Vratislavie (Bressla): Chronique du monde d'Anton Koberger (Nuremberg 1493)
Panorama de la ville au XVIIe siècle
La visite à pied de cet ensemble peut prendre 1 à 2 voire 3 journées en fonction de vos intérêts et de votre forme physique. Une option à vélo est possible car la municipalité a crée le système de location (Wrocławski Rower Miejski ou WRM : https://wroclawskirower.pl/en) qui propose plus de 70 stations à travers la ville. Mais il existe aussi d'autres points de location privés comme par exemple le Bike-Café, ouvert de 9h à 1h du matin (ulica świętego Antoniego 8) dans le Quartier des quatre temples (http://dzielnica4wyznan.info.pl/bike-cafe/).
La numérotation dans les rues de la Vieille-Ville peut vous dérouter car elle fonctionne comme l'écriture boustrophédon, un système qui change alternativement le sens du tracé ligne après ligne, à la manière du bœuf marquant les sillons dans un champ, allant de droite à gauche puis de gauche à droite. Donc les numéros se suivent sur le même trottoir qu'ils soient pairs ou impairs jusqu'au bout puis en reviennent sur le trottoir opposé.
Vratislavie perdit ses fortifications
suite à sa prise par les troupes napoléoniennes. C’est lors de la
campagne d’hiver en Pologne que Napoléon rencontra le 1er janvier
1807 à Varsovie, la comtesse Marie Walewska venue acclamer
l'Empereur avec ses compatriotes (l’idylle donna naissance à un
fils, reconnu par le mari cocu, qui allait jouer un rôle politique
en France). Pendant ce temps-là un corps d’armée, commandé par
le prince Jérôme et le général Vandamme et composé de soldats
bavarois, wurtembergeois et polonais, assiégeait la ville depuis le
6 décembre. Défendue par le général Thile qui commandait une
garnison composée aussi de Polonais de Posnanie en grande partie (!),
elle capitula le 5 janvier et le frère de l’Empereur ordonna la
destruction de l’enceinte qui garde encore quelques traces. Les
fossés municipaux malgré quelques modifications postérieures
reprennent cette frontière à l’intérieur de laquelle tout peut se
visiter à pied. La décision française créa un espace vide et
permit le développement postérieur de la ville (de la taille de
Strasbourg à l'époque), au-delà de cette ligne, vers les faubourgs
qui avaient été détruits par les bombes incendiaires sur l’ordre
du général prussien afin de dégager un espace de tir libre avant
le siège. Le long du fossé, à la place des murs, on a créé une
ceinture verte, une agréable promenade qui peut être parcourue
aussi à vélo.
La place centrale de ce riche ensemble
historique et architectural est le Rynek dont le nom, en usage depuis
1350, découle de l’allemand Ring (anneau). Il s’agit d’un
rectangle de 207 sur 172 mètres (c’est la 2e place du marché en
Pologne après celle de Cracovie) qui communique au sud-ouest, avec
une autre place, le Marché au sel (Plac Solny) et au nord-ouest avec
l’esplanade de l’église sainte Élisabeth à laquelle on accède
par le portail bordé de deux petites maisons, Jaś et Małgosia
(Jeannot et Margot), datant du XVe (le nom actuel a été donné par
les nouveaux venus polonais car elles leur évoquaient le conte de
Grimm). Les maisonnettes transformées au XVIe et
appartenaient aux altaristes de l’église (membres du bas clergé,
attachés au service de culte dans les autels latéraux) devant
laquelle se situait un cimetière. Le portail baroque le rappelle avec l’inscription en latin
Mors Ianua Vitae (la mort est la porte de la vie).
Le Rynek est le cœur battant de la ville, lieu de sortie, de rencontre, de toutes sortes de manifestations. Un nœud de communication jusqu’aux années 1970, (les tramways y circulaient), rendu par la suite aux piétions et cyclistes, il propose des services administratifs, culturels, commerciaux, bancaires, postaux, et touristiques. On y trouve des cafés, brasseries et restaurants qui possèdent des jardins à l’air libre. Souvent animé voire bruyant c’est un point d’observation de Vratislaviens et de nombreux touristes dont la majorité vient des pays germaniques (certains ont des liens familiaux avec la Breslau allemande).
Au Moyen âge s'y tenaient les différents marchés: aux Poissons (devant l'ancienne entrée de l'Hôtel de ville, à l'est), à la Laine où l'on stockait aussi des marchandises en transit et organisait les foires (à l'ouest), aux Gourmandises (au nord) où l'on vendait des fruits et sucreries mais aussi de la coutellerie, de la viande, du pain et de la graisse animale. A l'est se tenaient aussi les étals de gantiers, chapeliers, faiseurs de peignes et marchands de gibier. Au XVIe siècle le passage entre les halles aux draps fut couvert (aujourd'hui le Nouvel Hôtel de ville qui occupe aussi l'emplacement de la Maison de la Petite balance transformée ensuite en Maison des marchands de toile).
A la fin du XVIIIe on construisit, devant l'actuelle entrée de l'Hôtel de ville, le bâtiment des vigiles (Hauptwache). Il fut détruit en1861 pour céder la place à la statue du roi Frédéric-Guillaume III (actuellement la statue d'Alexaner Fredro. Plus vers le nord-ouest, à l'emplacement de la Maison de la Grande balance (marché aux Poissons) se dressait à partir de 1847 la statue du grand Fritz (Frédéric II, cf. l'illustration). La statue fut cachée en 1944 dans la digue d'Osobowice (arrondissement de Psie Pole, Champ de chien en polonais) où elle survécut au siège de Breslau. Mais en 1947 elle fut victime de trois employés d'une coopérative qui s'occupait de la collecte de métaux. Ils vendirent la statue à une fonderie de cloches pour la valeur d'une tonne et demi de sucre (matière rationnée à l'époque et nécessaire pour fabriquer du tord-boyaux maison).
Angle nord-ouest de la place avec les maisonnettes devant l'église sainte Élisabeth. 1870-79
1927-1933.La maison d'angle (côté ouest) a été remplacée par le magasin Ludwig Wittemberg & Co. La maisonnette d'altaristes à gauche a perdu sa voisine.
Jaś et
Małgosia 1945-1955
1969-1975
La maisonnette Jaś fut
l'atelier du graphiste et sculpteur, Eugeniusz Get-Stankiewicz qui
l'avait restaurée contre un loyer symbolique d'un grosz (centime de
zloty). Elle est devenu la Maison du graveur sur cuivre. Sa sœur,
Małgosia, est devenue le siège de l'Association des amis de
Vratislavie (à l'intérieur un pub et un restaurant). Sur un des
murs du côté de l'église vous pouvez observer un bas-relief
représentant un crucifix décomposé en Christ, une croix vide, un
marteau et trois clous et une inscription « Fais-le toi-même ».
Derrière les maisonnettes, on a dressé, après la réunification de l'Allemagne, un monument en l'honneur de Dietrich Bonhoeffer, pasteur luthérien, originaire de la ville et grande figure de l'opposition aux nazis, assassiné dans le camp de concentration de Flossenbürg. C'est une réplique de celui qui a été dressé à Berlin, devant l'église de Sion, après la chute du Mur. Son auteur, Karl Biedermann, a été l'opposant dans la RDA dont les autorités avaient refusé la sculpture. Sa sculpture ici est tout un symbole de la réconciliation germano-polonaise.
Derrière les maisonnettes, on a dressé, après la réunification de l'Allemagne, un monument en l'honneur de Dietrich Bonhoeffer, pasteur luthérien, originaire de la ville et grande figure de l'opposition aux nazis, assassiné dans le camp de concentration de Flossenbürg. C'est une réplique de celui qui a été dressé à Berlin, devant l'église de Sion, après la chute du Mur. Son auteur, Karl Biedermann, a été l'opposant dans la RDA dont les autorités avaient refusé la sculpture. Sa sculpture ici est tout un symbole de la réconciliation germano-polonaise.
Le Rynek est le cœur battant de la ville, lieu de sortie, de rencontre, de toutes sortes de manifestations. Un nœud de communication jusqu’aux années 1970, (les tramways y circulaient), rendu par la suite aux piétions et cyclistes, il propose des services administratifs, culturels, commerciaux, bancaires, postaux, et touristiques. On y trouve des cafés, brasseries et restaurants qui possèdent des jardins à l’air libre. Souvent animé voire bruyant c’est un point d’observation de Vratislaviens et de nombreux touristes dont la majorité vient des pays germaniques (certains ont des liens familiaux avec la Breslau allemande).
Plan de la place en 1275
Le Rynek (Ringk sur le document): 1562
Au Moyen âge s'y tenaient les différents marchés: aux Poissons (devant l'ancienne entrée de l'Hôtel de ville, à l'est), à la Laine où l'on stockait aussi des marchandises en transit et organisait les foires (à l'ouest), aux Gourmandises (au nord) où l'on vendait des fruits et sucreries mais aussi de la coutellerie, de la viande, du pain et de la graisse animale. A l'est se tenaient aussi les étals de gantiers, chapeliers, faiseurs de peignes et marchands de gibier. Au XVIe siècle le passage entre les halles aux draps fut couvert (aujourd'hui le Nouvel Hôtel de ville qui occupe aussi l'emplacement de la Maison de la Petite balance transformée ensuite en Maison des marchands de toile).
Situation en 1800
A la fin du XVIIIe on construisit, devant l'actuelle entrée de l'Hôtel de ville, le bâtiment des vigiles (Hauptwache). Il fut détruit en1861 pour céder la place à la statue du roi Frédéric-Guillaume III (actuellement la statue d'Alexaner Fredro. Plus vers le nord-ouest, à l'emplacement de la Maison de la Grande balance (marché aux Poissons) se dressait à partir de 1847 la statue du grand Fritz (Frédéric II, cf. l'illustration). La statue fut cachée en 1944 dans la digue d'Osobowice (arrondissement de Psie Pole, Champ de chien en polonais) où elle survécut au siège de Breslau. Mais en 1947 elle fut victime de trois employés d'une coopérative qui s'occupait de la collecte de métaux. Ils vendirent la statue à une fonderie de cloches pour la valeur d'une tonne et demi de sucre (matière rationnée à l'époque et nécessaire pour fabriquer du tord-boyaux maison).
Vue de la place en 1915 (au fond le magasin des frères Barasch avec le globe détruit par la foudre plus tard)
Durant le XIXe siècle et
jusqu’aux années 1930, la place perdit la moitié de ses vieilles
maisons bourgeoises au profit des constructions modernes dont le
nouvel Hôtel de ville dans le style néo-gothique, le grand magasin
des frères Barasch (Warenhaus Gebrüder Barasch), appelé par
les habitants «cathédrale du commerce» dans le style Sécession
(magasin Feniks actuellement) sur le côté oriental ou le
bâtiment moderne construit en 1931 pour la Caisse communale
d'épargne (actuellement
Bank Zachodni WBK SA) à l'angle donnant sur la Place au sel
(sud-ouest).
Angle sud-ouest de la place (au fond l'immeuble de la Caisse d'épargne construit en 1931)
Ce
dernier bâtiment de l'architecte Heinrich Rump fut à l'époque
l'objet de beaucoup de controverses. Il choquait par son modernisme.
Épargné lors du siège, il a conservé un ascenseur original appelé
«paternoster».
Le nom lui vient de la prière qui s'effectue sur un chapelet. Il se compose d'une chaîne de cabines ouvertes dans lesquelles les passagers montent ou descendent sans que l'ascenseur s'arrête. Une fois arrivée en haut de la chaîne, chaque cabine redescend jusqu'en bas pour reprendre son ascension, sans fin dans un mouvement assez lent. Les paternoster ont été inventés en Angleterre et se sont répandus dans toute l'Europe, plus particulièrement en Europe centrale. Leur succès était dû, à l'origine, au fait qu'ils transportaient plus de personnes par unité de temps que les ascenseurs classiques. Malgré la faible vitesse (0,30 – 0,40 m/s) les ascenseurs connaissaient un taux important d'accidents. En Europe centrale, il y a cependant une tendance à les conserver en tant que monuments historiques. On en trouve à Prague dans le bâtiment de la Maison de la radio ainsi que dans l'immeuble Lucerna, au siège de la banque Komerční banka (KB) et au ministère de l'Industrie. On en trouve également un qui semble être toujours en fonction dans l'édifice abritant la mairie et la bibliothèque de l’université à Vienne. De même, il en resterait environ 350 en Allemagne. On les trouve aussi en Suisse par exemple dans le bâtiment du conservatoire de Lausanne et un autre, en fonction, dans le grand magasin Manor, à Genève (réservé aux employés), ainsi que dans le magasin de sport Vaucher dans le centre-ville de Berne.
Le nom lui vient de la prière qui s'effectue sur un chapelet. Il se compose d'une chaîne de cabines ouvertes dans lesquelles les passagers montent ou descendent sans que l'ascenseur s'arrête. Une fois arrivée en haut de la chaîne, chaque cabine redescend jusqu'en bas pour reprendre son ascension, sans fin dans un mouvement assez lent. Les paternoster ont été inventés en Angleterre et se sont répandus dans toute l'Europe, plus particulièrement en Europe centrale. Leur succès était dû, à l'origine, au fait qu'ils transportaient plus de personnes par unité de temps que les ascenseurs classiques. Malgré la faible vitesse (0,30 – 0,40 m/s) les ascenseurs connaissaient un taux important d'accidents. En Europe centrale, il y a cependant une tendance à les conserver en tant que monuments historiques. On en trouve à Prague dans le bâtiment de la Maison de la radio ainsi que dans l'immeuble Lucerna, au siège de la banque Komerční banka (KB) et au ministère de l'Industrie. On en trouve également un qui semble être toujours en fonction dans l'édifice abritant la mairie et la bibliothèque de l’université à Vienne. De même, il en resterait environ 350 en Allemagne. On les trouve aussi en Suisse par exemple dans le bâtiment du conservatoire de Lausanne et un autre, en fonction, dans le grand magasin Manor, à Genève (réservé aux employés), ainsi que dans le magasin de sport Vaucher dans le centre-ville de Berne.
Aujourd'hui
l'ascenseur est interdit pour la question de sécurité mais il
fonctionne comme encore quelques-uns en Pologne et qui sont
considérés comme monuments historiques.
L'hôtel de ville (au fond la maison détruite pour la construction de l'immeuble de la Caisse d'épargne)
Hôtel de ville
La visite peut commencer par l’ancien
Hôtel de ville (Ratusz de l’allemand, Rathaus). Sa
construction commença au XIIe et se termina au XVIe. C’est un bel
exemple de l’architecture civile du gothique tardif. Le bâtiment
subit plusieurs transformations jusqu’au XIXe siècle. Les travaux
de restauration se sont étalés depuis la fin du XIXe jusqu’au début
du XXIe. Il fut relativement épargné en 1945 et les autorités
polonaises achevèrent sa remise en état en 1953 tout en revenant
partiellement aux éléments originels. Il devint le symbole de la
ville des Piast, «recouvrée» par la Pologne, selon la propagande
communiste (cf. Histoire de la ville).
Il est bâti sur le plan rectangulaire,
à deux niveaux avec les caves à voûte d’ogives en berceau. Sa
toiture en tuile est embellie, par endroit, de heaumes en cuivre. La
façade orientale est la plus riche en décor : porte avec le tympan
sur lequel figurent les armoiries de la ville (la tête de
Jean-Baptiste), des Piast (aigle) et de la Bohême (lion couronné
d’or), fenêtres rectangulaires, en arc brisé, avant-corps à
gauche (correspondant à la Salle du trésor), oriel de la Chapelle
ducale, trois pignons dont le central avec les pinacles, horloge
astronomique datant de 1580. Les balustrades de l’entrée
présentent les bas-reliefs sur lesquels figurent les symboles
allégoriques du pouvoir urbain. Sur celui de gauche on peut lire
«Ich bin ein foytknecht»(je suis le serf du vogt, bailli) et «wer
nicht recht tut den fur ich vor recht» (qui ne fait pas la chose
légale je le conduis devant la justice). Sur la copie (original
dans la Grande Salle) à droite on peut voir un chevalier, armé
d’épée et de lance, au-dessous duquel une inscription annonce: «Ich
bin des foyts gewapnet man» (je suis l’homme d’armes du vogt) et
«wer (mich anfaßt) der muß ein swert han» [qui (me touche) doit
avoir une épée]. Cette figure pose problème d’interprétation
car le conseil de la cité faisant fonction de vogt n’avait pas le
droit d’embaucher un chevalier noble. Jetez un coup-d'œil sur la
copie du pilori gothique (1492) qui symbolise la fonction de justice
qui se faisait sur cette partie de la place, à ciel ouvert, jusqu'au
XIVe siècle puis dans la salle du vogt dans l'Hôtel de ville.
Détruit en 1945 et démonté en 1947, ses fragments sont exposés au
Musée de l'architecture.
L'entrée à la cave, façade méridionale de l'hôtel de ville
La façade méridionale qui permet
d’accéder à la cave de Świdnica (Cellario civitatis, puis
Cellario Schwidnicensi d’où le nom allemand Keller), connue
pour avoir servi dès le XIVe s. la bière brune à base d'orge
fabriquée dans la ville du même nom, mais aussi d’autres bières
silésiennes et celles de Bohême. En 1519, à cause de la difficulté
d’accès, on installa en face une brasserie qui communiquait par un
tunnel avec la cave. Les tonneaux pouvaient y être roulés jusqu’au
lieu de consommation.
Dans
la seconde moitié du XVIe la bière à base de blé brassée à
Vratislavie appelée Schöps
(Mouton) commença à évincer la précédente. A partir du XVIIIe on
faisait venir la boisson d’origine allemande, anglaise et suédoise.
Selon
la chronique de la cave de 1731, il y était interdit de jouer aux
cartes, jurer, fumer du tabac ou se produire avec un instrument. La
musique n’y était jouée que le mardi et le vendredi. Une cloche
dite du sot était suspendue sonnait trois fois pour rappeler au
maladroit qu’il devait payer la chope en verre cassée. Dans les
niches près de l’escalier s’installaient des vendeuses de petits
pains et saucisses chaudes à la moutarde.
Le
proverbe allemand “Wer nicht im Schweidnitzer Keller war, ist nicht
in Breslau gewesen!” (Qui
n’a pas été dans la cave de Świdnica, n’a pas été à
Vratislavie) en dit long de l’importance de ce lieu. Parmi ses
grands hôtes on peut citer: l’empereur Sigismond de Luxembourg,
Goethe, Chopin, l’empereur Guillaume Ier ou Bismarck (voir la liste
sur une plaque en cuivre). Avant la guerre, 110 personnes dont 45
serveurs et 8 cuisiniers travaillaient dans cette institution qui
pouvait recevoir 700 clients à la fois. Aujourd'hui c'est un
établissement renommé qui peut, sur commande, vous servir du Mouton
blanc pour accompagner les plats polonais variés. Y manger est
peut-être la meilleure façon de visiter la cave qui se vante d'être
le plus ancien restaurant d'Europe avec la date de 1273.
Le hall d'entrée de la cave-brasserie en 1941
Le hall d'entrée de la cave-brasserie en 1941
Même si la cave n’a pas subi de destruction en 1945, elle est restée fermée jusqu’en 1960, l’équipement ayant été dévasté ou volé par les nouveaux arrivants polonais. Rénovée, elle a été ouverte et transformée en club de la jeunesse laborieuse avec un bar, une salle de billard et de cinéma. Dans les années 1970 la jeunesse laborieuse et étudiante y venait pour une discothèque qui se terminait parfois par des bagarres entre les deux catégories de jeunes gens ou des groupes d’adolescents de quartiers rivaux.
Elle a retrouvé son état et sa
fonction anciens après les travaux de restauration en 2002 : 1700 m2
au total dont 900 m2 des 9 salles pour les clients. Elles portent les
noms de ceux à qui elles étaient destinées : des échevins, des
conseillers, des bourgeois, paysanne, de la Hanse et autres.
Le plan de 1941
Schéma actuel
1 - Hall d'entrée, 1 - Salle paysanne, 3 - Salle des échevins, 4 - Salle de la Hanse, 5 - Salle des conseillers, 6 - Salle ducale, 7 - Tonneau, 8 - Auberge, 9 - Prison, 10 - Salle bourgeoise
Les deux avant-corps de la façade
méridionale sont surmontés d'oriels. Celui de la cave est le plus
riche en décor, deux figures datant du XIXe et complétées lors de
la dernière restauration représentent le soûlard (à gauche) et sa
femme furieuse l'attendant avec un soulier à la main (à droite). Il
s'agit de copies de l’œuvre du sculpteur vratislavien, Christian Behrens (1852-1905) qui réalisa 6 sur 10 statues de la façade ainsi
que d'autres, ailleurs.
En levant les yeux vous pouvez observer
que, de la pointe du heaume en cuivre sortent trois branches dénudées
et terminées par quatre glands de chêne, chacune. Ces fruits sont
l'évocation de la légende qui remonte à l'époque païenne.
Les
populations celtiques et slaves qui vivaient dans la région (cf. le
chapitre Histoire de la
ville) vénéraient en
cet endroit un bosquet de chênes. Lorsque la cité insulaire devint
le siège de l'évêché, les autorités ecclésiastiques
ordonnèrent la destruction des arbres sacrés sur la rive gauche de
l'Oder. Les prêtres du culte païen annoncèrent les foudres et
orages destructeurs. Et en effet pendant longtemps la nouvelle cité,
fondée sur cette rive, subit de nombreuses incendies, peste et
invasions (germaniques, tchèques et tatare). Les croyances
populaires évoquaient encore au XIIIe siècle l'oracle païen et les
échevins, après l'achèvement de l'étage et de la nouvelle
toiture, décidèrent de choisir les 12 glands (nombre d'arbres
abattus) comme leur symbole afin de protéger la cité d'autres
catastrophes.
L'entrée actuelle, au département du
Musée communal, consacré à l'art bourgeois, se trouve du côté
occidental. Sa façade symétrique à celle de l'Est est ornée d'un
portail baroque. N'hésitez pas à monter quelques marches et
pénétrez dans le décor médiéval pour visitez les salles voûtées
en contre-bas, au rez-de-chaussée et à l'étage. En descendant les
salles aux noms évocateurs (nid de cigogne, cuisine froide, sacoche
vide, méfie-toi etc) servaient de prison. En remontant au
rez-de-chaussée élevé vous parcourrez la Grande salle du conseil,
la chancellerie du conseil, la salle du tribunal, la salle des
bourgeois, la salle du vogt (bailli), la chancellerie du vogt. Elles
sont destinées aux expositions permanentes et temporaires
(artisanat, célèbres vratislaviens, histoire de l'hôtel
de ville). Un escalier transformé au XIXe mène à l'étage où se
trouvent la salle des échevins, leur chancellerie, la salle ducale
(ex-chapelle), la Grande Salle (ex-réfectoire), la salle du trésor
et la salle du doyen des échevins.
Les heures d'ouverture du musée: du mercredi au samedi de 10h à 17h et le dimanche de 10h à 18h.
En sortant du bâtiment vous vous dirigerez en face pour jeter un coup-d'œil sur les belles demeures bourgeoises. Sur votre chemin se dresse le monument d’Alexander Fredro.
Fils d'un propriétaire galicien, né en 1793 et éduqué dans le manoir familial près de Jarosław (au sud-est de la Pologne) par des précepteurs. Son éducation se fit surtout en français, puis en polonais, en allemand et en latin. Après la mort de sa mère la famille déménagea à Léopol. Le comte Fredro s'engagea à 16 ans dans l'armée du Grand-Duché de Varsovie et combattit dans la Grande Armée napoléonienne jusqu'à la prise de Moscou. Membre de l'état-majeur de Napoléon, il suivit l'empereur jusqu'à sa défaite en 1815. Puis il revint en Galicie où il vécut dans son domaine familial à Bieńkowa Wisznia (Ukraine occidentale aujourd'hui). Il s'installa à Léopol en 1846 et devint membre du conseil de la ville, pendant la période révolutionnaire en Galicie en 1848. Il s'exila ensuite en France, jusqu'en 1855. Il écrivit des pièces et des comédies, décrivant souvent avec humour les situations politiques de l'époque, ses personnages étant entrés dans les consciences polonaises. Il est considéré aujourd'hui comme le Molière polonais. Seules sont disponibles en français actuellement : L'Empoignade (L’Âge d'Homme, 1990) et Mémoire : Sans queue ni tête, traduit par Élisabeth Destrée-Van Wilder (Noir sur Blanc, 1992). Il mourut à Léopol en 1876 et enterré dans l'église paroissiale de Rudki où se trouve encore le tombeau familial.
