoin d'associer l'ensemble de la classe politique,
au nom de l'Union nationale, aux objectifs urgents de la guerre. Le
problème était complexe et difficile à résoudre étant donné le
caractère multinational des empires russe et austro-hongrois en
particulier mais même l'Allemagne ne pouvait s'assurer totalement de
la fidélité de ses habitants slaves et encore moins de ceux qui,
suite à l'avancée de ses armées à l'Est, se trouvèrent sous
l'occupation des puissances centrales.
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