Son monument est l’œuvre du sculpteur Léonard Marconi très actif à Léopol et fut commandé par le Cercle littéraire et artistique de la ville en 1879. Restitué à la Pologne par la RSS d'Ukraine en 1950 il fut déposé à Wilanów (Varsovie) puis le 15 juillet 1956 il débarqua à Vratislavie où s'étaient installés de nombreux habitants de la ville perdue par la Pologne (cf. Histoire de la ville).
Le
monument de l'écrivain polonais occupe la place laissée vide par
Frédéric-Guillaume III en 1945. Il fait partie dorénavant du
paysage actuel de la ville. Il a été témoin du «Tour de la Paix»
(organisé sur le modèle du Tour de France entre trois États frères
: Pologne, Tchécoslovaquie et RDA), du Marathon organisé par la
ville. Le comte Fredro a été actif politiquement. En 1981 il
observait avec joie le minibus de la radio de Solidarność
et à la fin des années 1980 il «participa» aux manifestations de
la solidarité polono-tchécoslovaque et aux happenings de
l'Alternative orange
(pendant l'une d'entre elles il a été déguisé en général
Jaruzelski). Il s'est habitué aux mégaphones des orateurs qui se
servaient de son socle. Pacifiste dans le cadre du mouvement «Liberté
et Paix» et en 1991 il a soutenu la volonté de l'indépendance de
Lituanie et en 2004, la «Révolution orange» en Ukraine. Il a
toujours été européen et connaisseur de la politique il a appuyé
l'entrée de la Pologne dans l'Union européenne. En 2002 il a écouté
les candidats à la mairie de la ville. Son monument est toujours
astiqué par les étudiants la veille des «Journées de Vratislavie»
et de l'anniversaire de sa naissance et de sa mort. Cette tradition
remonte à 1976 lorsque les élèves du Lycée XII, dont il est
devenu le patron, ont décidé de laver son monument et ce malgré
les protestations du conservateur municipal. Devenu objet de culte,
d'ironie, de blagues et autres bouffonnerie, le premier jour de
printemps il subit la montée sur la tête par les gens parfois
simples vandales qui lui cassent le stylo-plume. Il en a eu déjà
plusieurs. Mais le jeu vaut la chandelle, depuis 2001 les frais
bacheliers dansent devant lui une polonaise. Et les vendeuses de
fleurs de la Place au sel voisine, déposent depuis longtemps à ses
pieds leur source de revenu. En 1992 le socle a été couvert de
couronnes de fleurs par un prétendu descendant du comte. Il ne
s'étonne plus des foules réunies pour toute sorte de manifestations
: messes, concerts, concours, débats, défilés, promotions
commerciales sans oublier les animaux dont certains représentants en
abusent en se soulageant, mais la garde municipale veille et
distribue des contraventions. Lwowien (Léopolitain) de carrière il
est devenu Vratislavien. Ainsi récupéré il permet aux habitants de
cette ancienne ville allemande de se sentir chez eux, chose qui ne
fut pas facile après leur arrivée dans ce Far West de
l'après-guerre.
Côté occidental (Sieben Kurfürstenseite, des Sept Électeurs).
La Kamienica Pod Siedmioma
Elektorami (Haus Zu Sieben Kurfürsten, aux Sept
Électeurs), Rynek 8, dont les fondations datent du
XIIIe, qui fut transformée plus tard, reçut après 1672 un nouveau
portail et les fresques, restaurées à plusieurs reprises
(reconstituées récemment), qui représentent les grands électeurs
du Saint Empire et Léopold Ier (élu empereur en 1658).
Au numéro 7, la Kamienica Pod
Błękitnym Słońcem (au Soleil bleu), suite aux plusieurs
transformations ne garde que l'état de la dernière à savoir, le
style Empire. Elle communique par le passage couvert avec la rue
Kiełbaśnicza (boutiques, restaurants).
Au numéro 6, la Kamienica Pod
Złotym Słońcem (Zur Goldenen Sonne, au Soleil d'or),
du XIIIe, fut transformée plusieurs fois comme les précédentes.
Ces trois demeures, reliées entre
elles par un passage, furent les lieux royaux et impériaux. C'est
ici que logeaient les têtes couronnées de l'Europe centrale qui
recevaient à Vratislavie l'hommage vassal pour la Silésie:
Vladislav Jagellon (roi de Bohême et de Hongrie), Rodolphe II (roi
de Bohême, de Hongrie, empereur), Ferdinand II de Habsbourg.
Le numéro 5, le Dwór Polski
(Cour de Pologne), propriété de la famille de marchands de tissus
et banquiers des Jagellon, Boner, originaire d'Alsace, à la fin du
XIVe, évoque le relais connu plus tard où séjourna Ladislas IV
Vasa, futur roi de Pologne, puis d'autres têtes couronnées
d'Europe.
La maison, restaurée librement, communique par un passage, comme le numéro 7, avec la rue Kiełbaśnicza, qui est un ensemble composé d'un hôtel, d'un restaurant et autres établissements qui servent à boire et à manger.
La famille Boner était originaire d’Alsace. Le fondateur de
la branche polonaise était Johann Boner de Landau. Il s’installa à Vratislavie
avec ses frères Jacob et Frédéric dans la seconde moitié du XVe siècle. En 1483
il émigra à Cracovie et y fit fortune. Il s’enrichit dans la fabrication du
papier et fut l’administrateur de la mine de sel à Wieliczka, banquier et ami du
roi Sigismond le Vieux. Son frère Jacob resta à Vratislavie en gagnant dans le
commerce de draps et accueillit des rois (dans sa maison « Au soleil d’or »,
Ladislas II Jagellon. Le fils de Jacob, Séverin hérita de son oncle Johann en
développant ses activités avec succès.
La maison, restaurée librement, communique par un passage, comme le numéro 7, avec la rue Kiełbaśnicza, qui est un ensemble composé d'un hôtel, d'un restaurant et autres établissements qui servent à boire et à manger.
Au numéro 2, la Kamienica Pod
Gryfami (aux Griffons), datant du XIVe, transformée plusieurs
fois et remise à l'état du XVIe (dans le style maniériste flamand)
en 1935. Le portail présente les armoiries des familles von Költsch
(griffon) et von Turnau (pélican).
Côté septentrional
(Naschmarktseite, aux Gourmandises)
A l'angle apparaît l'église sainte
Élisabeth devant laquelle deux maisonnettes. Pour la description se
reporter au chapitre précédent : Voire la ville d'en haut.
Vous pouvez continuer à poursuivre le
tour de la place en regardant les façades des maisons dont beaucoup
ont été reconstruites de façon assez libre sans tenir compte de
leur état d'avant la guerre et évoquant les styles Renaissance ou
baroque (cf. photo de 1905).
Au numéro 58, une façade éclectique
et Sécession, appartenait au magasin construit en 1905 pour les
libraires et éditeurs juifs, les Priebatsch.
Léopold,
petit vendeur de livres acquit en 1876 la maison à la Palme d'or du
XVIIe – XVIIIe. Son fils, Félix, termina ses études d'histoire et
philosophie, soutint une thèse de doctorat et publia des travaux
consacrés à l'histoire de la Silésie. En 1899 il reprit
l'entreprise familiale en la développant. Son fils, Hans, diplômé
de l'université locale et celle de Berlin en philologie classique et
orientale poursuivit le développement de la maison qui publiait les
manuels scolaires à la demande du ministère. En 1933, après avoir
vu les autodafés dans sa ville il décida de la quitter, avec sa
femme, pour la Palestine. (Le tombeau familial est au cimetière
juif, rue Ślężna).
Les maisons aux numéros 48-50,
épargnées lors du siège (Festung Breslau de 1945), témoignent de
la fièvre de transformations architecturales que connut la ville
avant la Première Guerre mondiale, l'époque où la mode emportait
sur le principe de conservation caractéristique de notre temps.
Elles furent l’œuvre des entrepreneurs et commerçants voulant
apporter la modernité dans cette place historique. Les magasins
Hünert dans le style néo-Renaissance (50), Trautner, les œuvres
des architectes juifs R. et P. Ehrlich (49), « Der Grosse Bazar
Marcus » (48), appelé aussi « A la tête de saint
Jean », en constituent un ensemble évocateur de cette
tendance.
La seule demeure bourgeoise restée
intacte en 1945 est celle au numéro 46.
Au 44, la maison au Cerf d'or était
avant le XVIIe la Pharmacie du Marché aux Gourmandises.
Au numéro 42, là où il y avait la
vieille Pharmacie au Double aigle d'or fondée déjà au XIIIe siècle
se trouve le musée consacré au savoir apothicaire, propriété de
l'Académie de médecine. (Entrée libre).
En face une série de maisons occupent
un pâté mitoyen de l'hôtel de ville. Sa reconstruction se
prolongea au-delà de l'année 1960. Comme ailleurs, les maisons ont
reçu un aspect rappelant les époques d'avant XIXe siècle.
Côté oriental (Grüne
Röhrseite, côté du tuyau vert)
Nous poursuivons le tour de la place et
passons au côté Est. Son nom traditionnel vient de la sortie d'eau
du système d'adduction de la ville dont le tuyau était en cuivre et
qui tombait (l'eau) dans une cuve en pierre couverte de mousse et
algues. Les maisons en grande partie détruites ont été
reconstruites de la même façon que les autres.
Au numéro 41 se trouve une maison qui
est la dernière reconstruction de la place (1994). La Kamienica
Pod Złotym Psem (au Chien d'or) est la réalisation qui rappelle
celles des années après 1946. Elle symbolise la volonté de retour
à l'état de la place avant les transformations du XIXe comme s'il
fallait éliminer la patte du pouvoir impérial prussien dans cette
contrée et revenir, par un saut historique, à l'époque bien plus
présentable, celle des Habsbourg, héritiers de la couronne de
Bohême et de surcroît celle des Piast donc slaves et polonais. En
effet la maison est mentionnée dans les plans, celui de Weyhner et
Vberus de 1562, puis celui de Hogenberger de 1713, lorsque la maison
reçut la forme baroque et en 1730 son portail avec l'emblème
(exposé avec d'autres éléments décoratifs datant des
reconstructions vratislaviennes au Musée de l'architecture situé
dans l'ancien cloître des Bernardins, ulica Bernardyńska 5-7).
Transformée dans un style éclectique (1881-83), la maison fut
détruite en 1945 et ce qui restait, rasé après, en laissant un
espace vide à l'angle de l'ulica Wita Stwosza (de Veit Stoss),
à côté du magasin de Louis Lewy (1904), dans le style Sécession,
resté quasi intact.
Au milieu s'ouvre une rue (que vous
allez emprunter pour vous rendre à l'église de sainte
Marie-Madeleine. A l'angle droit, sauvé de la destruction le magasin
des frères Barasch.
Construit
en 1904 dans le style Sécession d'abord et couronné d'un globe
illuminé (cf. L'illustration), le bâtiment le perdit lors d'une
tempête par la foudre et en 1929 il subit une modernisation. Les
propriétaires juifs, Artur et Georg vendirent leur magasin en 1935
avant le début de l'aryanisation et émigrèrent. Les nouveaux
propriétaires transformèrent la façade vitrée donnant sur la
place et liquidèrent l'escalier monumental à l'intérieur en le
remplaçant par l'escalier roulant. Après la guerre il subit tout de
même d'autres modifications et deux rénovations (1961 et 1995) qui
lui ont donné son aspect actuel du grand magasin du centre-ville.
Il en fut presque de même pour le
magasin Goldene Krone (Couronne d'or) datant de 1904, au
numéro 29 (à l'autre bout), victime d'incendie en 1945 et de
démolition postérieure l'ensemble a été reconstruit (1957-60)
dans son état originel (attique de type vénitien et le portail
transféré d'une autre maison détruite, évoquent la période
habsbourgeoise).
Ici
en 1471 se trouvait la taverne wallonne puis en 1521 la maison fut
acquise par le marchand Johan von Holtz de Cologne. Il employa les
artistes italiens dont Vincenzio da Parmataro pour transformer sa
demeure dans le style de la Renaissance vénitienne. Ses successeurs
l'agrandirent aux maisons de la rue Oławska, réunies par des
galeries et une attique. En 1881 l'ensemble devint un casino et club.
En 1904, malgré de nombreuses protestations (c'était la première
maison Renaissance dans la ville et qui inspira d'autres bourgeois
dans le désir de la nouveauté à cette époque-là), l'ensemble fut
démonté pour céder la place au magasin de Keiser et Grosheim qui
devait faire la concurrence au magasin des frères Barasch
(illustration).
En face, le pâté central, composé de
60 maisons au total, qui de ce côté a été reconstruit en partie
de manière libre. Les bâtiments du XIXe en ruine furent rasés.
Trois passages aux noms évocateurs: (de gauche à droite) aux Draps,
de la Ferronnerie, de la Poterie et la «ruelle de Jerzy Grotowski»
qui coupe ces passages du nord au sud. C'est ici que le fondateur du
théâtre pauvre ouvrit en 1964 la salle du Théâtre
Laboratorium des 13 rangées. Aujourd'hui c'est un des 3 locaux
de l'Institut Jerzy Grotowski (salles de cinéma, de lecture,
café THEA).
Chaque passage se termine par un
couloir voûté donnant sur le côté occidental de la place.
Suite
à l'invitation du maire de Vratislavie, Jerzy Grotowski transféra
son théâtre d'Opole. C'est en 1963, à la faveur du congrès de
l'UNESCO à Varsovie que les deux critiques parisiens, Raymonde et
Valentin Temkine, avaient découvert cette scène pauvre et
splendide. Au début de 1965, le Laboratorium
présenta la pièce Akropolis
dans la cave de Świdnica puis, après les adaptations de l'ancien
centre de culture et d'art destiné à un club-café, c'est ce nouvel
espace qui devint le symbole du renouvellement théâtral à
l'échelle mondiale. Le 25 avril 1965 y eut lieu la première du
Prince Constant. Grâce
à l'entremise et l'obstination des critiques français, le Théâtre
des Nations de
Jean-Louis Barrault réussit à faire venir Grotowski. Le
Prince Constant fut
montré à Paris cette année-là.
La sensation fut
comparable à celle des Ballets russes de Diaghilev en 1907.
Quatre ans plus tard
le théâtre présenta Apocalypsis
cum figuris qui
produisit le
même effet à New York. La comparaison avec les Ballets russes
s'imposait d'autant plus que Grotowski avait son Nijinski, un
prodigieux acteur qui ne ressemblait à aucun autre et qui lui devait
tout: Ryszard Cieślak. Pourtant, la poétique du Théâtre-Laboratoire
polonais était exactement l’antithèse de celle de Diaghilev. Les
spectateurs, en très petit nombre, partageaient le même espace
scénique que les acteurs. Pas de décor, pas d'effets de lumière,
pas de grimage, pas de costumes. Pour Grotowski, l'acteur est le tout
du théâtre et le théâtre est là pour favoriser son passage à un
degré d'humanité plus vrai que le degré quotidien. Tout se jouait
donc sur l'extraordinaire intensité dramatique et physique d'acteurs
supérieurement entraînés, sur les qualités expressives de leur
voix, et sur leur présence presque insoutenable dans l'espace. En
dépit de son éclat parfois violent, l'action obéissait à la
précision rigoureuse et comme nécessaire d'un rite.
Un training au théâtre de Grotowski' "Laboratorium" en 1972 par l'acteur fétiche
Ryszard Cieślak
Ryszard Cieślak
A
partir de 1969, et jusqu'en 1982, considérant qu'il avait atteint
une perfection condamnée à se répéter, Grotowski se lança, avec
l'appui de l'Unesco,
dans un ambitieux projet intitulé «Théâtre des Sources». C'est
dans son esprit une opération de raccord avec la société moderne
d'un patrimoine ethnologique mondial en voie de disparition. Déjà
familier de l'opéra de Pékin et de diverses formes du théâtre
traditionnel indien, Grotowski séjourna au cours de cette période
au Nigeria, en Haïti, en Amérique centrale, en Inde. Il réunit et
fit travailler ensemble, en ateliers, des représentants des plus
diverses et anciennes traditions rituelles et mystiques des cinq
continents, pour en dégager des pratiques communes.
En
1975 le théâtre organisa une entreprise à une grande échelle et à
la force d'influence importante : Université de recherche du Théâtre
des Nations à laquelle participèrent plus de 5000 personnes
provenant de 23 pays.
L'espace
dont disposait Grotowski se révéla trop petit et il fallut annexer
les locaux voisins (atelier de nickelage et entreprise d'eaux
gazeuses) qui sont devenus le secrétariat et la salle de cinéma
auxquels on peut accéder du passage de la Ferronnerie (Przejście
Żelaźnicze).
En
1982, nouvelle coupure. La loi martiale proclamée dans son pays
décida Grotowski à rompre définitivement avec la Pologne
communiste. Il sollicita et il obtint la nationalité française. Il
trouva asile aux États-Unis, où à partir de 1983, il occupa une
chaire à l'université d'Irvine en Californie. Il y poursuivit le
projet «Théâtre des sources» sous d'autres formes, avec des
témoins qu'il fit venir de Haïti, de Bali, de Colombie, de Corée,
de Taïwan.
Hanté par le désert
intérieur auquel les technologies modernes de communication
pouvaient conduire les jeunes, Grotowski fit un premier bilan des
pratiques prétendument «sauvages», pour reprendre le mot de
Lévi-Strauss, dont il fit l'inventaire: il proposa des structures
(danses et chants) qui favorisaient la greffe entre d'anciens savoirs
du corps et de l’âme et des jeunes gens issus de grandes villes
modernes.A partir de 1986, Grotowski s'installa définitivement à Pontedera en Toscane, où il dirigea un «Workcenter». Avec deux groupes de collaborateurs, qui reçurent de très nombreux hôtes du monde entier, dont Peter Brook et ses acteurs, il se livra à ce qui était, à ses yeux, la synthèse des recherches de toute une vie. Il s'agissait toujours de théâtre, mais comme l'a écrit Brook, de théâtre comme «véhicule», un véhicule qui entraîne ses passagers moins à représenter des rôles qu'à se connaître eux-mêmes, et à se reconnaître entre eux. L'inspiration du Workcenter n'est pas sans analogie avec celle des écoles philosophiques antiques telles que Pierre Hadot les a décrites. Les exercices du Workcenter se concentraient notamment sur la réminiscence de chants anciens dormant dans la mémoire, et sur l’exploration et le partage de l’expérience intérieure dont ils pouvaient être le point de départ. Il a laissé un défi et un sillage qui dépassent de toutes parts les limites du théâtre au sens classique, et qui touchent au cœur l'inquiétude contemporaine.
Après l'autodissolution du Théâtre-Laboratoire en 1984 son siège et son patrimoine furent transférés au Deuxième Studio vratislavien dirigé par Zbigniew Cynkutis (acteur engagé en 1961 par Grotowski et son proche collaborateur, metteur en scène indépendant de Grotowski) qui entreprit des changements dans la salle du théâtre (cabine acoustique, enduits sur les murs peints en noir) qui fonctionna comme centre d'études et recherches théâtrales de Jerzy Grotowski mais sans les anciens du Théâtre-Laboratoire. C'est en 2005 que le nouveau directeur décida de la rénovation en revenant à l'état d'origine (mur de briques) que l'on peut voir.
Pour lire:
Agnieszka Grudzinska (dir.) et Michel Maslowski (dir.), L'Âge d'or du théâtre polonais de Mickiewicz à Wyspiański, Grotowski, Kantor, Lupa, Warlikowski…, éditions de l'Amandier, 2009.
Peter Brook, Avec Grotowski, Actes Sud, 5 janvier 2009.
Jerzy Grotowski, Eugenio Barba, La Terre de cendres et diamants, éditions L' Entretemps, 2000.
Thomas Richards, Travailler avec Grotowski sur les actions physiques, Actes Sud, 1999.
Vers un théâtre pauvre, L'Age d'Homme, réédition 1993.
Raymonde Temkine, Grotowski, La Cité, 1970.
Serge Ouaknine, « Le Prince constant, étude et reconstitution du déroulement du spectacle », dans Les Voies de la création théâtrale, CNRS, t. I, 1970.
Ludwik Flaszen, Grotowski et compagnie, éditions L'Entretemps 2015
Pour voir:
- https://www.ina.fr/video/I08049773
- http://fresques.ina.fr/europe-des-cultures-fr/impression/fiche-media/Europe00064/jerzy-grotowski-a-propos-de-la-notion-de-theatre-pauvre.html
- https://www.youtube.com/watch?v=UtST2tTN4iA
- https://www.youtube.com/watch?v=1p09ULGL0uU
Côté méridional (Goldene Becherseite, de la coupe d'or)
Côté méridional 1940 (vue de l'immeuble de la Caisse d'épargne sur l'Hôtel de ville, l'église de la Madeleine)
Vous revenez au côté sud où
vous avez observé l'entrée de la cave de l'Hôtel de ville.
Quelques bonnes reconstructions sont à observer comme celles, en
face de la cave, par exemple, la Kamienica Pod Złotym Dzbanem (à
la Cruche d'or) au numéro 22. C'est dans sa cour que l'on
installa une brasserie au XVIe siècle qui communique par un tunnel
avec la cave. Sa voisine (23), la Kamienica Pod Zieloną Dynią (à
la Courge d'or), détruite dans sa forme Sécession (1910) et
reconstruite (1952-60) dans le style Renaissance d'avant. Au
numéro 26, la Kamienica Pod Złotym Pucharem (à la Coupe d'or),
baroque à l'origine, le bâtiment subit des transformations
successives, détruit 1945 et reconstruit dans le style baroque et
classique alors que son voisin (numéro 29) a fait le tour de 90°
(cf. l'illustration).
Finalement la seule maison d'origine
est le bâtiment datant de 1903 construit dans le style Sécession
(numéro 13) et à côté se trouve le centre d'information
touristique.
Le
style Sécession, terme autrichien adopté en Pologne est appelé en
France et dans les pays anglo-saxons « Art nouveau ». En
Allemagne, où il débuta dès 1875, il fut nommé « Jugendstil »
et permit à la fois l'émergence d'individualités fortes et la
production de masse. Des liens se nouèrent entre des plasticiens
comme Fritz von Uhde, Wilhelm Trübner, Franz von Stuck, Eugene
Spiro, tous d'origines diverses et de parcours différents, mais
refusant le conformisme ambiant. Ainsi, von Uhde, après un séjour à
Paris, ouvrit une école à Munich, où il croisa Franz von Stuck.
Celui-ci, l'un des initiateurs de la Sécession munichoise de 1892,
allait former Eugene Spiro. Grand voyageur, Trübner se fixa d'abord
à Francfort, tout en gardant des liens forts avec Berlin, où il
allait participer activement à la Berliner Secession (1899). Ouvert
à tous ces artistes, le fondateur de Jugend, Georg Hirth, estimait
que l'art nouveau avait commencé en Allemagne avec l'ouverture en
avril 1897 de la foire de Leipzig, l'« Exposition industrielle et
commerciale de Saxe et de Thuringe » (Sächsisch-Thüringische
Industrie- und Gewerbeausstellung).
Celle-ci permit notamment de découvrir les expériences
architecturales de Paul Möbius (1866-1907) et une fresque
monumentale de Max Klinger, laquelle provoqua une polémique mais
permit d'asseoir définitivement l'élan moderniste dans l'opinion.
Outre les progrès de type industriel qui y étaient mis en avant, la
présence d'un certain « esprit viennois » y était manifeste. La
capitale autrichienne était alors le théâtre d'une véritable
révolution, la « Sécession ». Les grandes villes de l'Empire
allemand comme Munich, Karlsruhe, Dresde, Berlin, Breslau et Leipzig,
s'ouvrirent aux changements et organisèrent de nombreuses
manifestations similaires, engendrant une forte émulation.
L'influence des grandes expositions internationales comme celles de
Barcelone (1888), Paris (1889) ou Chicago (1893) était
incontestable, car elles favorisaient les échanges d'idées et
nourrissaient une forme d'esprit de compétition, non seulement sur
le plan industriel et commercial, mais aussi sur le plan esthétique.
La
Sécession évolua jusqu’à la Ire Guerre mondiale pour se
transformer en style plus géométrique et pour se prolonger dans
l’Art déco.
Le
terme « Art nouveau » fut utilisé probablement pour la
première fois par le peintre et l’architecte belge, Henry van de
Velde dans l’essai « Déblaiement d’art » (1894) et
il fut popularisé un an plus tard lors de l’ouverture à Paris du
salon de Salomon Bing appelé L’Art nouveau, au 22 de la rue de
Provence et rebaptisé Maison de l'Art nouveau (« Maison Bing »).
Les
artistes vratislaviens participèrent à ce mouvement et laissèrent
un patrimoine en partie conservé et restauré. Un ouvrage
d’excellente qualité est disponible depuis peu en trois langues
(polonais, anglais et allemand). Il s’agit de « Secesja, Art
nouveau, Jugendstil – Wrocław » de Barbara Banaś et Leszek
Szurkowski.
Pour
commodité nous avons utilisé les termes polonais ou français.
Le tour de la place est fini et vous
avez mérité un repos. Les endroits pour prendre un verre ou manger
ne manquent pas mais ne vous attendez pas à une quelconque
originalité due à la ville. Beaucoup d'endroits proposent des
bières et autres boissons alcoolisées, certains sont des
restaurants avec le cuisine polonaise et internationale. Seule la
Karczma Lwowska (Auberge de Léopol) prétend évoquer la cuisine
de Kresy (les territoires de l'est perdus par la Pologne dont la
galicienne Léopol-Lwów).
La
Plac Solny
Côté nord de la place 1906
La place en 1929 (vue sur la statue de Blücher et l'angle nord-est donnant sur le Rynek)
Angle sud-ouest 1920-1930
Angle nord-ouest 1905
Côté occidental 1945
Côté occidental 1958. Il ne reste rien du grand magasin de l'angle nord-ouest, remplacé par des maisons construites dans le style de celles du Rynek
La Place au sel qui s'ouvre à l'angle
sud-ouest du Rynek est aujourd'hui associée aux fleurs qui y sont
vendues mais à sa création qui date de 1242 (après l'invasion
mongole) son nom était la Place polonaise (sur un plan datant
de 1300 selon la Chronik der Stadt Breslau, F. G Adolf Weitz
Verlag von Max Vonwod, Breslau, 1888). Ceci évoquait certainement le
lien que la cité entretenait avec la région de Cracovie,
pourvoyeuse de sel (mines de Wieliczka). C'est seulement à partir de
la fin du XVIIe que le produit si indispensable à la cuisine et à
la conservation d'aliments commençait à venir aussi de Halle (en
Saxe-Anhalt) dont la principale marchandise, depuis le Moyen-Age,
était justement le sel.
Le roi Jean de Luxembourg accorda au
Conseil municipal le monopole du commerce de sel en 1336. Pendant des
siècles on y vendit aussi du miel, de la cire, des fourrures, du
caviar, du thé et de la viande caprine (côté nord). Les marchands
polonais et russes s'y installaient à même le sol lorsque la place
manquait dans les auberges avoisinantes.
A la fin du XVIIIe siècle le sel se
vendait déjà au détail dans les différents magasins et en 1815
les étals de sel, situés sur le côté nord, furent achetés par le
Conseil puis démontés. En 1827 on y dressa au centre la statue du
feld-maréchal Blücher et renomma l'espace carré en l'honneur du
vainqueur de Napoléon. Après 1945 la place a retrouvé son nom
originel tandis que le socle du monument enlevé par les Allemands
fut détruit. Une aiguille en granit rose le remplace depuis peu et
une fontaine aux dragons.
On remarque tout de suite, sur le côté
méridional, le bâtiment de la Vieille Bourse dans le style
classique construit en 1822 par Carl Ferdinand Langhans, architecte
vratislavien d'opéras en Allemagne dont l'Opéra d'État
Unter den Linden à Berlin. Le bâtiment avait plusieurs
fonctions : financières, représentatives, de lieu de vie
sociale pour les négociants et l'intelligentsia locale avant que la
ville ne l'acquît suite à la construction de la Nouvelle Bourse. Il
fut épargné en 1945 et devint tout de suite après la guerre le
siège de nombreuses institutions. En 1992 ce bien fut mis en vente à
Cannes lors du Salon international des professionnels de
l'immobilier. Entre 1994 et 2004 le bâtiment a été
rénové et a retrouvé ses fonctions d’antan.
Trois maisons historiques complètent
ce côté-là. A l'angle se trouve un passage qui mène à la Place
des Héros du ghetto de Varsovie, appelée sous Frédéric II,
Judenplatz (sic) puis Carlplatz. Vous y reviendrez si
l'envie vous pousse à voir plus de maisons anciennes.
Le côté occidental a été
partiellement conservé mais, comme dans le Rynek, une patte
restauratrice polonaise de l'après-guerre a donné aux maisons une
esthétique bien plus ancienne que l'état de l'avant-guerre pour que
ces façades rappellent celles de Léopol, Cracovie ou Poznań voire
Varsovie à qui Vratislavie a fourni, entre 1949 et 1953, des
centaines de millions de briques (dont 200 wagons de briques
gothiques) allemandes pour sa reconstruction.
La maison au 20 plac Solny avant 1903, détruite pour faire place au Magasin Philippi (on peut voir les noms polonais des boutiquiers juifs présents dans la ville)
La même maison côté Rynek (on voit à gauche un bâtiment en construction et derrière, côté Place au sel, l'immeuble récent en fonctionnement)
Le Magasin Philippi entre 1910 et 1914
L'état du Magasin Philippi et de son voisin (on peut lire "magasin de spiritueux" (lire de vodkas et autres boissons alcoolisées dont les "vins" de pommes bien connues de la Pologne communiste) côté Rynek en 1947
Le côté oriental est dominé, à l'angle avec le Rynek, par un bâtiment rappelant l'Art Déco. C'est le magasin Geschäftshaus Philippi, spécialisé dans la confection d'homme, vente de vin et de tabac. Il date de 1904, épargné partiellement en 1945 pour devenir le siège de l'entreprise de transport communal (MPK). Le nouveau propriétaire, une entreprise d'investissement immobilier Na Solnym l'a restauré récemment pour le destiner aux activités tertiaires et au logement de luxe en tentant d'y retrouver son style d'origine.
Quartier
des quatre temples
A ceux qui s'intéressent à l'aspect
œcuménique de religions nous proposons de visiter le Quartier des
quatre temples (ou du respect mutuel). Il s'agit de parcourir
quelques rues et prendre conscience d'une certaine diversité
religieuse, toute proportion gardée dans un pays si homogène qu'est
la Pologne, mais aussi d'autres monuments qui se trouvent sur ce
parcours. Ce coin de la Vieille Ville reflète bien les conséquences
de l'histoire de l'après-guerre d'une part et de l'évolution des
mentalités de la ville et de ses habitants, d'autre part.
C'est
un quadrilatère situé entres les rues suivantes :
świętego
Mikołaja, Ruska, świętego Antoniego, Włodkowica et Kazimierza
Wielkiego.
L'idée
est née en 1995 suite à l'initiative des dirigeants des quatre
communautés religieuses présentes dans cette partie sud-ouest de la
Vieille Ville. L'élément déclencheur furent les actes de
vandalisme contre les lieux de culte catholique (vitrage) et
orthodoxe (icône au-dessus de l'entrée). Le témoin de ce dernier a
été le vice-président de la communauté juive qui initia la
rencontre entre les deux prélats responsables de ces lieux.
Les
hommes de bonne volonté ont créé en 2005 la Fondation du respect
mutuel en réponse à l'initiative des autorités communales qui
voulaient y tracer un sentier culturel. L'acte fondateur a été
signé par les paroisses catholique, orthodoxe et protestante ainsi
que par la communauté israélite et le Conseil polonais des
chrétiens et juifs à Varsovie. Son programme est la promotion de la
culture des communautés religieuses et ethniques (biélorusse,
ukrainienne, de Lemkos et juifs) présentes dans la ville,
l'éducation et le dialogue inter-religieux.
La
Fondation propose une visite guidée ce qui permet d'entrer dans les
lieux de culte qui ne sont pas tous ouverts dans la journée
(renseignement : it@dzielnica4wyznan.info.pl ). Sinon vous devez
contacter un responsable de chaque lieu. Seule l'église catholique
peut être ouverte en permanence comme c'est le cas dans le reste du
pays (les Polonais sont pratiquants en majorité) mais c'est à voir
sur place.
Voici
les adresses des trois paroisses :
Kościół ewangelicki Opatrzności Bożej ( église luthérienne de la Providence divine)
adresse :
ulica Kazimierza Wielkiego 29
contact :
kancelaria@naszaparafia.pl , tél. 71 343 47 30
Kościół
prawosławny pod wezwaniem Narodzenia Przenajświętszej Bogarodzicy
(église
orthodoxe de la Nativité de la sanctissime Mère de Dieu)
adresse :
ulica świętego Mikołaja 40
contact :
Mieczysław Oleśniewicz (prêtre), tél. 601892727
Kościół
katolicki pod wezwaniemezwaniem świętego Antoniego z Padwy (église
catholique st Antoine de Padoue) annonce l'autorisation de visite
annoncée à l'avance le dimanche à 13h. Information :
marcinm1989@gmail.com
adresse :
ulica świętego Antoniego 30
La synagogue à
la Cigogne blanche
adresse :
ulica Włodkowica 7
Information :
Centrum Informacji Żydowskiej tél. 71 343 64 01 e-mail:
wroclaw@jewish.org.pl
Passage de la Place au sel à celle des Héros du ghetto (de Varsovie). 1949. Le tramway allemand blanc encore vient de la rue Krupnicza et remonte vers la Place au sel en contournant le pâté de maisons du côté sud.
Cette alternative suppose de prendre le passage
ouvert dans l'angle sud-ouest de la Place au sel dont il était
question ci-dessus. En traversant la place des Héros du ghetto vous
atteignez la rocade Est-Ouest, dont la rue Casimir le Grand
(ulica Kazimierza Wielkiego, anciennement Carlstrasse). La rue
fut partiellement détruite sur ordre du Gauleiter Karl Hanke en
1945 et la décision du conseil municipal dans les années 1970 de
liquider les trams du Rynek et de ses environs a eu pour conséquence
d'autres destructions. Vous pouvez jeter un coup-d’œil sur la
pittoresque rue Psie Budy (Maisons de chien) qui fut tracée au
Moyen-Age entre le premier mur de l'enceinte et les anciens fossés
municipaux. Originellement la rue suivait le cours de la rivière
Oława noire (enterrée en
1866 après l'épidémie de choléra) et ses maisons
faisaient fonction d'annexes aux demeures bourgeoises de la Place au
sel et de la rue Ruska. Au XIXe la rue était connue pour ses maisons
closes. C'est seulement le côté gauche qui a été reconstruit à
l'exception du bout donnant sur la rue Ruska. En revenant sur vos
pas, vous apercevez le bâtiment néo-gothique construit pour la
bibliothèque municipale, transformée, après la guerre, en annexe
de la bibliothèque de l'Université en reconstruction. Son
architecte, Richard Plüddemann, l'auteur du pont suspendu (most
Grunwaldzki, de Grunwald/Tannenberg), conçut une construction
réfractaire grâce à l'emploi ajouré d'acier et l'absence de bois
(cf. BN à Paris, British Museum). La bibliothèque possédait une
collection importante de livres qui furent évacués par les
Allemands.
La rue Kazimierza Wielkiego (Cartlstrasse): 1950-60 (à gauche le bâtiment néogothique de la bibliothèque, à droite l'église protestante. L'axe de communication (rocade) n'est pas encore réalisé mais une partie du tracé est déjà dégagé ici et les tramways ne passent plus par la place des Héros du ghetto (cf. ci-dessus)
En face vous voyez l'église du baroque tardif
appartenant à la communauté luthérienne. Elle fut construite pour
la famille royale (le château se trouve à côté) en 1750 en tant
que temple de l'église réformée (calviniste) à laquelle
appartenaient les rois de Prusse. En 1945 le bâtiment, peu
endommagé, a été donné à la confession d'Augsbourg.
La porte rococo d'origine sculptée en bois s'ouvre
sur l’intérieur peint entièrement en blanc, aux formes ovales
grâce aux deux niveaux de galeries. Au-dessus de l'entrée, sur la
deuxième galerie, furent installées les orgues rococo, l’œuvre
de Johan Gottlieb Wilhelm Scheffler. Elles subirent une rénovation
en 1922. Soigneusement restaurées en 1991 elles servent durant les
offices ainsi que pendant les concerts et particulièrement lors du
festival Wratislavia Cantans. L'église possède une
excellente acoustique.
La présence à
Vratislavie de la communauté luthérienne polonaise est liée aux
conséquences de la guerre. En effet les autorités communistes
voyaient dans la population dite autochtone les représentants du
peuple honni, ayant appartenu à l'Allemagne nazie. Ses membres
slavophones (Polonais et Silésiens) avaient reçu le statut de
Volksdeutsch.
Le Consistoire de l’Église luthérienne de Pologne nomma dès le
31 juillet 1945, Wiktor Niemczyk, son plénipotentiaire pour la
Basse-Silésie qui entreprit l'organisation de premières paroisses
dont celle de Vratislavie. Originaire de la Silésie autrichienne
(Cieszyn-Těšín) il était à Vratislavie déjà le 10 mai dans le
Premier Groupe de sciences et culture avec le professeur léopolitain,
Stanisław Kulczyński, en train de travailler dans la fondation et
l'organisation de l'Université et de l’École polytechnique. Le 5
août il célébra le premier office luthérien en polonais dans
l'église de la cour alors que Vratislavie brûlait encore. Dans son
rapport il évoquait la situation linguistique alarmante car seules
les personnes âgées connaissaient la langue polonaise (les plus
jeunes avaient subi une germanisation souvent forcée). L'évacuation
de la population par les Nazis à partir de février avait provoqué
l'abandon des domiciles qui furent occupés à partir de mai par les
immigrants polonais venus de l'intérieur du pays. Le retour des
anciens propriétaires suscita des tensions et provoqua un sentiment
d'abandon et d'injustice parmi les miséreux revenants. Mais parmi
les immigrants se trouvaient aussi des protestants polonais. Le
plénipotentiaire
s'adressa donc aux représentants de l’Église catholique afin de
signaler l'absence de distinction faite, dans les administrations
polonaises, entre les Allemands de souche et les autochtones
protestants polonophones qui étaient menacés aussi d'être
expulsés. Il demanda au Consistoire d'entreprendre une démarche
auprès des autorités centrales afin de faire arrêter cette
politique vexatoire et défaire diriger les immigrants de l'intérieur
plus à l'Ouest, vers les territoires plus éloignés de l'ancienne
frontière entre la Pologne et l'Allemagne. En 1947 la situation fut
réglée et les 37 paroisses de la région allaient pouvoir fonder
le diocèse de Vratislavie.
Son
successeur, Waldemar
Press, ancien déporté de Dachau comme beaucoup de membres du clergé
luthérien polonais, consacra le bâtiment sous le nom actuel de la
Providence divine et poursuivit l’œuvre du pasteur Niemczyk. La
communauté vécut assez isolée durant la guerre froide, aussi bien
de l'étranger que de la majorité catholique dont un grand nombre
venait des Kresy (Ukraine, Biélorussie actuelles). Ces masses
catholiques, d'origine paysanne en grande partie, avaient été
élevées dans une vision restreinte et englobante de la polonité.
La notion de tolérance à l'égard des autres, différents, leur
était inconnue. Elles étaient victimes de la politique menée par
l'occupant russe et autrichien avant 1918 puis de l'influence du
discours nationaliste de le Pologne de l'entre-guerre et enfin de
l'occupation soviétique puis allemande. Déracinées et étrangères
à la région les Polonais de l'Est devaient voir dans cette
communauté un dangereux autrui dont il faut se méfier. La
propagande communiste y rajouta sa sauce monolithe. Aujourd’hui la
communauté entretient des relations privilégiées avec les Églises
luthériennes allemandes (de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale
silésienne et de l'Allemagne du Nord) et participe au projet
œcuménique du quartier. Environ 600 personnes fréquentent ce lieu
de culte.
En sortant à droite vous pouvez visitez le Musée
historique de la ville (numéro 35 de la rue Kazimierza
Wielkiego).
Il siège dans
l'ancien palais d’Heinrich Gottfried von Spätgen, grand chancelier
de l’évêché, qui est devenu après son achat par Frédéric II
la résidence royale
des Hohenzollern. Le
bâtiment baroque subit, entre 1751-1753, des transformations à
l'extérieur, et l'intérieur dans le style rococo. Le principal
architecte du royaume d'origine hollandaise, Jan Boumann, auteur des
bâtiments connus comme l’Université Humboldt de Berlin et
l’Église française de Potsdam, y rajouta une aile (disparue). A
la fin du XVIIIe une autre transformation eut lieu à la demande de
Frédéric-Guillaume II. Il demanda à l'auteur de la Porte de
Brandebourg, Carl Gotthard Langhans, d'apporter un aspect plus
classique à l'ensemble. D'autres transformations furent entreprises
au cours du XIXe. Pour le centenaire de la conquête de la Silésie
(1842) Frédéric-Guillaume IV décida de donner à l'ensemble un
aspect plus résidentiel et plus cohérent.
L'arrivée sur
le trône de Frédéric Guillaume IV en 1840 souleva beaucoup
d'espoirs après le règne autoritaire de son père. Son penchant
pour le romantisme et une politique libérale (amnistie pour les
prisonniers politiques, allègement de la censure, rétablissement de
l'usage habituel du polonais dans le grand-duché de Posen) étaient
des garants d'un changement. Cependant, inspiré par le piétisme, et
influencé par le chancelier autrichien Metternich ou le tsar Nicolas
Ier
de Russie, son beau-frère, il refusa d'accorder une Constitution à
ses sujets. Lorsque l'assemblée nationale de Francfort lui proposa
le 3 avril 1849 la couronne d'Allemagne, il la refusa, officiellement
car il considérait que ce titre ne pouvait lui être accordé que
par l'ensemble des princes et rois d'Allemagne ; en privé il
déclara qu'il « ne la ramasserait pas dans le caniveau ».
Lui roi de droit divin, ne voulait pas devenir un roi de droit
populaire, élu par les « cordonniers et les gantiers »
et « béni par les charcutiers et les boulangers ».
Défilé de scouts sur la place d'exercices: 1912 (au fond, au centre, l'église de Dorothée, Wenceslas et Stanislas et l'hôtel Monopol, à droite le théâtre municipal)
Place d'exercices: 1918. Au fond à gauche l'ancien siège du parlement provincial, Ständehaus et à sa droite le Pokoyhof, de l'autre côté de la rue Krupnicza.
Hitler à Breslau en 1937 lors de la fête de l'Union de chanteurs. Au fond les bâtiments du théâtre municipal (Opéra) et du commandement général.
Le Gauleiter de la Silésie, Hanke, devant le château en décembre 1944
L'état de la place de en 1947. Il résulte non de bombardements soviétiques mais de l'ordre de Hanke de dynamiter le bâtiment du parlement provincial transformé en Musée d'art
industriel et d'antiquités après la 1re GM, en mars 1945, afin d'en faire une piste de décollage de son avion. De nombreux bâtiments restés debout dans le secteur seront démolis plus tard (pour récupérer les briques ou pour ouvrir l'axe de communication Est-Ouest (angle supérieur droit)
La Place de la Liberté en 2005
La place
vratislavienne des exercices militaires devant l'aile sud devint le
Forum royal
dont l'organisation devait correspondre à son idée de l’État
d'ordres à la tête duquel se trouvait le roi gouvernant avec les
représentants d'ordres tandis que les pouvoirs judiciaire et
militaire garantissaient ce système patriarcal des états et le
défendaient. Les bâtiments y construits devaient prendre valeur de
manifeste en devenant les piliers du système professé par le
monarque : roi, états, droit et armée. Cette vision romantique
de la chose politique devait être transposée dans l'architecture et
l'urbanisme. Le palais se situant à la lisière de la ville
médiévale compacte et fermée et avant les faubourgs occupés moins
densément et ouverts devait constituer une clef de voûte de
l’édifice politique et imaginaire. Le caractère baroque et
classique de la résidence royale fut complété en face, de l'autre
côté du fossé, par l'ensemble de bâtiments réservés à la
justice et à l'emprisonnement dans le style néo-gothique. La
proximité de l'église gothique sainte Dorothée (que vous allez
visiter plus tard) accentuait la référence médiévale. Après la
révolution de 1848 l'espace commença à perdre son importance et
la construction de nouveaux bâtiments bourgeois (Pokoyhof, Nouvelle
Bourse, nouvelle synagogue (am Anger, au pâturage, détruite en
1938) finit par constituer un contrepoids idéologique et artistique.
Musée du château: le 8 juillet 1929
Etat des bâtiments (Musée du château et église protestante) en 1945. Aujourd'hui c'est l'axe de communication Est-Ouest
Le même bâtiment entre 1955 et 1960
Le bâtiment reconstruit pour y loger le Musée d'archéologie:1969
Le palais fut
transféré aux autorités de la ville après la Ire Guerre mondiale
qui y créèrent en 1926, le Musée du château qui fonctionna
jusqu'en 1942 lorsque les nazis décidèrent d'évacuer les
collections (de l'artisanat et de l'Antiquité). Le 14 et le 15 mai
1945 le château brûlait encore et l'aile donnant sur la place de la
Liberté (Plac Wolności, ancienne Schlossplatz,
place du château) consommée par les flammes fut démantelée en
1952.
Il en reste un fragment de cette aile (cuisines et pavillon occidental aux arcades fermées par les murs et fenêtres) qui furent le siège de l'association de Grecs vratislaviens). Vous pouvez y accéder par le jardin qui donne sur la rue Zamkowa divisant le complexe palatial. En 2016 les restes de cette aile, une fois rénovées, sont devenues le Musée du théâtre, adjacent au Forum national de musique (un complexe destiné à la musique).
Château royal du côté de la Place du château Schlossplatz. 1940 (au fond à droite on aperçoit le Musée du château)
Etat du bâtiment en 1960-61 (cf. la photo ci-dessus de 1945), à droite en bas la construction d'un café visible ci-dessous, à gauche derrière les voitures
.
.
Il en reste un fragment de cette aile (cuisines et pavillon occidental aux arcades fermées par les murs et fenêtres) qui furent le siège de l'association de Grecs vratislaviens). Vous pouvez y accéder par le jardin qui donne sur la rue Zamkowa divisant le complexe palatial. En 2016 les restes de cette aile, une fois rénovées, sont devenues le Musée du théâtre, adjacent au Forum national de musique (un complexe destiné à la musique).
La partie
principale conservée fonctionna d'abord comme musée d'archéologie
puis d'ethnographie. Depuis l'an 2000, à l'occasion du millénaire
de la fondation de la ville, le bâtiment est devenu un des
départements du Musée communal.
Le Musée historique expose des objets d'histoire,
d'art et d'artisanat, les collections : iconographique
(graphisme, gravures et photographies en rapport avec la ville), de
documents imprimés mobiles, affiches,
étendards et celle concernant l'histoire des théâtres
vratislaviens qui est unique (cf. art de l'affiche polonaise, très
apprécié autrefois, auquel est consacré le musée de Wilanów à
Varsovie). L'exposition permanente « Mille ans de Vratislavie »
mérite une visite si l'on veut avoir une vue d'ensemble avant de
parcourir la ville. Vous pouvez y visiter aussi les chambres royales
soigneusement reconstituées dont celle rococo de Frédéric II,
grand amateur de la culture et de l'art français ou celles de ses
successeurs. Dans l'appartement jaune, Frédéric-Guillaume III
signa, en 1813, son fameux Appel à mon peuple, alors que
Berlin était entre les mains de troupes napoléoniennes. C'est ici
que le roi institua, le 10 mars, la Croix de fer.
La chambre
de Beyersdorf est le résultat du transfert de l'intérieur de la
demeure d'un marchand vratislavien, Adrian Bögel, située sur la
Place au sel. Son décor date de 1730 et est un bon exemple du
baroque local. Son nom vient de la donatrice, Adelheid Beyersdorf,
qui l'a offert au Musée communal avant la guerre. L'allégorie de la
Justice et de la Paix est peinte au plafond dans un cadre ovale, les
autres tableaux font référence au commerce maritime de la Hanse du
marchand originaire de Hambourg. Une collection de faïence dans le
style de Delft complète le décor.
La Nouvelle synagogue (inaugurée le 29.09.1872). Entrée occidentale, à gauche le siège de la police. 1935
En revenant sur vos pas vous continuez sur le même trottoir pour traverser la rue Krupnicza et avant le numéro 8 (bureau d'information touristique et le Bike-Café) vous passez sous un arc pour vous diriger par un étroit passage à la synagogue à la Cigogne blanche. Construite entre 1827 et 1829 par Carl Ferdinand Langhans dans le style classique, elle a été successivement affectée au judaïsme libéral (1829-1872), au judaïsme conservateur (1872-1939), après l'édification de la Nouvelle synagogue (la deuxième plus grande synagogue de l'Allemagne, détruite lors de la Nuit de cristal) et au judaïsme orthodoxe (1945-1974 et de 1996 à nos jours). De ce fait le bâtiment subit plusieurs transformations. Il symbolise le processus d'émancipation des juifs dans le royaume de Prusse et les conflits entre les représentants des courants du judaïsme présents dans la ville. C'est la communauté juive de Breslau qui joua un rôle fondamental dans l'histoire de la diaspora juive européenne. C'est aussi ici comme à Berlin et Königsberg que se formèrent les bases du mouvement émancipateur Haskala. C'est ici lors de débats entre les courants religieux progressiste et orthodoxe que furent construites les bases de la fraction la plus dynamique du judaïsme, le courant conservateur (massorti en hébreu). C'est dans les murs du Séminaire rabbinique de théologie vratislavien (Jüdisch-Theologisches Seminar fondé en 1854 par le riche banquier Jonas Fraenckel, l'actuelle rue Włodkowica que vous allez voir plus tard), que Zacharias Frankel étudia le développement historique du judaïsme. Il est connu pour être le fondateur du judaïsme positivo-historique, ancêtre idéologique du judaïsme conservateur.
La synagogue à la Cigogne blanche. Entre 1915 et 1934
Dévastée mais épargnée de l'incendie en 1938 en raison de la proximité d'autres bâtiments, la synagogue fut rénovée après et utilisée par les deux communautés mais séparément jusqu'en 1943. Transformée en garage, elle servit d'entrepôt de biens confisqués, sa cour, de lieu de rassemblement de Juifs vratislaviens avant leur déportation (cf. Histoire de la ville).
La communauté israélite arrivée comme les autres Polonais d'ailleurs demanda un lieu de culte au président de la ville. Le bâtiment a été entièrement réparé et adaptée au culte par la Congrégation de la confession mosaïque à Vratislavie.
Dans les années 1960, la synagogue fut victime de nombreuses attaques des vandales qui restèrent inconnus. Ses vitraux furent définitivement détruits et les fenêtres régulièrement brisées, le bâtiment commença à se détériorer. Les autorités de la ville ne répondirent pas aux appels à la sauvegarde de ce lieu de culte, fréquenté encore par plus de 2000 fidèles lors de grandes fêtes. Les événements de mars 1968 mirent fin à la présence israélite en ville. En 1974, sur la base d'une loi sur les biens appartenant avant la guerre à des Allemands, la synagogue fut confisquée par l'État et la même année transférée à l'Université. La synagogue devait être transformée en bibliothèque, en salle de lecture et en salle de conférence. Les travaux débutèrent en 1976 pour l'adapter à ses nouvelles fonctions. Le sol fut remplacé, de même que des fragments de peintures polychromes. Après quelques mois cependant, les travaux durent être suspendus par manque de crédit.
En 1984, le bâtiment de la synagogue fut acheté par le Centre de la culture et des arts pour les représentations et expositions. Par deux fois, il fut endommagé par des incendies. En 1989, il fut transmis à l'Académie de musique de Vratislavie, qui désirait le transformer en salle de concert.
Le toit fut alors démonté mais les travaux arrêtés et le bâtiment commença à tomber en ruine, les murs exposés à la pluie moisissaient et les crépis et décorations se détachaient.
En 1992, la synagogue fut achetée par un homme d'affaires qui n'effectua pas de travaux de réparation ou de conservation. Dès lors, poussée par Erica Bowesa, une Juive de Vratislavie qui vit maintenant aux États-Unis, la communauté juive décida de récupérer la ruine.
Mais, les négociations entre le propriétaire du bâtiment et la municipalité échouèrent car le prix demandé était exorbitant. Les représentants de la communauté juive décidèrent de contacter l'archevêque de Vratislavie, le cardinal Henryk Roman Gulbinowicz, au sujet du bâtiment délabré. Grâce à son entregent et à sa persuasion, le ministre de la culture et des arts accepta de le racheter et de le remettre à la communauté juive.
Le 24 septembre 1995, pour la première fois depuis de nombreuses années, un office fut célébré à l'occasion de la fête de Roch Hachana, auquel participèrent 400 personnes. À cette occasion, retentit le nouveau chœur de la synagogue "à la Cigogne blanche". En 1996, la synagogue est redevenue officiellement la pleine propriété de la communauté juive de Vratislavie. Dès le mois de mai 1996, ont été entrepris de lourds travaux de restauration. La première phase concernait la réparation du toit et a été financée par une fondation germano-polonaise. La deuxième phase a démarré en juin pour les parties restantes du bâtiment. La troisième phase, débutée fin 1998, concernait les finitions, comme la remise en état des murs craquelés, la reconstruction des encadrements des fenêtres et le plafond de la nef centrale, l'installation d'un chauffage et un nouvel escalier. Des fonds provenant de "KGHM Polska Miedź", le plus grand combinat minier de cuivre polonais, ont permis de terminer l'intérieur.
Le 8 novembre 1998, lors de la célébration du 60ème anniversaire de la Nuit de Cristal, un service religieux solennel s'est déroulé à la synagogue à la mémoire des victimes de ces événements. Ces célébrations étaient aussi l'occasion de fêter le retour du lieu à la communauté et la sauvegarde de la synagogue.
L'événement symbolique du quartier a été le mariage célébré dans la synagogue par le rabbin en présence des prélats catholique, luthérien et orthodoxe le 2 juillet 2000. Les mariés étaient originaires des États-Unis comme le rabbin.
Le 10 mai 2002, vers 20h 30, des inconnus ont mis le feu à des matériaux de construction stockés contre le mur Ouest de la synagogue. Grâce à l'arrivée rapide des pompiers appelés par le gardien, les dégâts ont pu être limités.
Le 7 mai 2005, le Centre de culture et d'éducation juive s'est ouvert dans les locaux de la synagogue, financé par la fondation de Bente Kahan, directrice du centre et directrice artistique de la synagogue. La fondation Bente Kahan, avec l'Association des communautés juives de Pologne, désirent faire de la synagogue "à la Cigogne blanche", un centre communautaire moderne avec la création du Musée juif de Vratislavie. Le 10 novembre 2007, a été inauguré le nouvel Aron ha-kodech (Arche sainte), qui rappelle celui qui se trouvait dans la synagogue avant la guerre et juste après.
La synagogue à la Cigogne blanche est bien restaurée et sert de lieu de culte à la petite communauté juive orthodoxe renouvelée. Elle ne se limite pas uniquement au culte religieux, mais est aussi un centre dynamique de la culture juive où se déroulent de fréquentes expositions, des concerts, des ateliers et des conférences.
Depuis décembre 1999, ont lieu le samedi soir, après la fin du chabbat, des concerts de klezmer, de musique synagogale et de musiques juives et israéliennes. Le chœur de la synagogue "à la Cigogne blanche" est actuellement le seul chœur de musique synagogales en Pologne. Du 24 juillet au 12 août 2007, organisé par la fondation Bente Kahan, s'est déroulé un cycle de concerts de jazz dénommé "Musique d'été à la Cigogne blanche".
A l'image de Cracovie s'y déroule au mois de juin le Festival de la culture juive SIMCHA (cf. Fundacja "PRO ARTE 2002" ulica Ruska 46 B et http://www.proarte.org.pl/?lang=en).
La synagogue organise la visite guidée en anglais le dimanche à 13h. Un joli café (kascher) vous propose une terrasse ombragée dans la cour.
Dans le bâtiment (ancien hôpital juif fondé par en face de la synagogue se trouve un porche qui donne sur la rue Włodkowica (ancienne Wallstrasse comme Wallstreet).
Elle fut le centre de la culture juive. Les commerçants juifs qui venaient à Vratislavie de Pologne, logeaient aux numéros 1-3 (en sortant à gauche, au bout de la rue). Le Pokoyhof faisait partie d'un ensemble de bâtiments qui occupaient le pâté jusqu'à la rue saint Antoine (par laquelle vous avez accédé à la synagogue). Son nom est signalé dans les sources de 1612 (Pokquaies-Hoff) comme lieu de prière. Sous Frédéric II c'était un des quatre relais pour les commerçants juifs étrangers. Ils y trouvaient où loger, déposer leurs marchandises et prier. Au centre du pâté se trouvait une synagogue construite sur le modèle des lieux de prière en Pologne. Le bâtiment datant de 1853, construit comme immeuble de rapport selon le projet de l'architecte silésien du néo-gothique, Alexis Langer, reçut une décoration encore visible au-dessus de l'entrée composée des figures du patron chrétien de Vratislavie, Jean-Baptiste et de la patronne de la Silésie, sainte Edwige, bien qu'il fût la propriété juive. Transformé en 1911, il reprit les fonctions traditionnelles d'hôtel-relais. Les commerçants déposaient leurs marchandises dans les caves, au rez-de-chaussée ils disposaient de boutiques et aux étages, d'appartements.
En face du Pokoyhof se trouve la Nouvelle
Bourse datant de 1867, construite par Karl Lüdecke, actif
architecte et conseiller vratislavien, dans le style néogothique
évoquant l'époque des Tudor (comme le bâtiment du tribunal plus
loin à gauche, derrière le fossé). Autrefois la grande salle
servait aussi de lieu de concerts (en 1891 Ignacy
Paderewski s'y produisit), le bâtiment sert
aujourd'hui au club sportif local, Gwardia, et la grande salle a été
transformée en lieu de combat. Vous êtes au bord de la rue
Krupnicza (de gruau), habitée au Moyen Age par les semouliers, puis
par la bonne société juive et non juive. En face, à gauche un joli
immeuble peu profond car mitoyen de l'ancien siège de la filiale de
la Reichsbank. A droite le Forum national de musique,
construit tout récemment à l'emplacement du siège du parlement
provincial (Ständehaus), datant du milieu du XIXe (cf.
ci-dessus le Forum royal). Il devint en 1899 le Musée d'art
industriel et d'antiquités (Schlesisches Museum für Kunstgewerbe
und Altertümer). Le bâtiment fut dynamité et rasé en mars
1945 sur l'ordre du Gauleiter Karl Hanke qui garait sur la place
royale, caché au bord de l'Opéra, un petit avion. Le bâtiment du
musée constituait une barrière pour son décollage. En réalité le
décollage eut lieu ailleurs, le sort des bâtiments de la place
Grunwaldzki fut le même.
Revenez sur vos pas. La rue était autrefois très vivante par la présence de nombreux commerces mais aussi habitée par les membres des hautes sphères de la société. Au numéro 4, le palais néo-gothique des Ballestrem. La parcelle était déjà occupée depuis 1862 par la résidence familiale des comtes von Ballestrem, officiers, industriels et hommes politiques prussiens, originaires de la Haute-Silésie. Franz von Ballestrem acheta les parcelles voisines (6 et 8) et fit construire par Albert Grau le nouveau bâtiment et créer un jardin à la fin du XIXe lorsque, dirigeant du parti Zentrum il devint le président du Reichstag (1898-1907). Après la guerre, le bâtiment fut occupé par les sinistres services de sécurité de l'Etat puis il fut divisé en logements et tomba en ruine. Classé monument historique il a été revendu en 2012 à un investisseur privé qui, après avoir entrepris les travaux de restauration sous la surveillance du conservateur municipal, l'a destiné à un usage commercial (club de musique, restaurant et bureaux).
C'est ici que se trouvaient les institutions de la communauté juive. Au numéro 18, dans le bâtiment disparu, fonctionna l'une des plus connues écoles rabbiniques en Europe (cf. ci-dessus). Aujourd'hui au numéro 9 fonctionne une cantine kascher, au numéro 5 (ex-premier hôpital juif), le seul restaurant juif de la ville, le Centre de la culture et de l'éducation juive et le café-club Mleczarnia. Ce dernier est une filiale de l'institution cracovienne de Kazimierz. Cet endroit fort sympathique et original par son décor éclectique est incontournable pour les étudiants, intellectuels et businessmen vratislaviens. On peut y trouvez les journaux suspendus aux murs, auxquels on a accroché de vieilles photographies, et déguster une excellente pâtisserie. Tout cela évoque une Mitteleuropa disparue que certaines villes en Pologne, Hongrie, pays tchèques et slovaques essaient de reconstituer. Le café-club organise des rencontres, vernissages, projections de films et concerts voire des soirées dansantes. Il reste ouvert jusqu'à 4 heures du matin, chose rare ailleurs. Aujourd'hui la rue semble avoir retrouvé son animation d'antan. L'ensemble qui date de 1900 est l’œuvre de l'architecte vratislavien, juif assimilé, Richard Ehrlich. Lui (à 76 ans) et son frère Paul, cadet de 4 ans, aussi architecte, furent déportés en 1942-43 à Theresienstadt où ils sont morts.
Revenez sur vos pas. La rue était autrefois très vivante par la présence de nombreux commerces mais aussi habitée par les membres des hautes sphères de la société. Au numéro 4, le palais néo-gothique des Ballestrem. La parcelle était déjà occupée depuis 1862 par la résidence familiale des comtes von Ballestrem, officiers, industriels et hommes politiques prussiens, originaires de la Haute-Silésie. Franz von Ballestrem acheta les parcelles voisines (6 et 8) et fit construire par Albert Grau le nouveau bâtiment et créer un jardin à la fin du XIXe lorsque, dirigeant du parti Zentrum il devint le président du Reichstag (1898-1907). Après la guerre, le bâtiment fut occupé par les sinistres services de sécurité de l'Etat puis il fut divisé en logements et tomba en ruine. Classé monument historique il a été revendu en 2012 à un investisseur privé qui, après avoir entrepris les travaux de restauration sous la surveillance du conservateur municipal, l'a destiné à un usage commercial (club de musique, restaurant et bureaux).
C'est ici que se trouvaient les institutions de la communauté juive. Au numéro 18, dans le bâtiment disparu, fonctionna l'une des plus connues écoles rabbiniques en Europe (cf. ci-dessus). Aujourd'hui au numéro 9 fonctionne une cantine kascher, au numéro 5 (ex-premier hôpital juif), le seul restaurant juif de la ville, le Centre de la culture et de l'éducation juive et le café-club Mleczarnia. Ce dernier est une filiale de l'institution cracovienne de Kazimierz. Cet endroit fort sympathique et original par son décor éclectique est incontournable pour les étudiants, intellectuels et businessmen vratislaviens. On peut y trouvez les journaux suspendus aux murs, auxquels on a accroché de vieilles photographies, et déguster une excellente pâtisserie. Tout cela évoque une Mitteleuropa disparue que certaines villes en Pologne, Hongrie, pays tchèques et slovaques essaient de reconstituer. Le café-club organise des rencontres, vernissages, projections de films et concerts voire des soirées dansantes. Il reste ouvert jusqu'à 4 heures du matin, chose rare ailleurs. Aujourd'hui la rue semble avoir retrouvé son animation d'antan. L'ensemble qui date de 1900 est l’œuvre de l'architecte vratislavien, juif assimilé, Richard Ehrlich. Lui (à 76 ans) et son frère Paul, cadet de 4 ans, aussi architecte, furent déportés en 1942-43 à Theresienstadt où ils sont morts.
En suivant le trottoir de droite vous tombez sur un square qu'il vous faut traverser en biais pour trouver le passage à travers les anciens bâtiments du couvent franciscain pour retrouver la rue saint Antoine (świętego Antoniego). Si la porte y donnant est fermée vous êtes obligés de faire le tour complet en allant jusqu'au bout de la rue Włodkowica puis tournez à droite et continuez jusqu'à l'église saint Antoine de Padoue.
La rue et l'église saint Antoine. 1920-26
Elle appartenait aux Franciscains qui avaient reçu ce terrain en récompense de leur couvent confisqué par la ville en 1522 (actuel Musée d'architecture) mais 150 ans plus tard, lorsqu'après avoir abandonné la cité, ils réclamèrent l'intervention impériale et contraignirent le conseil municipal à verser la somme de 10 000 Reichstalers en argent (équivalent de 7 800 000 euro) et récompenser leur perte (couvent des Bernardins dans la Nouvelle Ville) par ce terrain. L'église fut construite à la fin du XVIIe selon le plan d'un architecte italien par Mathaeus Biener dans le style baroque. Une façade simple à trois axes et un portail au fronton brisé et occupé par la statue du saint donne une certaine élégance au bâtiment qui, à l'intérieur, possède une seule nef avec deux rangées de chapelles latérales surmontées de galeries. La voûte en berceau est, dans sa base, percée de lunettes. Cent ans plus tard les Franciscains furent obligés de quitter l'ensemble qui fut repris par les Élisabéthaines (de sainte Élisabeth de Hongrie, landgravine de Thuringe) qui restèrent ici jusqu'à la guerre.
Le Tiers-Ordre franciscain séculier auquel elles appartiennent fut fondé en 1222 à Bologne par François d'Assise, à la demande de personnes mariées voulant vivre à l'exemple des frères franciscains sans entrer dans un ordre religieux. Inspirées par l'exemple de sainte Élisabeth les tertiaires apportaient des soins aux malades dans les établissements (hôpitaux et hospices) qu'elles ouvraient. En 1626 Apollonia Radermecher fonda à Aix-la-Chapelle le couvent de sainte Élisabeth qui associé à l'église de la Providence Divine et à l'hôpital devient le berceau de la congrégation sous la tutelle des frères mineurs. Leurs institutions se développèrent dans le reste de l'Allemagne, en Bohême donc aussi en Silésie et en Pologne.
Elles étaient arrivées à Vratislavie en 1737. Le roi de Prusse, après la prise de la Silésie leur garantit les biens qu'elles possédaient, la possibilité de diriger l'hôpital et le privilège de tenir une pharmacie. Leur établissement situé ailleurs était endommagé par les inondations et leur demande de dotation auprès du gouvernement rencontra une réponse sous forme de transfert de leur institution au couvent abandonné par les Franciscains réformés. En 1793 elles prenaient possession du couvent rue świętego Antoniego 26-34. Bientôt elles ajoutèrent une aile au sud et l'ensemble fut exempté de la sécularisation pour leur activité caritative. En 1819 elles acquirent une parcelle de l'autre côté de la rue Włodkowica, à l'emplacement des fortifications démolies où elles installèrent un jardin pour la culture de plantes médicinales et pour les convalescents. L'établissement élisabéthain fut plus tard agrandi aux maisons mitoyennes et rehaussé d'un étage supplémentaire. Durant les années 1853-95 fonctionnait une filiale, plac Kościelny (place de l’Église), sur l'Ostrów Tumski que vous allez visiter. En 1896 les bonnes sœurs déménagèrent dans le nouveau couvent, ulica Grabiszyńska 105-109 en gardant ici une filiale consacrée aux maladies chronique et incurables.
Durant la IIe Guerre mondiale, les Polonais déportés pour les travaux pouvaient y participer aux messes dites à leur intention. Les combats de 1945 ont provoqué d'importantes destructions à l'exception de l'église où une semaine après la capitulation (cf. Histoire de la ville) pouvait être dite la messe par le prêtre polonais. Les Salésiens (Société de saint François de Sales, congrégation des salésiens a été fondée à Turin par saint Jean Bosco en 1859 ) reprirent l'ensemble en le restaurant mais en 1953 les autorités communistes leur saisirent les bâtiment conventuels pour les transformer en logements pour étudiantes. Une partie a été restituée mais le gros transformé en logements communaux (qui ont été mis en vente et n'ont pas trouvé d’acquéreur). Les religieux, qui avaient réussi à achever, dans les années 1980, la construction de leur église dans le quartier de Szczepin, ont cédé l'ensemble aux pères pauliniens qui officient actuellement.
A partir de 1945 l'église est devenue le siège de la paroisse saint Nicolas pour de nombreux Polonais venus construire ici une nouvelle vie.
La paroisse fut fondée en 1272 mais suite à la Réforme les catholiques devinrent minoritaires voire absents intra-muros. Les autorités municipales saisirent les 3 églises urbaines (sainte Élisabeth, de la Madeleine et du saint Esprit). Comme les prêtres manquaient pour assurer le service divin, l’évêché procéda au rattachement des paroisses rurales voisines aux églises restées catholiques de saint Maurice et saint Nicolas. La Contre-Réforme eut comme conséquence l'augmentation de catholiques dont le nombre atteignit 18 500 âmes en 1724. Ils étaient servis par les ordres monastiques présents dans la ville et dans les îles de l'Oder ou les curies attachées à une église (sainte Dorothée par exemple). La sécularisation des biens ecclésiastiques par la Prusse et les récompenses immobilières de 1818 bouleversèrent encore plus l'organisation ecclésiastique catholique. Au total 8 églises paroissiales constituèrent jusqu'aux années 1890 un ensemble relevant de l’évêché vratislavien. Le nombre croissant de fidèles provoqua les division des anciennes structures et la curie de saint Nicolas perdit une partie de son territoire. En 1929 la ville comptait 204 000 catholiques sur le total de 580 000 habitants. En 1939, les paroisses catholiques étaient plus nombreuses (35) que les luthériennes (25). La fin de la guerre et l'échange de populations dû aux accords de Potsdam ont modifié la structure confessionnelle de la ville. Dorénavant ce sont les catholiques polonais qui ont remplacé les catholiques allemands. La paroisse englobait jusqu'à la chute du communisme une grande partie de la ville à l'Ouest. Son église était servie par les pères salésiens. Les nouvelles églises et paroisses ont poussé comme les champignons avec la démocratie et celle de saint Nicolas ne compte aujourd'hui que 4700 fidèles.
Depuis 1998 la paroisse est servie par les pères pauliens (les mêmes qui sont installés dans le lieu le plus sacré pour les Polonais où se trouve la Vierge noire de Częstochowa) dont la présence en Silésie date du XIVe siècle. A l'intérieur de l'église vous avez vu la copie de la sanctissime icône polonaise.
En sortant de l'église vous vous dirigez à droite pour entrer au numéro 15 dans le passage Niepolda qui vous mène, en tournant à gauche, à la cour de Tolérance (les bâtiments que vous voyez correspondent à l'hôtel-relais A la Roue d'or et au deuxième hôpital juif).
Vous poursuivez votre chemin par les cours entre les immeubles
jusqu'au porche donnant sur la rue Ruska que vous prenez à
gauche jusqu'à la place Jean-Paul II (Königsplatz
avant 1945). Elle correspond à l'ancienne Porte médiévale saint
Nicolas. Aménagée au XIXe
siècle
pour la promenade et l'ouverture plus large (fossé comblé en
partie) à l'endroit où se joignent les deux rues venant du Rynek :
saint Nicolas et Ruska vers les nouveaux quartiers à l'Ouest du
faubourg saint Nicolas. Elle fut victime de destructions dues aux
défenseurs allemands qui avaient décidé de dégager le plan de tir
en direction de l'Ouest en dynamitant les bâtiments. En avançant
dans la place, sur la gauche dans la promenade municipale, se
dresse la Fontaine de l’allégorie du combat et de la
victoire réalisée en 1905 par Ernst Seger. La statue d'Otto
von Bismarck (symbole pour les Polonais de politique de fer et de
germanisation forcée en Posnanie et Poméranie orientale) qui se
trouvait en face, de l'autre côté de la chaussée, a été détruite
peu après la capitulation de la ville. La place a reçu le nom du
1er Mai et ce n'est que depuis 2006 qu'elle porte ce
nouveau nom.
Si les orthodoxes habitent traditionnellement à l'est de la Pologne en face de la Biélorussie et l'Ukraine car ils y constituent la minorité ethnique de quelques centaines de milliers de personnes, leur présence à l'ouest de la Pologne peut surprendre. Le diocèse de Vratislavie-Szczecin qui compte aujourd'hui plus de 40 000 fidèles et qui couvre la majeure partie des territoires ex-allemands (Silésie, Lubusz et Poméranie), a été créé en 1951 pour répondre à la nouvelle situation de la Pologne déplacée à l'Ouest.
Les heures d'ouverture : du mercredi au samedi de 10h à 17h et le dimanche de 10h à 18h.
Ouvert tous les jours à l’exception du lundi comme suit : mardi, vendredi, samedi, dimanche (11-17h), mercredi (10-16h), jeudi (12-19h).
L'idée revient au peintre Jan Styka, qui invita le peintre de bataille de renom Wojciech Kossak à prendre part à ce projet. Ils furent assistés par Ludwik Boller, Tadeusz Popiel, Zygmunt Rozwadowski, Teodor Axentowicz, Włodzimierz Tetmajer, Wincenty Wodzinowski, et Michał Sozański. La totalité du panorama, de plus de mille sept cents mètres carrés, fut réalisée en neuf mois, entre août 1893 et mai 1894, et sa première présentation eut lieu le 5 juin 1894, lors de l'Exposition universelle de Galicie à Leopol (Lwów, actuellement en Ukraine), attirant une foule immense de curieux et de touristes ainsi le l'empereur François-Joseph et sa famille. Deux ans plus tard il fut transporté et exposé à Budapest où, pendant un an, 800 000 Hongrois vinrent le voir en s'identifiant aux Polonais dans leur lutte contre l'envahisseur russe. C'est cette victoire, plus symbolique que stratégique qui fut le sujet délicat dans les relations polono-soviétiques (russes).
Dévasté en grande partie, le bâtiment avait perdu les toitures (une grande brèche due à une bombe se créa à l'est de la Tour dont le sommet fut détruit), la Salle de musique était en ruine en mai 1945. Les autorités polonaises ont entrepris aussitôt les travaux de reconstruction et les fresques de la salle Léopoldine, ont été restaurées (1948-58).
Aula Leopoldina
L'ancien musée de l'université fut le premier musée public fondé suite à l'acte de cassation (sécularisation des biens des couvents et des collégiales catholiques) signé en 1810 par Frédéric-Guillaume III. Leurs meilleures œuvres se trouvèrent sous la tutelle de l’État prussien qui les destina au nouveau Musée de l'université dont le nom officiel était Königlisches Museum für Kunst und Altertümer (musée royal de l'art et des antiquités). Gustav Gottlieb Büsching (1783-1829), son directeur choisit pour son institution l'ex-couvent des Augustins sur l'Ile de sable qui abrita aussi la bibliothèque universitaire. Le musée conserva les meilleures œuvres dont 536 tableaux, des sculptures, des objets d'artisanat, d'arts militaires, de numismatique et des collections archéologiques alors que la bibliothèque, des exemplaires d'anciennes bibliothèques monastiques, des gravures et estampes dont une partie provenait de Francfort sur l'Oder et du Collège jésuite de Vratislavie.
L'Université de Vratislavie dans ses traditions s'appuie sur celles des universités allemandes ainsi que sur celles de l'Université de Jean Casimir fondée à Leopol en 1661 et dont les cadres vinrent en partie ouvrir l'année académique dès octobre 1945. 32 milles étudiants la fréquentent aujourd'hui.
Au bout du bâtiment en allant vers l'ouest vous tournez à gauche pour emprunter la rue Więzienna (de prison) qui vous conduira en effet à la prison municipale. Sur la gauche, à l'angle avec la rue Nożownicza (de couteaux), vous êtes devant un bâtiment en brique rouge, construit au Moyen Age (et transformé à plusieurs reprises) destiné aux prisonniers de classes inférieures (de là ils étaient conduits au Rynek pour la sanction capitale). Au début du XIXe, l'institution fut fermée et à partir de 1818 fonctionnaient ici le mont-de-piété et des institutions philanthropiques. Aujourd'hui, la triste bâtisse est le siège de l'Institut d'archéologie et ethnographie de l'Académie des sciences (entrée au numéro 6). La rue vous mènera au Rynek.
A l'opposé, c'est-à-dire, du côté sud du Rynek, vous avez un autre passage qui débouche sur la rue Ofiar Oświęcimskich (des victimes d'Auschwitz). A droite, jetez un coup-d'œil au numéro 1. C'est la maison du conseiller communal Heinrich von Rybisch. C'est lui qui fit voter la destruction de l'abbaye d'Olbin dont les matériaux servirent à paver la place du marché de la Nouvelle-Ville mais aussi à la construction de sa demeure que vous voyez.
Heinrich von Rybisch (1485-1544) est un bon exemple des familles patriciennes vratislaviennes. En 1518 il représentait sa ville aux noces du roi de Pologne, Sigismond Ier avec la princesse italienne, Bona Sforza. En tant que protestant il s'opposait aux influences, encore vivantes dans la cité, du catholicisme. En 1522 le conseil municipal ordonna aux Bernardins de la Nouvelle-Ville (Musée d'architecture) de quitter la ville. Les moines portèrent plainte au roi de Bohême, Louis Jagellon. Et c'est Rybisch qui fut envoyé à Prague pour défendre la cause de la municipalité. Le conseil royal, dominé par les catholiques, commanda son assassinat mais prévenu par un courtisan protestant (en fait ledit conseiller ne voulant pas dévoiler le secret du conseil royal, l'aurait raconté à une statue du pont Charles alors que Rybisch y passait), Rybisch sauva sa peau en s'enfuyant, déguisé en femme. Selon la légende, ce même Rybisch aurait gagné au jeu de dés, l'église sainte Élisabeth, au maître de l'Ordre des chevaliers à l'étoile rouge, pour la donner au culte protestant. Propriétaire aussi des biens en Bohême ( Javornik et Jansky Vrch, territoires appartenant aux évêques de Vratislavie), il menait un train de vie qui était critiqué par ses coreligionnaires. Il prépara son passage dans l'au-delà, en faisant construire un tombeau monumental dans l'église de la Madeleine (vous l'avez peut-être vu) qui fut vandalisé avec de la graisse une nuit de l'année 1539.
A l'endroit que vous êtes, l'orgueilleux et richissime conseiller occupait une grande parcelle entre cette rue (Junkerstrasse avant la guerre!!!) et la rue Kazimierza Wielkiego. Il fit sculpter sur les portails et pilastres son propre portrait et celui de sa femme, les armoiries familiales ainsi que la scène présentant la naissance de son fils, Siegfried. Il ordonna aussi de graver les aphorismes destinés aux bourgeois envieux de sa richesse. L'un d'eux disait « Si tu es pieux, construis-toi, sans envie ni haine, une plus belle maison et laisse la mienne à moi » Tout un programme bien protestant. L'édifice à deux étages avait la fonction d'apparat et de représentation et logeait une bibliothèque, une collection de tableaux et de monnaies . Il possédait une terrasse avec une tour surmontée d'un heaume en cuivre. Notre Rybisch devait contempler d'en haut la ville et signifiait aux autres sa puissance. Derrière s'étendaient une cour avec fontaine, puis, les bâtiments servant aux activités commerciales et à loger le propriétaire et sa famille, et au-delà, au bord de la rivière (Oława noire), une maison d'été et un jardin, sur l'autre rive, relié par une passerelle en bois. Un luxe bien protestant!
Aujourd'hui un fragment de l'édifice est conservé et soigneusement restauré. Une galerie d'art s'y est installée depuis 2007.
Remontez les numéros de la rue. Elle vous dirige vers la grande artère, rendue aux piétons, ulica Świdnicka. Son tracé date de la fondation de la ville sur la loi de Magdebourg (cf. Histoire de la ville) et elle menait vers la porte du même nom. Bordée d'une série de fondations ecclésiastiques et caritatives. Au XIXe siècle elle devint la plus élégante et la plus représentative rue de la ville en pleine croissance économique et démographique (magasins, banques, hôtels, bâtiment du commandement général, opéra, forum royal) et la plus photographiée (excellent site iconographique: http://dolny-slask.org.pl créé par les Wratislaviae Amici, amis de Vratislavie). Elle a été victime de destructions du siège et de l'après-guerre. Son état actuel est le résultat de la politique de construction et d'aménagement de la fin des années 1950 et du début des années 1960. Le côté est, en ruine en 1945, a disparu pour être remplacé par des immeubles d’habitation et de commerce situés en retrait par rapport à la situation originelle. Le côté ouest a eu plus de chance et a conservé quelques façades d'origine malgré leurs modifications et la simplification.
En face plus à droite, l'église Corpus Christi (Bożego Ciała), de l'ancienne commanderie de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, présente une façade simple à une haute fenêtre en arc brisé et un pignon en escalier. L'absence de tours ne doit pas surprendre, cela correspondait parfaitement aux vœux de pauvreté prononcés par les moines, or une tour au Moyen Age symbolisait la domination. L'intérieur a été fortement baroquisé. Il en reste des éléments que vous pouvez voir, et ce malgré les destructions et « prélèvements » après la guerre. Le crucifix mystique au Musée national à Varsovie, deux figures d'évangélistes dans la salle du Sénat de l'université, deux autres au château de Brzeg (à 50 km à l'est, que vous allez peut-être visiter), le retable de la Dormition de la Vierge au Musée national ont trouvé leur autre refuge. Ce qui est resté de cette baroquisation peut intéresser certains. Le cadre du tableau la Cène (de Johann Franz de Becker) transféré à la cathédrale (ici sa copie) représentant Dieu le Père sur un globe tenant un sceptre et le Saint Esprit (colombe) au-dessous se trouve au fond du chœur. Dans la nef latérale gauche, vous pouvez voir trois tableaux du XVIIIe (Christ ressuscité, Christ portant la croix et sainte Anne) qui ayant disparu après 1945 ont été restitués par un ancien responsable communiste désireux réparer sa faute des temps troubles de l'après-guerre. Dans la nef droite se dresse dans un cadre baroque une Piéta de Johann Georg Urbansky. La mère dolorosa est assise sur une roche et à ses pieds sont posés les symboles du martyre de son fils : la couronne d'épines et une pomme. Les anges debout à son hauteur, tiennent l'un une lance seule, l'autre un roseau avec une éponge. Plus haut, deux autres anges, l'un avec un rouleau de papyrus (Ancien Testament), l'autre un livre ouvert (Nouveau Testament). Au sommet, l'ange tient entre ses mains le voile de sainte Véronique. Le sacramentaire gothique rappelle les origines médiévales du temple ainsi que les fenêtres et les voûtes en croisés d'ogive.
Mais reprenez la rue Bożego
Ciała et à quelques pas vous apercevez le Théâtre
de Marionnettes,
sur la droite. C'était autrefois un club très select des négociants
et marchands chrétiens. Construit dans le style néo-baroque en
1892-1894) puis agrandi entre 1905-1909 pour en faire un endroit
d'élite protégé par une clôture et englobant une terrasse, une
orangerie et un jardin du côté oriental. Le Zwingergarten
(jardin entre- murs). Le terrain englobait l'espace libéré de
fortifications entre la Porte de Świdnica et la Porte de la Poche,
plus à l'est (actuelle rue Piotra Skargi, Taschenstrasse
en allemand).
Au XVIe c'était un terrain d'exercice de la Fratrie de la Poule dont les membres s'entrainaient au tir et organisaient un concours annuel dont le vainqueur était proclamé roi de la Poule. Au XVIIIe sur ce terrain fut construit un palais classique par l'architecte de la Porte de Brandebourg, Karl Langhans qui fit élever de hauts murs autour pour protéger les passants de balles perdues. La Fratrie finit par céder le terrain aux riches marchands en 1822 qui occupèrent le palais comme club d'été car en hiver ils se réunissaient dans le Vieille Bourse (Place au Sel). Les projets initiaux ne furent pas réalisés par manque d'espace et une orangerie servit de salon pendant le mauvais temps et le potager était réduit à douze rangées mais le guide de 1831 signale l'endroit parmi les plus grandes attractions de la ville (le Zwinger de marchands).
Mais grâce à l'ambition du membre du comité du club, médecin et directeur du Jardin botanique, Heinrich Göppert, on entreprit en 1853 des travaux qui se prolongèrent pendant 20 ans. On planta les tulipiers de Virginie et de Chine, les catalpas, des chèvrefeuilles et glycines du Japon. On dressa un kiosque à musique (de fait une scène en forme de coquille), on installa une fontaine et on rénova l'orangerie. Le jardin si exclusif autrefois a été rendu au public après la guerre et faisait partie de la promenade municipale. Les autorités ont décidé de fermer la partie du jardin d'autrefois en dressant une clôture à l'image des jardins parisiens mais en s'inspirant des Jardins Tivoli à Copenhague et proposant un espace pour les enfants, une scène d'été et une volière pour les oiseaux résistant aux rigueurs du climat continental.
Alternative orange
La Pomarańczowa Alternatywa est le nom d’un mouvement clandestin anarchiste. Il provient d'une revue publiée pendant la grève d'étudiants en 1981 dont le principal dirigeant était Waldemar Fydrych, connu comme « Major » (railleur-usurpateur « Commandant de la Festung Breslau »). Il a été l'auteur du Manifeste du surréalisme socialiste dans le cadre du mouvement Nowa Kultura (nouvelle culture) de l'Université de Vratislavie.
Place royale en 1935-40 (aujourd'hui Jean-Paul II) avec la fontaine de Bismarck, et Hercule combattant avec le lion de Némée, au fond la rue saint Nicolas et à gauche l'église sainte Barbe, aujourd'hui la cathédrale orthodoxe)
A votre droite arrive la rue saint Nicolas (świętego
Mikołaja) que vous prenez pour atteindre tout de suite à gauche
l'église orthodoxe de la Nativité de la sanctissime
Mère de Dieu. Ne
soyez pas étonnés, le bâtiment gothique du XVe
fut d'abord une annexe de l'église sainte Élisabeth et qui avait la
fonction funéraire. La sainte Barbe, patronne de l'église l'était
aussi de l'hôpital voisin. L'église à 3 nefs fut l'objet de
nombreuses modifications : en 1533 on y dressa la première
chaire à prêcher protestante en Silésie, en 1570 furent édifiés
le porche et la galerie à l’ouest ainsi que ceux au nord, au
XVIIe.
Le décor baroque remplaça le précédent, qui, à son tour, fut
transformé en décor néogothique entre la 2e moitié du XIXe
et le début du XXe.
Devenue église paroissiale en 1874, elle fut détruite à 30% lors
du siège en 1945. Sa reconstruction, entreprise en 1947 s'étala
jusqu'en 1961. Elle est devenue la cathédrale de l’Église
orthodoxe autocéphale de Pologne du diocèse de Vratislavie-Szczecin
en 1963 et fut décorée dans le style byzantin (vitraux, fresques et
iconostase). Les murs extérieurs sont décorés de nombreux
bas-reliefs et épitaphes baroques.
L'église sainte Barbe en 1941...
et en 1948
Si les orthodoxes habitent traditionnellement à l'est de la Pologne en face de la Biélorussie et l'Ukraine car ils y constituent la minorité ethnique de quelques centaines de milliers de personnes, leur présence à l'ouest de la Pologne peut surprendre. Le diocèse de Vratislavie-Szczecin qui compte aujourd'hui plus de 40 000 fidèles et qui couvre la majeure partie des territoires ex-allemands (Silésie, Lubusz et Poméranie), a été créé en 1951 pour répondre à la nouvelle situation de la Pologne déplacée à l'Ouest.
Durant
la période de janvier 1943 à mai 1944, vingt archevêques et
évêques ukrainiens séjournèrent à Varsovie comme invités du
Gouvernement Général. Ils avaient fui leurs diocèses orientaux
face à l'offensive de l'Armée rouge. Ils représentaient trois
courants de l’Église ukrainienne : autocéphale, autonome et
celui de l’Église vivante. Le 4 avril 1944, le synode élut le
métropolite Dionizy, patriarche de l’Église autocéphale. Le 11
mai Hans Frank reçut à Cracovie au château royal, la délégation
de l’Église avec, à sa tête, le nouveau patriarche. Dans le
contexte de la situation sur le front de l'Est, ce dernier fut
contraint de séjourner de juillet 1943 à mai 1945 en Slovaquie et
Autriche. Dès son retour en juin 1945, il appela le clergé à prier
pour « la Pologne démocratique, ses autorités et son armée »
et envoya une lettre au président du Conseil d’État du pays
(création soviétique afin de couper l'herbe au gouvernement
polonais en exil à Londres), Bierut dans laquelle il expliquait ses
activités pendant la guerre. Par ailleurs, il prit contact avec le
patriarche de Moscou, Alexis, afin de régler la question de
l'autocéphalie. Les négociations furent un échec car le
métropolite de Varsovie ne voulait pas renoncer à l'autocéphalie
obtenue en
1924
ce que n'acceptait pas la métropole moscovite. Il prit même la
décision délicate et dangereuse de créer à Varsovie l'Institut de
théologie orthodoxe privé auprès de la cathédrale métropolitaine,
ce qui provoqua son arrestation en février et sa destitution en
avril 1948. Ses tentatives de récupérer sa dignité ecclésiastique
échouèrent et cela malgré la médiation du patriarche œcuménique
de Constantinople, Athénagoras, d'une part et celle du gouvernement
de Londres, de l'autre. Il fut contraint de s'installer à Sosnowiec
en Haute-Silésie en 1951 et plus tard il revint à Varsovie où il
décéda en 1960. Son successeur, Jerzy Szreter, futur métropolite
Tymoteusz (Timothée) était originaire de Volhynie où il avait
débuté sa carrière ecclésiastique. Il s'y considérait comme
Polonais alors que la région fut en 1943 le théâtre du massacre de
Polonais par les nationalistes ukrainiens. En 1944 il était le seul
évêque orthodoxe présent sur les territoires polonais libérés.
Le troisième administrateur était né en 1900 à Saint-Pétersbourg
mais il fit sa carrière dans la Pologne indépendante, au sein de
l’Église autocéphale reconnue par Constantinople. En 1948 il
faisait partie de la délégation des prélats qui se rendirent à
Moscou pour régler la nouvelle situation de son Église. Il faut
rappeler ici l'importance du synode de Léopol du 8-10 mars 1946 qui
prononça la rupture de l'Union de Brest de 1596 (qui avait
créé le courant gréco-catholique) pour soumettre l’Église
uniate ukrainienne au patriarcat de Moscou (lui-même créé en 1589
par Ivan le Terrible). Après beaucoup de négociations et
hésitations, c'est seulement en 1951 que les autorités communistes
en accord avec les décisions synodales permirent la réorganisation
de l’Église orthodoxe autocéphale de Pologne reconnue par Moscou
et la création du diocèse de Vratislavie-Szczecin.
Le
déplacement des frontières et le transfert de populations sont la
conséquence les décisions prises lors des conférences de Téhéran,
Yalta et Potsdam. Comme dans le cas des catholiques et protestants il
s'agissait d'adapter les structures ecclésiastiques à cette
nouvelle situation. Le mythe nationaliste et communiste de la Pologne
catholique et homogène ne tient pas face à la réalité, toute
proportion gardée. Les premiers orthodoxes étaient présents dans
la région à cause des déportations pour les travaux forcés
organisés par les nazis dans le Gouvernement Général entre 1939 et
1945. Sur 1,3 à 1,5 millions de citoyens polonais concernés 400 000
étaient ukrainiens et d'autres orthodoxes, biélorusses et russes.
Après l'invasion de l'Union soviétique, d'autres représentants de
cette confession se retrouvèrent dans la région en tant que
prisonniers de guerre et déportés des territoires soviétiques. Des
déportés bulgares et grecs y faisaient partie aussi. Une partie de
ces populations fuit l'avancée de l'Armée rouge en hiver 1945. Les
rapports des autorités polonaises de la Basse-Silésie signalaient
la présence de Bulgares et Grecs encore en 1947 (une centaine).
Comme la région fut choisie par l'URSS comme le centre de
commandement militaire des forces soviétiques stationnées en
Pologne (Legnica, à 60 km à l'ouest de Vratislavie), les familles
des officiers, malgré la répression antireligieuse pratiquée par
le régime stalinien, fréquentaient les lieux de culte orthodoxe.
Ainsi auprès de la population catholique polonaise s'est établi une
figure d'orthodoxe, présente encore aujourd'hui comme russe,
étranger et occupant.
Le
rapatriement, comme disaient les communistes, des populations
polonaises des territoires annexés par l'URSS, concerna un petit
nombre d'Ukrainiens et Biélorusses, qui avaient opté pour la
citoyenneté polonaise, auxquels se joignirent des paysans
biélorusses de la région de Białystok (Nord-Est), partis à la
recherche du travail dans les industries. C'est l'Opération Vistule
(Akcja
„Wisła")
opérée par le gouvernement polonais en 1947 qui, par la décision
d'expulser des territoires du Sud-Est les supposés partisans et
soutien de l'Armée insurrectionnelle ukrainienne (140 000
personnes déportées), amena des milliers d'Ukrainiens, Boykos et
Lemkos. Ils furent dispersés dans les territoires « recouvrés »
sur l'Allemagne afin d'être coupés et assimilés. Bien qu'ils
fussent gréco-catholiques (uniates) en principe, certaines étaient
aussi orthodoxes. Dans le cadre de cette opération 20 000 personnes
furent installées en Basse-Silésie dont 5000 orthodoxes.
La
guerre civile en Grèce et ses conséquences apportèrent un nombre
important de réfugies grecs et macédoniens (plus de 14 000) qui
furent placés, en majorité, en Basse-Silésie (Zgorzelec/Görlitz
en particulier). Le dégel, après la mort de Staline, permit le
rapatriement d'autres Polonais restés en URSS parmi lesquels des
Ukrainiens orthodoxes (50% alors que les juifs et les catholiques ne
représentaient que 25% pour chaque groupe).
Le
5 juin 1946 fut créée l'Administration orthodoxe des Territoires
« recouvrés » (gagnés sur l'Allemagne) dont le premier
responsable était Aleksander Kalinowicz qui y entreprit la première
étape de l'organisation de l’Église. Le 15 juillet 1951
l'Administration fut transformée en diocèse dans le cadre de la
nouvelle division de la métropole dans la Pologne aux nouvelles
frontières.
En octobre
1946 les habitants orthodoxes de Vratislavie ont adressé une lettre
au métropolite Dionizy lui demandant la création d'un lieu de culte
car la plus proche paroisse était à quelques centaines de
kilomètres. Leur vœu a été exhaussé rapidement. Le 11 décembre
1946 la première messe orthodoxe a été célébrée dans une maison
particulière où l'on avait fait venir l'iconostase de l'église
saint Nicolas détruite en 1938 à Sosnowiec (Haute-Silésie, russe
avant 1914 et polonaise après la Ire
Guerre mondiale). Cet iconostase se trouve actuellement devant
l'autel latéral de la cathédrale.
En
attendant un bâtiment les orthodoxes célébraient dans l'ancienne
chapelle baptiste, partiellement endommagée par la guerre. Les
baptistes polonais réclamaient ce lieu mais acceptaient
provisoirement la présence des orthodoxes. La chapelle a été
consacrée par l’archevêque Timothée le 31 août 1948 pour
devenir le seul lieu de culte. En septembre y a été intronisé
l'évêque Michał Kalin que les autorités ont reconnu comme tel. Il
faut rappeler ici que, selon la tradition, la langue liturgique des
églises slaves est le slavon que les fidèles ne comprennent pas
forcement (cf. le latin avant le Vatican II) et que dans les églises
il n'y a pas de chaises : les fidèles restent debout pendant la
durée de la messe (parfois deux-trois heures).
L'augmentation de la population orthodoxe à
Vratislavie décida les prélats de déposer la demande afin
d'obtenir un plus grand lieu de culte. Les autorités
municipales choisirent l'église sainte Barbe dont la
reconstruction extérieure s'était achevée. La paroisse orthodoxe
recevait en 1961 un bâtiment gothique en brique rouge qu'il fallait
adapter au culte. Les travaux de rénovation (intérieure et
extérieure et d'adaptation) se sont prolongés jusqu'aux années
1990. En 1994 s'est achevée la transformation du presbytère, siège
de la paroisse et de la curie (en face), qui est une maison
historique de 1690 épargnée des destructions de 1945.
Au début des années 1960 la paroisse comptait 500
fidèles mais, suite à la création de trois autres paroisses dans
la ville, elle n'est plus fréquentée que par 150 fidèles.
Les
lecteurs attentifs et curieux se demandent où se trouve le lieu de
culte gréco-catholique. Ils pourront assouvir leur curiosité en
visitant plus tard l'église saints Vincent et Jacques.
Poursuite de la visite de la Vieille Ville (à l'ouest, au nord, au sud et à l'est du Rynek)
Point de départ: l'ancienne église sainte Barbe (actuellement la cathédrale orthodoxe)
Poursuite de la visite de la Vieille Ville (à l'ouest, au nord, au sud et à l'est du Rynek)
Point de départ: l'ancienne église sainte Barbe (actuellement la cathédrale orthodoxe)
En
sortant de l'église à droite et en suivant la rue Wszystkich
Świętych (de la Toussaint) qui, après la courbe, devient celle
d'Antoni Cieszyński vous allez longer l'ancien hôpital qui,
jusqu'en 1949 portait le même nom et dont la fondation remonte au
XVIe
siècle en tant que premier hôpital communal. L'hôpital fermé en
2007 englobait cette partie de la rue. Le terrain de 2,5 ha composé
de bâtisses en brique du XIXe
a été mis en vente. Vous allez voir les travaux et même déjà leur
résultat, de restauration et de transformation de cet ensemble en
nouveau quartier d'habitation, d'activités tertiaires et de loisir
en plein centre-ville.
C'est
un exemple de transformations économiques en Pologne après la chute
du communisme qui s'appelle « marche vers l'économie de
marché » mais qui, de fait, a été une libéralisation totale
dans beaucoup de secteurs laissant de côté certaines catégories
de populations et de quartiers. Privatisations, abandon d'activités
et de bâtiments non rentables et en piètre état voire en ruine,
manque de moyens pour l'entretien, conflits d'intérêt, corruption,
spéculation immobilière, revitalisation de quartiers, reprise du
contrôle de l'immobilier (ce que vous venez voir dans le Quartier
des quatre temples), projets novateurs et respectueux de l'habitat
ont été les étapes vers la situation actuelle. Le constat est là,
devant vous. On peut le contester, critiquer, s'en étonner mais
grâce au dynamisme des habitants, des pouvoirs locaux et aux fonds
structurels de l'Union Européenne, il est incontestable que la ville
renaît, pour la troisième fois, comme le phénix de ses aléas
historiques, politiques et naturels (cf. l'inondation de juillet
1997). Mais ne pensez pas que toute la ville est l’objet de soins
et de transformations. Il existe des quartiers plus ou moins
périphériques qui restent dans l'état d'abandon et désolation.
L’Arsenal communal
devenu musée fut d'abord un grenier. C'est un bon exemple
d'architecture civile de la fin du Moyen Age. Certaines parties
datent du XVIIe.
Frédéric II en déclarant la ville forteresse ordonna d'en faire un
entrepôt d'armes. L'institution qui appartient au Musée de la
Ville, est divisée en trois départements : le musée d'arts
militaires, le musée d'archéologie (qui a repris la tradition
prussienne de 1815 et allemande en ce qui concerne la région) et les
archives de la construction du musée d'architecture que vous allez
visiter plus tard).
Les heures d'ouverture : du mercredi au samedi de 10h à 17h et le dimanche de 10h à 18h.
La rue Nowy Świat (Neuewelt Gasse en all.) en 1946. Ces maisons sauvées du siège furent démontées et leurs briques envoyées probablement à Varsovie, à droite l'Arsenal.
Côté opposé vu de l'Arsenal en 1972-74, avant les travaux d'aménagement de l'artère est-ouest. Il ne reste plus une seule maison de ce côté.
En
sortant à gauche vous atteignez la rocade est-ouest ouverte dans les
années 1970 (ici Nowy Świat)
que vous prenez à droite en restant sur le trottoir. Vous arrivez à
la rue saint Nicolas.
Il s'agit d'une des deux artères est-ouest de la Vieille-Ville (l'autre étant
la rue Ruska) qui menaient à la porte saint Nicolas (mêmes noms en
allemand), disparue déjà au XIVe
lorsque la ville s'agrandit et avança, plus à l'ouest, ses
fortifications détruites en 1807.
Nous
vous proposons la poursuite de la visite par les rues animées ou
calmes dont certaines ont perdu leur patrimoine d'avant 1945 et
d'autres, au contraire ont conservé partiellement ou entièrement
les bâtiments historiques.
Poète, acteur, dramaturge, metteur en scène et directeur de théâtre allemand, il a souvent transcrit, à travers ses poésies, l'âme de la Silésie et fut l'ami d'Adam Mickiewicz (et son traducteur) et des Polonais. Encore un symbole pour les habitants actuels de Vratislavie qui n'ont pas de racines profondes dans cet espace géographique, et de la réconciliation germano-polonaise.
Reprenez la rue saint Nicolas. En vous approchant de l'église sainte Élisabeth, sur la gauche, remarquez un voisinage surprenant entre une maison baroque à arcades et le moderne Renaissance Business Centre. Vous croisez la rue Kiełbaśnicza (de saucisses, de 1824 à 1947, Herrenstrasse, de seigneurs).
A votre droite, elle était habitée au Moyen Age par les familles patriciennes dont certaines demeures étaient reliées à celles du côté occidental du Rynek (cf. la visite du Rynek). Aux angles existaient avant la guerre deux magasins de la famille juive, Bielschowsky.
1900-1910
1960
Confisqués par les nazis en 1934, l'un d'eux a été sauvegardé et restauré, l'autre, resté en état de squelette jusqu'aux années 1990, a été remplacé par le complexe moderne du Wratislavia Center (cf. illustrations). Vous pouvez parcourir ce bout de la rue pour voir quelques belles demeures bourgeoises bien restaurées: la Cérès au numéro 26, sur votre droite et celles en face qui communiquent avec les maisons du Rynek (numéros 2 à 5).
A
l'angle sud-ouest se trouve le bâtiment transformé récemment pour
les bureaux qui correspond à l'ancien
hôpital du saint Sépulcre,
fondé en 1411. Construit d'abord en style gothique. Dès la fin du
XVe
il était destiné aux enfants ce qui était une rareté dans le
saint Empire. La Réforme ne changea pas sa fonction de recevoir
aussi les enfants abandonnés. L’orphelinat rencontrant des
difficultés financières aux XVIIe
e XVIIIe
siècle fut détruit puis reconstruit en 1789 dans le style
classique dont la forme est encore conservée. Équipé par le riche
négociant et philanthrope, Andreas Krischke il fonctionna sous
l'administration municipale jusqu'en 1845. Après la guerre s'y logeait une école. A l'angle on peut voir la statue polychrome du
Christ ressuscité.
En
face vous voyez des maisons
restaurées
qu'autrefois longeait une rivière transformée en fossé avant
l'agrandissement de la ville au XIVe. Vous continuez après avoir
traversé la rocade est-ouest. Sur votre gauche vous voyez
aux numéro 65-68, l'immeuble de la firme fondée en 1946, Herbapol,
spécialisée dans l'herboristerie et la production de médicaments à
base de plantes. Il s'agit de l'immeuble construit par Georg Harter
pour usage multiple. Appelé parfois Viktoriahaus
sa construction en béton armé et dans le style Sécession date de
1900. C'est ici que s'installa en 1906 un des premiers cinémas de
la ville. Aryanisé, le bâtiment devint en 1942 la fabrique de
cigarettes AVIATIK-ZIGARETTENFABRIK. Observez les deux derniers
étages décorés de motifs végétaux et allégoriques et à
l'angle, la figure féminine avec un putto. En allant plus loin dans
la rue Rzeźnicza (de boucherie) vous pouvez voir d'autres bâtiments
de la même époque. Au numéros 28-31, l'ancienne
banque Vorschuss-Verein
zu Breslau
construite en 1910 dans le style néo-Renaissance. Transformée,
après la guerre, en bureau
de poste,
elle a été récemment vendue et restaurée pour devenir l'Heritage
Gates.
Le bâtiment
suivant
(numéros 32-33) fut l’œuvre des grossistes et fabricants juifs
Schlesinger&Grunbaum
qui se spécialisaient dans la confection du prêt-à-porter pour
hommes et garçons. Aryanisé, le bien devint la propriété de la
firme Mueller&Co
et après la guerre sa fonction a été continuée par l'entreprise
d’État, Intermoda.
La construction en béton armé et sans socle donne une impression de
légèreté et de dynamique. Un portail néogothique surprend dans ce
bâtiment Séceession parfaitement restauré et multifonctionnel.
Observez les masques qui ornementent la partie supérieure. Une
plaque commémorative y a été placée en 1998 pour le bicentenaire
de la naissance du poète Karl von Holtei qui avait vécu à cet
endroit entre 1865 et 1866.
Poète, acteur, dramaturge, metteur en scène et directeur de théâtre allemand, il a souvent transcrit, à travers ses poésies, l'âme de la Silésie et fut l'ami d'Adam Mickiewicz (et son traducteur) et des Polonais. Encore un symbole pour les habitants actuels de Vratislavie qui n'ont pas de racines profondes dans cet espace géographique, et de la réconciliation germano-polonaise.
Si
vous êtes fana de ce genre de construction, d'autres vous attendent
dans la rue
Ruska
(et ailleurs). Elles ont survécu à la Festung Breslau, à la
démolition de l'après guerre et au régime communiste qui les a
transformées et plus ou moins entretenues dans leurs nouvelles
fonctions. A partir des années 1990 elles ont été convoitées par
les investisseurs privés désireux de s'installer dans la partie
historique de la ville. Elles ont retrouvé leur beauté extérieure
d'antan mais leur âme n'y est plus.
Reprenez la rue saint Nicolas. En vous approchant de l'église sainte Élisabeth, sur la gauche, remarquez un voisinage surprenant entre une maison baroque à arcades et le moderne Renaissance Business Centre. Vous croisez la rue Kiełbaśnicza (de saucisses, de 1824 à 1947, Herrenstrasse, de seigneurs).
Herrenstrasse entre la Place au sel et la basilique sainte Élisabeth en 1929
L'état de la rue en 1950-60
A votre droite, elle était habitée au Moyen Age par les familles patriciennes dont certaines demeures étaient reliées à celles du côté occidental du Rynek (cf. la visite du Rynek). Aux angles existaient avant la guerre deux magasins de la famille juive, Bielschowsky.
1900-1910
1960
Confisqués par les nazis en 1934, l'un d'eux a été sauvegardé et restauré, l'autre, resté en état de squelette jusqu'aux années 1990, a été remplacé par le complexe moderne du Wratislavia Center (cf. illustrations). Vous pouvez parcourir ce bout de la rue pour voir quelques belles demeures bourgeoises bien restaurées: la Cérès au numéro 26, sur votre droite et celles en face qui communiquent avec les maisons du Rynek (numéros 2 à 5).
A
votre gauche, la rue mène vers le coin de la ville où, au Moyen
Age, se situaient les moulins au bord de l'Oder et des boucheries et
par conséquent les artisans fabriquant les saucisses. L'aspect
actuel de la rue est assez hétéroclite par l'architecture:
immeubles de rapport côtoient les résidences bourgeoises du XIXe
siècle, au numéro 20, le bâtiment
datant de la fin du XVIe
de
l'imprimerie Baumann
(famille d'imprimeurs connus pour avoir publié les manuels pour
l’École communale polonaise à Vratislavie), restauré récemment.
Prenez à droite la rue Malarska (de peintres) où vous remarquez sur votre gauche l'intéressante maison des Artzat du XVIIe. Observez les bustes aux extrémités du toit et les volutes accompagnées de motifs de feuilles de vigne. Les maisons à droite appartenaient autrefois aux bouchers. Au bout de la rue tournez à droite pour jeter un coup-d'œil à la ruelle Jatki, évoquant les boucheries médiévales qui y fonctionnaient de part et d'autre, transformée en galeries d'art. Elle communique avec la rue Kiełbaśnicza. Reprenez la rue en face pour atteindre la rue Odrzańska (de l'Oder) qui a conservé beaucoup de maisons anciennes. Elle reliait la place du marché à la porte du même nom. Puis en tournant à droite on atteignait le pont permettant le passage sur l'Oder et au-delà l'abbaye d'Olbin.
Poursuivez le tour en reprenant la rue en face à droite. C'est la rue Kotlarska (de chaudronniers) puisque les habitants de cette rue fabriquaient les ustensiles en fer. Beaucoup de ses maisons ont été détruites et leur reconstruction n'a commencé qu'au début des années 1960 mais certains pâtés ont été occupés par les immeubles modernes. C'est l'occasion de voir comment certains fragments des villes polonaises détruites ont été modifiés par le besoin croissant en logement (cf. les villes françaises bombardées par les Alliés avant le débarquement). On y a construit des parallélépipèdes (blok en polonais) séparés entre eux et entourés de verdure et place de jeux, sans respecter la structure urbanistique existante. Ce coin de la Vielle-Ville a été l'objet de modernisation et de remplissage immobilier des parcelles restées longtemps vides. Vous arrivez à la rue Kuźnicza (de forges, Platea Febrorum en latin) qui, comme son nom indique était habitée par les forgerons, près du château ducal (actuel bâtiment de l'Université) alors que son secteur près du Rynek était occupée par les serruriers. Elle formait avec la rue Świdnicka la colonne vertébrale (nord-sud) de la Vratislavie médiévale. Elle fut aussi l'endroit où logeaient, dès le XVIe siècle, les sujets du roi de Pologne. En 1550 on signale ici la Polnisches Haus (Maison polonaise), plus tard les auberges-relais comme la Stadt Warschau (ville Varsovie), Aux deux Polonais, Au Polonais rouge et surtout la dernière encore marquée dans l'entre-deux-guerre, par un panneau en polonais, Au sceptre d'or (au numéro 22, bâtiment de la chaire de philologie anglaise contenant des restes gothiques et Renaissance de l'ancien relais). Y logea en 1803 le créateur de l'hymne polonais, Józef Rybicki. En 1813, l'officier prussien, Adolf von Lützov y ouvrit le bureau d'enrôlement pour les jeunes gens enthousiastes et prêts à combattre les Français. Les recrus du Freikorps (corps francs) de Lützov y recevaient les uniformes noirs aux liserés rouges et boutons dorés (couleurs de l'Allemagne républicaine). La partie menant au Rynek est assez bien conservée alors que celle qui conduit à l'Université fut très endommagée.
Prenez à droite la rue Malarska (de peintres) où vous remarquez sur votre gauche l'intéressante maison des Artzat du XVIIe. Observez les bustes aux extrémités du toit et les volutes accompagnées de motifs de feuilles de vigne. Les maisons à droite appartenaient autrefois aux bouchers. Au bout de la rue tournez à droite pour jeter un coup-d'œil à la ruelle Jatki, évoquant les boucheries médiévales qui y fonctionnaient de part et d'autre, transformée en galeries d'art. Elle communique avec la rue Kiełbaśnicza. Reprenez la rue en face pour atteindre la rue Odrzańska (de l'Oder) qui a conservé beaucoup de maisons anciennes. Elle reliait la place du marché à la porte du même nom. Puis en tournant à droite on atteignait le pont permettant le passage sur l'Oder et au-delà l'abbaye d'Olbin.
ulica Malarska (Maler Gasse) 1900-1915, vue depuis la rue de l'Oder
Poursuivez le tour en reprenant la rue en face à droite. C'est la rue Kotlarska (de chaudronniers) puisque les habitants de cette rue fabriquaient les ustensiles en fer. Beaucoup de ses maisons ont été détruites et leur reconstruction n'a commencé qu'au début des années 1960 mais certains pâtés ont été occupés par les immeubles modernes. C'est l'occasion de voir comment certains fragments des villes polonaises détruites ont été modifiés par le besoin croissant en logement (cf. les villes françaises bombardées par les Alliés avant le débarquement). On y a construit des parallélépipèdes (blok en polonais) séparés entre eux et entourés de verdure et place de jeux, sans respecter la structure urbanistique existante. Ce coin de la Vielle-Ville a été l'objet de modernisation et de remplissage immobilier des parcelles restées longtemps vides. Vous arrivez à la rue Kuźnicza (de forges, Platea Febrorum en latin) qui, comme son nom indique était habitée par les forgerons, près du château ducal (actuel bâtiment de l'Université) alors que son secteur près du Rynek était occupée par les serruriers. Elle formait avec la rue Świdnicka la colonne vertébrale (nord-sud) de la Vratislavie médiévale. Elle fut aussi l'endroit où logeaient, dès le XVIe siècle, les sujets du roi de Pologne. En 1550 on signale ici la Polnisches Haus (Maison polonaise), plus tard les auberges-relais comme la Stadt Warschau (ville Varsovie), Aux deux Polonais, Au Polonais rouge et surtout la dernière encore marquée dans l'entre-deux-guerre, par un panneau en polonais, Au sceptre d'or (au numéro 22, bâtiment de la chaire de philologie anglaise contenant des restes gothiques et Renaissance de l'ancien relais). Y logea en 1803 le créateur de l'hymne polonais, Józef Rybicki. En 1813, l'officier prussien, Adolf von Lützov y ouvrit le bureau d'enrôlement pour les jeunes gens enthousiastes et prêts à combattre les Français. Les recrus du Freikorps (corps francs) de Lützov y recevaient les uniformes noirs aux liserés rouges et boutons dorés (couleurs de l'Allemagne républicaine). La partie menant au Rynek est assez bien conservée alors que celle qui conduit à l'Université fut très endommagée.
Au
numéro 12 reste debout intacte malgré les destructions des
alentours la maison A l'heaume d'argent
sur laquelle débouche la rue Igielna (d'aiguille). Sa façade aux
fenêtres séparées par des bas-reliefs ne manque pas d’élégance.
Au premier ils évoquent l'art militaire, au second, ils représentent
des guirlandes de feuilles et fleurs et ceux au troisième, de
fruits. Le sommet est décoré d'un buste resté intact en 1945.
Continuez
la parcours et vous arrivez à la rue
Szewska
(de cordonniers). Elle est aussi une vieille artère médiévale
habitée par les membres de la guilde qui avait reçu l'acte de
fondation du duc Henri IV le Juste en 1273. La rue se terminait au
nord (à votre gauche) par la porte saint Matthieu, devant laquelle
l'Ordre
des croisés à l'étoile rouge
construisit au XIVe un hôpital qui fut détruit au XVIIe
pour y ériger son siège vratislavien sous forme d'un palais
baroque (aujourd'hui
le bâtiment abrite la Fondation
Ossoliński
transférées de Leopol après la guerre). Devant le palais, une
collégiale
gothique saint Matthieu
(fondation comme l'hôpital, de la veuve d'Henri II le Pieux et la
figure
du très populaire saint tchèque, Jean
Népomucène
(1723, de Johann Georg Urbansky, sculpteur originaire de Bohême,
très actif à Vratislavie). L'église construite sur le plan en
croix latine possède deux autels latéraux baroques et une chaire
Renaissance. Dans la crypte fut enterré Johannes Angelus Silesius.
Angelus
Silesius (1624-1677) fut élevé dans le luthéranisme. Fils de
Stanislas Scheffler, noble d'origine polonaise, il commença ses
études au St. Elisabeth-Gymnasium à Vratislavie, ensuite la
médecine et les sciences à l'université de Strasbourg - alors
luthérienne. De 1644 à 1647, il fut élève à l'université de
Leyde, où il découvrit l’œuvre de Jacob Böhme et fréquenta un
des amis de ce dernier, Abraham von Franckenberg, qui l'initia
probablement à la Kabbale, à l'alchimie, à l'hermétisme et lui
fit rencontrer certains écrivains mystiques vivant à Amsterdam.
Franckenberg avait rassemblé les œuvres complètes de Böhme à
l'époque où Scheffler vivait aux Provinces Unies. La République
accueillait à l'époque de nombreux groupes religieux dissidents,
ainsi des mystiques et des universitaires persécutés ailleurs en
Europe. Scheffler termina ses études à l'université de Padoue, où
il fut reçu docteur en philosophie et en médecine en 1648, avant de
rentrer dans sa région natale. Poète, médecin, théologien et
mystique de langue allemande, influencé fortement par Abraham von
Franckenberg, son mentor et protecteur auprès du duc de
Württemberg-Oels dont Angelus Silesius devint le médecin. Son
mysticisme et ses critiques de la doctrine luthérienne (en
particulier de la confession d'Augsbourg) entraînèrent des tensions
avec le duc (luthérien dévot) et certains membres de la cour
ducale. Scheffler commença par ailleurs à cette époque à avoir
des visions mystiques ; une partie du clergé luthérien le
considérait comme un hérétique. À la mort de Franckenberg, en
1652, Scheffler démissionna de son poste - peut-être sous la
contrainte - et se plaça sous la protection de l'Église catholique.
En 1652 il retourna à Vratislavie où il devint médecin dans le
couvent de l'Ordre des croisés de l'étoile rouge auprès de
l'église saint Matthieu. C'est ici qu'il se convertit au
catholicisme en prenant le nom d'Angelus. Il participa activement à
la Contre-Réforme et fut attaqué par les protestants menaçant en
tant que noble polonais de demander la protection du roi. En 1654 il
fut nommé médecin de l'empereur Ferdinand III. En 1661 il reçut,
ayant la dispense papale, le sacrement de prêtrise à Nysa. Il
exigeait la recatholisation de la Silésie. Et il devint le
conseiller et le maréchal de la cour épiscopale. Ses dernières 10
années furent consacrées à la vie dans le couvent saint Matthieu
où il s'occupa en tant que médecin du corps et de l'âme de
pauvres.
Sa
principale œuvre de polémique est la Conviction
morale motivée ou démonstration selon laquelle l'on pourrait et
devrait contraindre les hérétiques à la vraie foi
(publié en 1673).
Très
lu par les poètes et philosophes de culture allemande dès le XIXe
siècle, son influence posthume s'étend jusqu'à Rilke, Schopenhauer
et Heidegger.
Ces
deux vers sont au centre de la pensée heideggerienne :
« La rose est sans pourquoi, elle fleurit parce qu'elle fleurit,
N'a pour elle-même aucun soin, – ne demande pas : suis-je regardée ? »
A
votre droite vous voyez l'église
de la Madeleine
que vous avez déjà visitée (cf. la ville vue d'en haut). En arrivant à la rue
Wita Stwosza (Albrechtsstrasse),
tournez à gauche pour vous diriger vers la place Dominikański (des Dominicains)
. A droite, au numéro 12, le palais des princes Hohenlohe est exemple unique à Vratislavie du style néo-classique pur de la fin du XVIIIe, importé de France au royaume de Prusse. Le bâtiment a subi tout de même des modifications aux XIXe et XXe siècles. A l'angle, à la place du restaurant Piramida, se trouvait le Wiener Café Royal. Plus loin, à gauche, deux bâtiments peuvent attirer votre attention. Aux numéros 33-35, l’ancienne Schlesischer Bankverein (Goldene Muschel), aujourd'hui, le siège de la banque PKO Bank Polski (caisse d'épargne) datant de 1899 (visible au dessus de l'entrée de la Société bancaire de Silésie) et 31-32. L'ancien palais des Hatzfeld était le plus bel hôtel particulier de la ville. Gravement endommagé, ce bâtiment néo-classique datant de 1765-1773 est l’œuvre de l'architecte français d'origine italienne, Isidore Ganneval, très actif à Vienne et Budapest. Il fut le siège du Oberpräsidium de Silésie jusqu'à 1945. Il devait être restauré des destructions puis dans les années 1960 il a été partiellement démonté et réduit au rez-de-chaussée et à la mezzanine et transformé en salle d'exposition.
. A droite, au numéro 12, le palais des princes Hohenlohe est exemple unique à Vratislavie du style néo-classique pur de la fin du XVIIIe, importé de France au royaume de Prusse. Le bâtiment a subi tout de même des modifications aux XIXe et XXe siècles. A l'angle, à la place du restaurant Piramida, se trouvait le Wiener Café Royal. Plus loin, à gauche, deux bâtiments peuvent attirer votre attention. Aux numéros 33-35, l’ancienne Schlesischer Bankverein (Goldene Muschel), aujourd'hui, le siège de la banque PKO Bank Polski (caisse d'épargne) datant de 1899 (visible au dessus de l'entrée de la Société bancaire de Silésie) et 31-32. L'ancien palais des Hatzfeld était le plus bel hôtel particulier de la ville. Gravement endommagé, ce bâtiment néo-classique datant de 1765-1773 est l’œuvre de l'architecte français d'origine italienne, Isidore Ganneval, très actif à Vienne et Budapest. Il fut le siège du Oberpräsidium de Silésie jusqu'à 1945. Il devait être restauré des destructions puis dans les années 1960 il a été partiellement démonté et réduit au rez-de-chaussée et à la mezzanine et transformé en salle d'exposition.
Albrechtsstrasse 1909 (au fond à droite le bâtiment de la Poste centrale, détruit après la 2GM)
Albrechtsstrasse (Wita Stwosza) à gauche le palais des Hatzfeld, au fond l'église saint Adalbert (avant la 2GM)
Vous
débouchez sur l'église
saint Adalbert
de
Prague,
le couvent dominicain et la place du même nom (plac Dominikański).
Cette dernière était beaucoup plus petite que l'actuelle qui n'est
que le résultat des destructions de 1945 et des démolitions qui ont
suivi la prise de la ville par les autorités polonaises. Les
vieilles maisons médiévales au bord de ruelles furent rasées lors
de bombardements soviétiques au phosphore ou dynamitées (pas loin,
au sous-sol de la nouvelle place du marché, rasée aussi, un des
principaux bunkers de la Festung Breslau). La Poste centrale, à
l'angle de Wita Stwosza (à votre gauche), brûlée mais dont les
murs étaient debout, a été démolie au début des années 1950.
Selon le bruit couru son architecture était trop prussienne (de fait
dans le style néo-baroque) mais en réalité la décision venait du
manque de moyens pour sa reconstruction. Ses briques et pierres ont
été envoyées à Varsovie que toute la nation devait reconstruire
(cf. Histoire
de la ville).
Entre 1951 et 1989 la place portait de nom du révolutionnaire
polonais, Félix Djerjinski!
La
première église
saint Adalbert
date du XIIe
siècle et se trouvait encore en dehors des fortifications. En 1226
elle fut donnée aux Dominicains de Cracovie qui entreprirent, par
étapes, la construction gothique à deux nefs. Au XIVe le temple
commençait à prendre la forme actuelle. Les périodes suivantes ont
rajouté les chapelles et le décor baroques. En 1810 la
sécularisation des ordres la transforma église paroissiale. Elle
fut restaurée entre 1915-17. Détruite à 70-75% en 1945, elle a été
progressivement remise en état (46-48, 53-55 et à partir de 1981
reconstruite). La chapelle
du bienheureux Czesław Odrowąż
(disciple de saint Dominique), visible de l'extérieur, vaut l'entrée
dans l'église. Construite entre 1715–1730 la chapelle qui contient
son tombeau est restée intacte lors du siège.
La
place actuelle est occupée par un hôtel et une galerie marchande où
vous pouvez constater la globalisation à marche forcée... et y
faire des emplettes voire vous reposer sur une chaise d'observation
car l'endroit est devenu depuis sa construction un lieu de passage
obligé. Pour ceux qui préfèrent du calme et aspirent au repos, la
rue qui longe l'église possède un endroit particulier: l'ancienne
église sainte Catherine
et ses dépendances conventuelles dominicaines reconstruites dans les
années 1975-1980 et transformées pour usage laïc : cafés,
restaurants, Théâtre du chant de bouc, salles d'expositions et de
concerts (Stary Klasztor).
Site
du théâtre - http://piesnkozla.pl/en/o-nas/
Site
du Stary Klasztor - http://www.staryklasztor.com.pl/
Derrière
l'église saint Adalbert se trouvent trois institutions qui valent la
peine d'être visitées. Vous contournez l'ensemble par la rue de Jan
Evangelista Purkyně
(principale rue de la Nouvelle Ville dont le particularisme fut vite
annulé et elle fut englobée dans la Vieille-Ville) ou
par la place en suivant le trottoir de l'église saint Adalbert et en
traversant la première rue pour atteindre la rue Bernardyńska. Le
Musée
d'architecture
(numéro 5) occupe l'ancien couvent et l'église des Bernardins
(Franciscains observants). L'ordre de saint Bernard de Sienne fut
amené à Vratislavie en 1453 par le le moine italien, Jean de
Capistran qui avait été envoyé par le pape Nicolas V en tant
qu'inquisiteur pour combattre les vices et les hérésies en Europe
centrale. Il reçut du conseil municipal un terrain pour y construire
un couvent afin d'installer les 30 jeunes recrus. En 1517 l'ensemble
fut achevé mais les Bernardins ne séjournèrent dans la ville que
70 ans. En conflit avec les Franciscains réformés de saint Jacques
et le conseil ils furent expulsés et leurs bâtiments conventuels,
transformés en hôpital tandis que leur église, donnée aux
luthériens. Bombardé, l'ensemble a été reconstruit et adapté aux
nouveaux besoins (1956-1974). C'est le seul musée de ce type en
Pologne. Il propose une collection d'éléments d'architecture et de
sculpture, provenant des bâtiments non existants de la ville et la
région en tant qu'objets d'artisanat spécifique, et de
documentation photographique. L'ensemble des tendances dans
l'architecture vratislavienne sur 1000 ans est exposé de manière
claire et instructive.
Ouvert tous les jours à l’exception du lundi comme suit : mardi, vendredi, samedi, dimanche (11-17h), mercredi (10-16h), jeudi (12-19h).
En
revenant à la rue Jan Evangelista Purkyně
à droite vous tombez sur un bâtiment circulaire dont la conception
des années 1950 a été réalisée seulement à la fin des années
1970 pour des raisons politiques. Le Panorama
de Racławice
est une fresque picturale panoramique de 114 mètres pour 15 mètres
de hauteur retraçant la bataille de Racławice durant l'insurrection
de Kościuszko en 1794.
Mais
les vicissitudes des relations entre les autorités communistes
polonaises et leurs frères et décideurs soviétiques n'ont permis
l'ouverture de l'exposition qu'après les événements de 1980-81
(changement d'équipe dirigeante et création de Solidarność).
Les travaux du bâtiment ont repris mais la situation catastrophique
de l'économie polonaise et de l'état de conservation des toiles a
retardé l'ouverture
qui n'a eu lieu qu'en 1985.
C'est
l'une des rares œuvres de ce type (datant du XIXe siècle)
encore préservée, et la plus ancienne en Pologne. Le panorama est
exposé dans une salle cylindrique, dont le centre accueille les
spectateurs. Il représente différentes scènes sous plusieurs
angles de vue. Le style de perspective utilisé dans la peinture, et
les effets rajoutés de lumière et de terrain artificiel, créent
une sensation d'immersion dans la scène.L'idée revient au peintre Jan Styka, qui invita le peintre de bataille de renom Wojciech Kossak à prendre part à ce projet. Ils furent assistés par Ludwik Boller, Tadeusz Popiel, Zygmunt Rozwadowski, Teodor Axentowicz, Włodzimierz Tetmajer, Wincenty Wodzinowski, et Michał Sozański. La totalité du panorama, de plus de mille sept cents mètres carrés, fut réalisée en neuf mois, entre août 1893 et mai 1894, et sa première présentation eut lieu le 5 juin 1894, lors de l'Exposition universelle de Galicie à Leopol (Lwów, actuellement en Ukraine), attirant une foule immense de curieux et de touristes ainsi le l'empereur François-Joseph et sa famille. Deux ans plus tard il fut transporté et exposé à Budapest où, pendant un an, 800 000 Hongrois vinrent le voir en s'identifiant aux Polonais dans leur lutte contre l'envahisseur russe. C'est cette victoire, plus symbolique que stratégique qui fut le sujet délicat dans les relations polono-soviétiques (russes).
L'oeuvre
fut restituée par l'URSS en 1946 pour reprendre une nouvelle vie à
Vratislavie.
Le
Musée
national
dont dépend le panorama se trouve plus loin, à droite. Il occupe
l'ancien siège des autorités prussiennes pour le district de la
Silésie centrale (Regierungsbezirk Breslau) datant des années
1883-86, construit comme premier en Allemagne dans le style
néo-Renaissance néerlandais. Il présente au rez-de-chaussée une
collection de sculptures en pierre de la Silésie (XIIe
-XVIe),
au premier étage, l'art de la Silésie (XIVe-XVIe
et XVIe-XIXe),
au second étage, l'art polonais (XVIIe-XIXe),
européen (XVe-XXe)
ainsi que l'art de l'Orient et au dernier, l'art contemporain
polonais.
Certains
objets proviennent des institutions prussiennes et allemandes comme
le Musée royal d'art et d'antiquités (Königliches
Museum für Kunst und Altertümer),
Musée silésien des beaux arts (Schlesisches
Museum der bildenden Künste)
et Musée silésien d'art industriel et d'antiquités (Schlesisches
Museum für Kunstgewerbe und Altertümer).
Elles n'existent plus, leurs collections ainsi que les objets d'art
présents dans les églises furent dispersés à travers toute la
Silésie et mis à l'abri. Certains objets ont été sauvés par les
Allemands et se sont retrouvés à l'ouest, d'autres furent victimes
de combats, de destruction et vol par les soldats soviétiques, les
vandales et pillards.
Les
objets sauvés de la guerre ont souvent été envoyés dans les
musées de Varsovie, Cracovie et Poznań afin d'effacer le passé
allemand sur place. Depuis 1989 ils commencent à retourner à
Vratislavie. La collection d'art polonais provient des collections de
Leopol et Kiev. La collection d'art contemporain est parmi les plus
grandes de Pologne.
Dans
la collection d'art européen on peut voir les œuvres d'Antonio
Bronzino, Pieter Brueghel le Jeune, Wassily Kandinsky.
Ouverture:
du mardi au vendredi (10-16h), samedi, dimanche (10-17h) du 1 octobre
au 31 mars et une heure de plus du 1er avril au 30 septembre.
Comme
la baie de gondoles est juste derrière le musée vous pouvez
profiter pour faire un tour sur le fleuve. Sinon une ballade à
travers le parc (piste cyclable) vous conduira le long du fleuve à
la place Nankiera (cf. Histoire
de la ville)
en tournant à gauche. Sur votre gauche la Halle
de marché
n. 1 (les trois autres n'ont pas survécu à la guerre et aux
démolitions postérieures), construite par deux architectes Richard
Plüddemann et Heinrich Küster (1906-08). Le bâtiment, qui était
censée accueillir tout le commerce à l'extérieur, par son aspect
(le style néo-gothique, la tour évoquant les fortifications
démolies) et par sa conception innovatrice (éléments porteurs de
forme parabolique en béton armé), peut vous intéresser. La bourse
d'Amsterdam (Bourse de Berlage) lui a servi de modèle. D'ailleurs si
vous regardez le plan de la capitale hollandaise vous constaterez une
ressemblance surprenante avec le site de la Vratislavie médiévale,
les caneaux mis à part. De plus, en entrant vous pouvez y acheter
des produits frais et autres victuailles pour pouvoir continuer votre
visite.
Vous êtes dans l'ancienne
Nouvelle Ville (Neustadt), résultat de la fondation du XIIIe siècle
en tant qu'un ensemble séparé de la Vieille-Ville (pas pour longtemps) et
premier plan urbanistique en damier. Au centre de cette partie, le Nouveau
Marché (Neumark) dont il ne
reste que le bâtiment public datant de la Ire Guerre mondiale qui,
relié au palais des Hatzfeld (cf. ci-dessus), faisait partie du complexe administratif
de la province (Oberpräsidium). La place, que vous pouvez atteindre en
avançant vers le sud, fut presque totalement détruite et même si quelques
maisons restaient encore debout leur sort fut scellé par les démolisseurs des
années 1947-1950. Elle a été entourée par les immeubles d'habitation dans les
années 1960 qui ont complètement changé son caractère commercial. Elle est
devenue une sorte de cité, quasi morte le soir. Le bâtiment épargné sur le côté
sud abrite l'administration municipale.
La place du Nouveau Marché 1904 (au fond l"église de la Madeleine)
L'état de la place en 1945-48 au premier plan l'entrée du bunker antiaérien de Festung Breslau
Années 1955-60: la place a retrouvé sa fonction de marché paysan sans cadre architectural détruit ou démoli
Nouveau cadre architectural du milieu des années 1960
La place fut le centre de la vie active pendant 7 siècles: artisans,
marchands et négociants de la Hanse allemands, wallons, juifs et polonais
côtoyaient ici les paysans venus vendre leurs produits. Elle était traversée
par la grande route commerciale nord-sud reliant la mer Baltique à la
Méditerranée. Vous venez de voir le Pont de sable (most Piaskowy) qui permettait et contrôlait
le passage sur le fleuve. L'habitat en bois de la place était progressivement
transformé en brique. Plusieurs fois détruite par incendies et bombardements,
elle renaissait à chaque fois grâce à son importance économique. En 1455, 27
maisons furent détruites par le feu, en 1534, la place fut pavée avec les matériaux
provenant de l'abbaye d'Olbin, en 1592 un puits y fut creusé qui allait
recevoir, en 1732, la forme de statue de Neptune. Pendant la guerre des Trente
Ans encore une incendie détruisit l'habitat qui, reconstruit, fut de nouveau
bombardé lors de la dernière guerre de Silésie (1760). Durant la période
prussienne la place perdit son rôle commercial. En 1908 le marché fut transféré
dans la halle voisine. Au début de la IIe Guerre mondiale, les
Allemands construisirent dans le sous-sol le bunker antiaérien autour duquel
circulaient des histoires sur les soirées de débauche organisées par le
Gauleiter Hanke, maître absolu pendant le siège de la ville en 1945.
Après la guerre et jusqu'au début des années 1960, l'endroit
fonctionnait comme un marché à ciel ouvert. A côté des pillards tentant de
vendre leur prise (d'où le nom de Szaberplac,
szaber étant un mot yiddish signifiant casse, vol et qui était très répandu
dans le ghetto de Varsovie puis dans les territoires anciennement allemands, « recouvrés »
par la Pologne, et qui consistait à entrer dans les maisons et appartements
abandonnées par les Allemands en fuite), les paysans des environs vendaient
leur production dans les étales au
milieu de la boue et des animaux vivants.
A partir des années 2000 un débat animait les habitants et les
autorités quant à l'avenir de la place : fallait-il détruire les blocs
d’habitation de l'époque communiste ou au contraire, les conserver comme
témoins et monument caractéristique de l'époque révolue. Finalement, les blocs
et la place ont été rénovés et un parking souterrain aménagé dans le cadre de
la revitalisation de ce quartier central si proche du Rynek.
En revenant sur vos pas vous
voyez un des bâtiments de l'Université (ancien
couvent franciscain puis des Prémontrés venus de l'abbaye d'Olbin, détruite par les autorités
municipales) et l'église saints Vincent et Jacques. Si le bâtiment conventuel fut victime de la
sécularisation de 1810, l'église devint paroissiale jusqu'en 1991. Sa fonction
d'être l'église de garnison (pendant les travaux de reconstruction après
l'incendie, de l'église sainte Élisabeth) a été abandonnée en 1997 pour le
culte gréco-catholique sur la décision de Jean-Paul II.
La population transférée
d'origine ukrainienne (cf. ci-dessus la partie consacrée à la cathédrale
orthodoxe du Quartier des quatre temples). C'est une construction gothique remontant au XIIIe
et fondée par le duc, Henri II le Pieux dont le corps fut enterré, après la
bataille de Legnica. Son cadavre (décapité par les Tatares) fut emmené en 1944
par les scientifiques allemands et soumis aux tests en vue de prouver ses
origines aryennes. Durant le siège de 1945 le cadavre a disparu.
L'église subit de nombreuses
modifications à la fin du Moyen Age et au XVIIIe lorsqu'on a rajouté
la chapelle sainte Barbe et surtout la chapelle funéraire- mausolée de
l’orgueilleux abbé Ferdinand von Hochberg, tout récemment restaurée.
Quant au couvent, aujourd'hui
le siège de l'Institut de philologie polonaise, il est intéressant de signaler
que c'est un moine franciscain appelé Benoît de Pologne qui entama d'ici l'une
des plus grande expéditions jusqu'à la cour du Grand Khan de l'Empire mongol en
1245-1247. Il accompagna Jean de Plan Carpin dans son voyage en tant que
délégué du pape Innocent IV.
Le bâtiment actuel est
l'ancien couvent des Prémontrés qui s'installèrent ici en 1530 à la place des
Franciscains. Ces derniers arrivèrent à cet endroit en 1240 et construisirent
leur résidence à Vratislavie sous le patronat de saint Jacques. Il ne reste de
leur passé que l'église que vous allez visiter. Transférés dans le « Quartier
des quatre temples » suite à la compétition avec
leurs frères observants (Bernardins) et au conflit avec les dirigeants de la
ville en train de passer à la Réforme.
Les Prémontrés (ordre augustinien), eux-mêmes chassés de leur abbaye
d'Olbin, transformèrent les bâtiments
conventuels d'abord dans le style Renaissance au début du XVIIe puis
baroque. Le couvent organisé autour d'un patio à trois ailes de trois niveaux
et, à côté, un véritable palais pour la résidence du dignitaire ecclésiastique.
La patte baroque est visible de l'extérieur mais on peut entrer dans l'Institut
de philologie.
On sait peu sur la vie de Benoît au-delà du récit du voyage. Le
monastère franciscain de Vratislavie où il résidait fut le premier arrêt
important de la mission de Jean de Plan Carpin après son départ de Lyon en
avril 1245. Benoît qui parlait le vieux slave fut choisi comme interprète pour
accompagner la mission. Il faut rappeler que les troupes tatares de la Horde
d'Or avaient tenté de s'emparer de l'Europe (cf. la bataille de Legnica dans Histoire de la ville) et le duc de Vratislavie,
Henri II le Pieux, y trouva la mort. Les
Mongols étaient aux portes de Trieste en 1242 d'où pour des raisons inconnues elles
rebroussèrent chemin. Le Grand Khan,
Ögedeï, venait de mourir. Batu, le khan de la Horde d'Or et petit-fils de
Gengis Khan, voulait avoir un mot à dire sur le choix du grand chef des
Mongols.
Face aux dangers qui pesaient sur l'Europe, entre autres,
aux rivalités entre les princes chrétiens, le nouveau pape, Innocent IV, voyant
ses appels à la croisade contre les Tatares vains, décida de prendre contact
directe avec les Mongols. La mission fut confiée aux Franciscains et aux
Dominicains qui menaient une intensive mission d'évangélisation à l'est de
l'Europe. Afin d'augmenter les chances d'atteindre l'objectif, il envoya quatre
ambassades (légations) : deux dominicaines et deux franciscaines qui
devaient emprunter les chemins différents. Le but fut atteint par une seule,
celle qui avait choisi la route septentrionale en passant par l’Ukraine
actuelle, dirigée par un diplomate expérimenté,
Giovannni da Pian del Carpine, disciple et compagnon de saint François
d'Assise et le provincial supérieur de l'ordre en Pologne. Il y avait séjourné
plusieurs années et n'ignorait pas la langue du pays. Après la défaite de
Legnica, il se rendit à Rome et c'est à la cour papale qu'il plaida la cause de
sauver l'Europe de la menace mongole. Il proposa au pape de prendre dans son
expédition le moine polonais qui pourrait servir de guide, secrétaire,
interprète et expert de la langue et des us et coutumes des Ruthènes (Russines
de Kiev et non Russes de Moscou). Il était probable d'utiliser comme
intermédiaires ses prisonniers ruthènes
à la cour du Khan. Certains historiens pensent que Benoît connaissait la
langue mongole grâce au contact avec les prisonniers mongols pris par les
princes silésiens un mois auparavant.
Les buts recherchés par le pape étaient multiples dont la conversion
khan au christianisme et une alliance contre les musulmans au Levant. La mission ayant le caractère religieux, politique, diplomatique,
d’espionnage et de découverte, commença le 15 avril 1245 à Lyon où se
déroulaient les préparatifs pour le concile. Ce jour-là Jean di Piano Carpini
entama à 63 ans son voyage à dos d'âne pour porter la lettre du pape au Grand
Khan. Il choisit comme compagnon de voyage, frère Štefan (Stephanus) de Bohême. Ayant traversé les
Alpes ils atteignirent Prague où ils furent reçu par le roi Wenceslas. Ils y
furent rejoints par frère tchèque Czesław, tandis qu'à Vratislavie, par
Benedictus Polacus et un autre franciscain, C. de Bridia (mentionné comme tel
sans que l'on sache son origine- Brzeg, Bardo en Pologne ou Bréda du Brabant,
d'où venaient certains colons en Silésie). La mission quitta Vratislavie en novembre pour se diriger vers Cracovie (où
les Franciscains rencontrèrent le prince ruthène, Wasylko Romanowitch, vassal
de la Horde d'Or) puis vers Łęczyca, la capitale du duc de Mazovie, Conrad, où
ils prirent langue avec des guides venus de la Rus'. De là, accompagnés déjà du
serviteur du prince de Volhynie et chargés de cadeaux (essentiellement des
fourrures) ils se rendirent à Kiev en plein hiver 1245/46 en empruntant la
route commerciale qui passait par la Volhynie et qui était souvent attaquée par
les Lituaniens. Tombés malades, incapable de se tenir sur la selle, transportés
sur les traîneaux, ils furent témoins de destructions tatares (bourgs
incendiés, squelettes entassés). Fin janvier ils étaient dans la capitale,
ville qui se relevait de la dernière visite tartare et dont le prince était le
vassal de la Horde d'Or. Le 3 février les Franciscains quittaient Kiev équipés
de nouveaux chevaux, mongols et mieux adaptés aux hivers de la steppe
asiatique. 20 jours plus tard, ils étaient à Kaniov, au sud de Kiev, au bord du
Dniepr. Là, ils entraient sur le territoire directement administré par les
Mongols et c'est là que le frère Stephanus abandonna la mission. Après la
traversée du fleuve ils le longèrent jusqu'au campement militaire tatar à 90 km
de l'embouchure. La mission fondait comme la neige alors qu'il faisait très
froid car les guides ruthènes prenaient rebroussaient le chemin et les frères
se retrouvèrent quasi seuls. La première rencontre faillit mal se
terminer : les avant-postes mongols les prirent pour espions. Mais après
les explications les Franciscains obtinrent une escorte jusqu'à Astrakhan où
séjournait Batu, le khan de la Horde d'Or avec ses 60 000 combattants.
Ainsi se rendirent-ils à Saraj Berke, la tout nouvelle capitale du
khanat après avoir suivi la côte de la mer d'Azov et traversé la steppe des
Coumans, peuple turc qui, mélangé aux Mongols donna naissance aux Tatares de
Crimée mais aussi aux Kazakhs et des Gagaouzes en Moldavie (et ils sont
associés aux célèbres Danses
polovtsiennes de l'opéra Le Prince
Igor d'Alexandre Borodine).
Mais revenons à nos moines qui le 4 avril virent à Saraj Breke une
immense armée qui devait laisser aux moines cette impression de ville plus
grande que Paris ou Florence. De là ils atteignirent Astrakhan où ils furent
reçus le 7 avril par Batu à qui ils offrirent les "cadeaux poilus" (fourrures). Le khan les
autorisa à poursuivre le voyage à condition qu'ils se séparassent en deux
groupes. Czesław et C. de Bridia
retournèrent à Saraj tandis que Jean di
Piano Carpini et son secrétaire, Benoît de Pologne entamèrent le jour de Pâques
(il fallait avoir la foi) le voyage long de 5000 kilomètres, après avoir obtenu
le firman leur garantissant la protection du khan, les chevaux frais et les
traducteurs de ruthène. Ils mirent trois mois et demi pour atteindre le
Karakorum, capitale de l'empire jusqu'au choix par Kubilai Khan de Khanbalik
(actuelle Pékin) vers 1260. Ils traversèrent les immensités asiatiques durant
le jour comme la nuit en changeant les chevaux trois, quatre fois par jour
voire six à sept fois.
Il est difficile d'établir le tracé de leur expédition et ce malgré une
description détaillée réalisée par Benoît, car les noms topographiques ont
changé depuis. On peut seulement admettre qu'ils parcoururent le Kazakhstan
actuel, l’Ouzbékistan (mer d'Aral, la Syr-Daria), de nouveau le Kazakhstan (lac
Balkhach et région de Jetyssou plus à l'est) et l'actuelle région autonome
ouïgour du Xinjiang et le plateau mongol dont le désert de Gobie. Profitant de
relais de poste pour les chevaux et la nourriture composée essentiellement de
millet, les moines, épuisés et amaigris, atteignirent à la sainte Madeleine (22
juillet 1246) la résidence d'été du Grand Khan, Syra Orda au bord de la
rivière Orhon, dans la capitale de l'Empire, Karakorum. Une longue attente ne
leur permit pas de se restaurer et retrouver esprit, les Mongols réunis en
khuriltai procédaient à l'élection du nouvel « empereur » et nos deux
braves moines, mal traités faillirent mourir de faim. Un orfèvre ruthène,
Kuzma, les approvisionna et les envoya au
palais de la régente depuis la mort du khagan en 1241. L'aristocratie mongole
élut Güyük, fils d’Ögödei, troisième fils
de Gengis Khan et de son épouse principale Börte. Sa mère Töregene ayant assumé
la régence après la mort d’Ögödei (1241-1246). Les ambassadeurs du pape furent témoins de
terribles précipitations et inondations qui
frappèrent la région mais cela ne les empêcha pas de profiter de quatre mois de
séjour à la cour du nouveau khagan pour apprendre un peu la langue et communiquer, et d'entrer en
contact avec les ambassades du califat de Bagdad, du sultanat de Dehli, du
royaume de Géorgie, de Corée et de Chine qui étaient venues rendre l'hommage et
apporter le tribut et les cadeaux. L'intronisation de l'empereur comme
l'appellent les Franciscains dans le récit, dura une semaine à partir du 24
août. Carpini et Benoît la décrivent avec beaucoup d'étonnement quant à la richesse,
le caractère mufti-ethnique, aux réjouissances qui se déroulaient sous une
immense tente au fond de laquelle était dressé un trône en en ivoire. Le
khagan, homme d'une quarantaine et de taille moyenne, leur paraissait fort
intelligent, prudent, sérieux et noble. Et c'est à cette occasion qu'ils furent reçus
par Güyük pour la première fois. Une deuxième audience eut
lieu le 11 novembre lors de laquelle ils lui offrirent le peu de cadeaux qui
leur restaient de la distribution qu'ils avaient dû faire aux dignitaires
locaux rencontrés pendant leur long voyage. Ils lui lirent la lettre du pape et
prononcèrent quelques prêches sans grand effet. La réponse du khagun à l'appel
du pape fut négative et le chef de l'Eglise fut invité à se présenter avec les
princes chrétiens pour lui rendre hommage et prêter le serment de fidélité. En
échange ils garantissait la paix et la renonciation aux attaques de ses armées.
Deux jours plus tard, les ambassadeurs du pape reçurent une lettre rédigée en
quatre langues (mongole, perse, turque et latine) qui confirmait la position du
Grand Khan qui s'y proclama l'empereur de tous les croyants. Il s'y indignait
de l'idée de l'Occident de considérer sa religion comme la seule vraie et de
mépriser celle des autres. Selon lui, on ne savait pas à qui Dieu destinait sa
grâce. Ce même jour, après avoir obtenu la permission de retour, les
ambassadeurs
quittèrent le capitale mongole pour rejoindre l'Europe. Leur périple dura 1 an
et 5 jours avec les mêmes problèmes et les incommodités de l'hiver rude d'Asie
centrale tout en prenant des notes de leurs observations concernant les pays
traversés et les peuples rencontrés et leurs coutumes et croyances. Ils avaient
constaté une tolérence des Mongols à l'égard des chrétiens, en particulier des nestoriens
bien présents en Chine et en Mongolie.
En mai 1247
ils étaient à Seraj où ils furent rejoints par leurs confrères. C. de Bridia avait appris la langue, la
stratégie militaire et la tactique mongoles pendant son séjour obligé.
Kiev de
Wasylko Romanovitch les accueillit le 10 juin avec joie, honneur et festin. En
juillet ils étaient en Pologne mais personne ne les attendait. Leur apparition
fut une surprise totale et du coup ils devinrent des héros. Ce fut le cas de
toutes les villes sur leur parcours. Les princes organisaient les réceptions et
attendaient des récits que certains notaient (cf. Chronica sancti Pantaleonis
qui évoque leur passage à Cologne). Leur voyage fut quelque chose
d'exceptionnel d'autant plus que les Mongols étaient imaginés comme monstres
sanguinaire, diables à tête de chien qui mangent leurs ennemis.
Après avoir
traversé le Rhin ils poursuivirent la route jusqu'à Lyon où ils arrivèrent le
18 novembre 1247. Le concile était depuis longtemps terminé mais le pape y résidait encore
et dirigeait la lutte contre l'empereur détrôné, Frédéric II. Ils transmirent
les récits oralement et rendirent leurs notes et la lettre du Grand Khan. Leur
mission était terminée.
Benoît
retourna en Pologne en passant par de nombreux couvents et en
y rapportant ses récits. Dans son couvent vratislavien probablement il dicta en
polonais au frère C. de Bridia le compte-rendu de l'expédition qui fut ensuite
traduit en latin sous le titre Historia
Tartarorum, le document a disparu. En
1957 l'antiquaire de New Heaven acquit en Europe un document avec ce titre. Il
fut publié en 1965 par les chercheurs de Yale University.
Benoît
écrivit lui-même un texte intitulé De Itinere Fratrum Minorum ad Tartaros, premier traité européen sur la culture et les
langues de l'Extrême Orient contenant beaucoup de termes mongols avec leur
traduction en latin, les
descriptions géographiques, les contes, la présentation du Grand Khan comme le
Gog de la bible et Batu comme Magog, la citation complète de la lettre du
khagan au pape, les informations concernant la Pologne et plus particulièrement
la Silésie aux assauts tartares.
Le
Franciscain vratislavien peut être considéré comme le premier orientaliste.
Oublié par les chroniqueurs et ses frères polonais, il est cité dans les sources
étrangères d'où ce nom- Benedictus Polonus.
De Itinere Fratrum Minorum ad Tartaros (Sur le voyage des frères
franciscains vers les Tartares), a été édité en latin par Marie-Armand d'Avezac
en 1838 en appendice de l’édition de la Relation
des Mongols ou Tartares par le frère Jean du Plan de Carpin. Édition en
latin. Sa première traduction en polonais date de 1986.
En sortant vous continuez sur
le même trottoir de la place de Nankier pour voir l'église
saintes Claire et Edwige de Silésie (mère d'Henri II le Pieux et patronne de la réconciliation
germano-polonaise). Les Clarisses furent installées à Vratislavie par la
décision de la veuve d'Henri II le Pieux (encore lui, décidément un vrai saint)
en 1257. Elle leur donna ce terrain de la rive gauche ainsi que deux îles
(Bielarska et Słodowa). Les premiers bâtiments étaient en bois et c'est à
l'apogée de l'ordre (fin du XVIIe) que l'ensemble conventuel fut
construit en style baroque. Au début de leur existence les Clarisses
sélectionnaient les candidates à la vie monacale. Les novices provenaient de
grandes familles princières et de chevalerie. Avec le temps les familles
bourgeoises reçurent la possibilité de placer leurs filles mais ces dernières
n'avaient aucune chance de prétendre à la gouvernance du couvent. Pendant les
premiers deux cent ans les abbesses étaient toutes d'origine princière et c'est
pour cela que les ducs silésiens furent enterrés dans ce couvent très sélectif,
en même temps que leurs princesses. En 1810 le couvent fut donné aux Ursulines
qui fondèrent dans la ville deux écoles pour filles. En 1945 l'ensemble
conventuel ne subit pas beaucoup de dégâts et les Ursulines allemandes
offrirent leur institution aux Ursulines polonaises qui vinrent de Galicie
orientale, annexée par l'URSS, en y abandonnant leurs biens. En 1946, elles ont
créé leur collège et lycée privés qui fonctionna durant toute l'époque
communiste sans grandes entraves comme leurs autres écoles à travers la Pologne
(certaines familles liées au régime n’hésitaient pas à placer leurs filles dans
cette institution catholique avec un internat afin de mieux les former et les
encadrer que les institutions publiques).
L'église fort endommagée a été
transformée, après les travaux de reconstruction, en Mausolée
des Piast silésiens. On peut y voir les tombes et
les gisants des membres de la dynastie.
En sortant vous tournez à
droite dans la pittoresque ruelle, Zaułek
Ossolińskich, vous avez mérité un repos dans le jardin de la Fondation
Ossoliński (cf. ci-dessous). Au fond vous
avez une sortie donnant sur la rue Szewska qui vous permettra de commencer à
apprécier l'ensemble universitaire. Si vous désirez voir (de l'extérieur) le
bâtiment de la Fondation (anciens hôtel de l'Ordre
des croisés à l'étoile rouge,
signalé plus haut), vous faites le tour en avançant dans la ruelle (entrée
principale, à l'intérieur une jolie cour) et en sortant à gauche sur le rue
Grodzka (de bourg, belle vue sur les
îles) et en revenant sur la rue Szewska.
La Fondation
Ossoliński fut créée en 1817 à Léopol (Lemberg) par le comte Joseph- Maximilien Ossoliński,
savant, bibliophile, collectionneur et membre des institutions scientifiques
impériales. Quelques années après le dernier partage de la Pologne, il
entreprit de fonder une institution, à caractère de bibliothèque et musée,
nationale en vue d'assurer la continuité de la conscience polonaise. La
fondation devait réunir des livres, manuscrits, objets de numismatique etc. et
en même temps éditer une revue scientifique et prendre soin de jeunes savants.
En 1817 l'empereur François permit la réouverture de l'Université Jean-Casimir
de Léopol et de la chaire de la langue et littérature polonaise dont Ossoliński
fut chargé de préparer le programme. Ainsi se présentait la nécessité de créer
une bibliothèque dont les fonds survirevraient
aux étudiants de lettres.
L'acte fondateur fut transmis à l'empereur qui l'approuva en 1817. Le
comte acheta les bâtiments de l'ancien couvent de carmélites qui devaient être transformés et adaptés à leur
nouvelle fonction. Joseph Bem, futur héros de l'insurrection hongroise, s'en
chargea.
En 1823 l'accord avec le prince Henri Lubomirski, grand aristocrate et
collectionneur d’œuvres d'art aussi, prépara l'élargissement et
l'enrichissement de la fondation qui devint l'Ossolineum (son nouveau nom) en
1827, un an après la mort du fondateur. Il stipula la création du musée portant
le nom de l'aristocrate au sein même de l'Ossolineum. La famille de Lubomirski
obtint le poste héréditaire du Conservateur littéraire. L'institution en
organisant des rencontres entre les scientifiques, des soirées littéraires et
concerts, en publiant une revue ou le dictionnaire de la langue polonaise de
Samuel Linde, devient le premier centre de la vie intellectuelle et culturelle
de la Pologne sous l'occupation étrangère, et ce jusqu’à l'indépendance voire
au-delà, jusqu'à la IIe Guerre mondiale. Sa collection ne cessa
d'augmenter pendant toute cette période.
Mais en septembre 1939 Léopol se trouva sous l'occupation soviétique.
Le 31 janvier 1940 l'Académie des sciences de la république soviétique
d'Ukraine saisit les biens de la fondation en en faisant une succursale de la
bibliothèque de Lviv. Les nouvelles autorités prirent la décision de liquider
le musée Lubomirski en dispersant sa collection d'art entre les musées locaux
sous l'administration ukrainienne. L'entrée des Allemands en juillet 1941 mit fin
à cette politique d'ukraïnisation en soumettant la bibliothèque léopolitaine au
Département central de science et d'instruction du Gouvernement général. Les
Allemands nommèrent le directeur polonais, Mieczysław Gębarowicz, qui avait prêté
serment d’allégeance au Conservateur littéraire, Andrzej Lubomirski. L'approche
du front, au début de 1944, poussa les Allemands à évacuer une partie de la
collection importante pour la culture germanique. Le directeur tout en
préparant les documents « allemands » profita pour sauver aussi les
documents « polonais ». Dans deux transports d'évacuation se
trouvaient 2300 manuscrits, 2200 diplômes, 1800 manuscrits anciens, 2300
dessins, les documents les plus inestimables pour l'histoire et la culture
polonaise de la Bibliothèque des Baworowski (autre institution prestigieuse de
Léopol), une collection de numismatique et de médailles qui prirent la
direction de Cracovie. Là, l'ensemble devait être protégé dans les caves de
l'Université Jagellon mais en juillet les Allemands décidèrent son évacuation
vers intérieur du Reich. Le transport fut abandonné en Basse-Silésie où les
Polonais le trouvèrent et transférèrent à Vratislavie. En 1947 l'institution
reprit son activité ici, dans cette
ville fraîchement polonaise.
Entre 1946 et 1947, la fondation a reçu le « don de la nation
ukrainienne à la nation polonaise ». Il s'agissait de l'envoi de Lviv (nom
ukrainien de Léopol) de 217 000 volumes dont 7068 manuscrits et 41505
d'imprimés anciens. On estime que 70% des fonds de l'Ossolineum d'avant la
guerre sont restés à Léopol. A partir de 1992 des négociations sont menées avec
les autorités de l'Ukraine indépendante en vue d'accès libre et entier aux
documents polonais se trouvant dans la bibliothèque de Vasyl Stefanyk et autres
institutions lviviennes possédant les documents de la Fondation, avec la
possibilité de copier, scanner, faire des microfilms de documents ou procéder à
leur numérisation.
En 1945 beaucoup de Léopolitains, et en particulier des représentants
d'élite sauvés de l'extermination nazie, sont venus s'installer dans leur
nouvelle petite patrie. Ce sont les professeurs de l'Université léopolitaine
qui, tout en travaillant pour la réouverture de l'université locale,
préparèrent, dans les bâtiments de l'ancien hôpital de l'Ordre des croisés de
l'étoile rouge, les conditions pour accueillir les collections sauvées en
Basse-Silésie. L'ensemble était, depuis le début du XIXe, exploité comme
collège et lycée catholique saint Matthieu. Après les travaux de rénovation les
bâtiments étaient prêts en 1947. L'Ossolineum fut rattaché entre 1953 et 1994 à
l'Académie des sciences polonaise (sur le modèle soviétique) et posséda sa
propre maison chargée de publications scientifiques et littéraires, bien
connues des anciens. Il joua un rôle important par son rayonnement national et
international en gardant un certain esprit léopolitain propre. Par ses fonds
qui contiennent les manuscrits, autographes des grands écrivains et poètes
polonais l'institution vratislavienne est devenue la plus importante de la
culture polonaise (de plus, par le projet de reconstitution du département des
revues déposées et restées à Léopol/Lviv avant 1939).
En 1995 l'institution est
devenue indépendante de l'Académie des sciences par le vote de la Diète du 5
janvier sous patronat du président de la République. L'Ossolineum tente de
ressusciter le Musée des princes Lubomirski et les autorités polonaises ont
lancé la campagne de revendication des œuvres volées et dispersées comme par
exemple les dessins de Dürer, dans les collections publiques et privées en
Europe et aux États-Unis (cf. „The Fate of the Lubomirski
Dürers. Recovering the Treasures of the Ossoliński Institute” d'Adolf
Juzwenko et Thaddeus Mirecki qui
présentent l'ensemble des arguments). Une partie de la collection est restée à Lviv (Leopol).
L'institution, qui
organise des expositions, concerts et spectacles de théâtre, peut être visitée
(cour et salles d’exposition) du lundi au vendredi (8h-20h) et le samedi (9h-14h),
en été les heures d'ouverture sont modifiées.
La place de l'Université 1932-36
L'état de la place en 1945
De la rue Szewska vous accédez à la place de
l'Université. L'église baroque du sanctissime nom de Jésus
appartient à l'Université qui, comme
elle, fut bâtie sur l'emplacement du
château ducal. L'entrée latérale vous permet d'y accéder de la rue où vous
êtes. C'est un avant-goût de ce que vous allez voir dans la salle Léopoldine de
l'Université. C'est une construction exemplaire de la Contre-Réforme en Silésie
datant de la fin du XVIIe. La conception du décor du début du XVIIIe
est due à Christophe Tausch, jésuite et peintre, élève d'Andrea Pozzi. Il se
chargea des murs marmorisés, dorures, moulures, chaire et autels. Johann
Michael Rotmayr von Rosenbrunn, formé en Italie et ayant travaillé pour la cour
impériale de Vienne, l'archevêque de Saltzbourg entre autres, exécuta les
fresques. Des dizaines de scènes: d'adoration de noms, de la vie de Vierge et
du Christ, d'apôtres et de saints jésuites et Edwige de Silésie, de l'Ancien
Testament, décorent les voûtes du chœur, de la nef et des galeries.
Les travaux de conservation de fresques furent entrepris entre 1879- et
1893. Détruites en 1945, elles ont été reconstituées en 1947 et à partir de
1980 les conservateurs ont repris leur travail grâce aux fonds de l'Union
Européenne.
En sortant à droite de l'église vous apercevrez la statue-fontaine
de Szermierz (escrimeur) que Hugo Lederer, sculpteur
allemand, artiste de l'Art nouveau et professeur d'art à Berlin, a réalisée en
1904. Le bassin est décoré de quatre masques. Selon les étudiants de l'époque,
elles représentaient les professeurs tandis que l'eau qui en sortait symbolisait
leur « cours de paroles » ennuyeux. Une autre légende raconte que le
visage du jeune homme n'est que l'autoportrait du sculpteur qui, étudiant
préférait le jeu de cartes aux cours ex cathedra. Ainsi, il aurait tout
perdu aux cartes à l'exception de son fleuret et le visage de l'escrimeur n'est
qu'une sorte d'expiation des pêchés de la jeunesse et rappel aux futures
générations d'étudiants.
Sur cette place se dresse aussi un bel exemple
d'architecture baroque pas si civile que ça. C'est un ancien internat jésuite
construit entre 1724 et 1755 par Joseph Frisch. Le Collegium
Convictorium Societatis Jezu ad S. Josephum fut fondé par la Compagnie de Jésus pour accueillir les
jeunes gens désireux s'instruire dans le Colleguim Leopoldinum.
La vie d'environ 80 pensionnaires se déroulait autour de la cour, de la
chapelle et du réfectoire (bien conservé) au rez-de-chaussée où se trouvaient
aussi les étables, la cuisine, la chambre de l'adjoint du supérieur. Au premier
se trouvaient la bibliothèque, les chambres du supérieur et du catéchumène, la
salle de théâtre et le musaeum pour les pensionnaires. Au dernier
logeaient les alumini et les surveillants.
Sous l'administration prussienne les Jésuites n'avaient que peu de chance de prospérer. En 1765 le rez-de-chaussée fut loué à la
filiale de la Banque royale de Berlin et les étages, rétrécis pour les occupants. Les conséquences pour la chapelle étaient
néfastes: son riche décor baroque a disparu
avec le temps et l'usage. Néanmoins, le roi intervint en 1790 et finança les
cours de danse, d'équitation, d'escrime, et de langues modernes (au début du
XIXe), mais seulement aux jeunes gens nés nobles. Durant cette époque la
chapelle perdit tout son décor et en 1800 l'institution fut placée sous
l'administration d’État en tant qu'internat du Matthias-Gymnasium. Le baron
Joseph Karl Benedikt von Eichendorff (futur poète et romancier) y fut placé
avec son frère entre 1801 et 1804.
Après la réorganisation universitaire les autorités décidèrent de
destiner les étages de cette noble
institution aux logements pour les professeurs (cf. ci-dessous). Le premier
étage fut occupé par Henrik Steffens, professeur d'origine norvégienne (qui a
donné le nouveau nom au bâtiment). Ce philosophe, physiologiste, naturaliste et
écrivain romantique est connu pour son appel à la mobilisation lancé de cet endroit à la jeunesse estudiantine le 10
février 1813 pour combattre les
Français. Comme un vrai héros romantique il participa à l'organisation des Corps francs de Lützow et partit à la tête d'un détachement composé de ses étudiants
renverser le tyran à Paris.
En 1822 les autorités vendirent deux statues de l'entrée au
représentant de la famille d'éditeurs bien connue à Vratislavie pour les
publications en polonais, entre autres, Johann Gottlieb Korn. La maison fournissait déjà en livres polonais le
dernier roi de Pologne ou encore les universités de Wilno et Leopol mais elle
éditait aussi le plus ancien journal de la région en langue allemande, le Schlesische Zeitung (1742-1944). Les deux statues servirent à embellir le tombeau familial
dont une, celle de sainte Lucie que vous pouvez voir dans la cour, a été
retrouvée après la guerre qui n'avait pas épargné l'édifice.
L'ensemble
a été restauré d'abord pour la Société vratislavienne des sciences puis
fonctionna comme un département de l'Académie polonaise et enfin comme Institut
d'anthropologie. Aujourd'hui vous pouvez y visiter la Salle de Czekanowski
décorée de moulures et fresques (ancien réfectoire) et le Musée de l'Homme
(ancienne chapelle) qui propose une riche collection de crânes exotiques et
rares provenant en partie de la collection allemande sauvée grâce aux
informations fournies par le professeur Egon von Eickstedt qui avait dirigé
l'Institut avant la guerre. Il séjourna à Vratislavie au primtemps 1946 et
permit de retrouver les adresses des assistants, leurs notes, instruments etc.
et la collection de crânes exotiques de Hermann Klaatsch emportés lors de
l'évacuation des archives, dépôts bancaires, habitants face à l'avancée de
l'Armée rouge, et cachés dans les environs. D'autres objets proviennent de
l'Institut d'anthropologie de Varsovie qui fut liquidé en 1953.
Avis aux amateurs des hominidés et
autres homini sapiensi: le musée est ouvert lundi (8h-15h30), mardi (10h-16h),
mercredi (8h-10h), vendredi (10h-15h) le Collegium anthropolgicum, aux horaires
de cours.
A côté de l'église se trouve l'entrée du
Musée de l'Université qui retrace son histoire dans les salles
d'exposition et qui donne accès à l'Aula
Leopoldina, l'Oratorium Marianum,
au Musée et à la Tour de mathématiques (cf. Voir la ville d'en haut).
L’université
de Vratislavie est née en 1702 en tant qu'une institution jésuite. C'est
l'ordre d'Ignace de Loyola qui entreprit les démarches auprès de l'empereur
Léopold qui octroya les mêmes privilèges
qu'avaient les autres universités européennes. Au début l'ordre fit édifier
l'église puis en fonction de besoins croissants il prépara les plans de
construction de l'ensemble en attendant la décision du conseil municipal
concernant l'état juridique du terrain et de la porte d'accès au pont sur l'Oder.
En 1728 les travaux commencèrent et un an plus tard les murs étaient dressés
puis les travaux furent ralentis par manque de moyens et l’écroulement de la
voûte de l' Oratorium Marianum. Pendant la
construction de la Tour de mathématiques, l'Aula
Leopoldina recevait les fresques de
Johann Christophe Handke et les moulures de Franz Joseph Mangoldt. En 1732 elle fut consacrée
ainsi que l’Auditorium Comicum (salle
de théâtre, disparue depuis). L'aile occidentale ainsi que la Tour furent terminées cette année-là. Joseph Frisch
remplaça le directeur de travaux, Johann Blasius Peintner, pour cet achevement. L’université ne reçut pas
l'autorisation d'ouvrir les facultés de droit et de médecine. Parallèlement on
entreprit l’élévation de l'aile orientale, après la démolition des bâtiments
existants du château ducal, destinée au réfectoire, à la bibliothèque et aux
logements des professeurs du Collège. Cette aile fut percée par un porche
permettant la liaison avec la rue Kuźnicza. En 1740 les travaux, ralentis par
une inondation, une sécheresse, une épidémie et le manque de main d’œuvre,
étaient quasi terminés, la balustrade de l'aile occidentale ayant reçu les statues
des quatre Vertus Cardinales, les ailes - la toiture.
Mais la
mort de l'empereur Charles VI, le problème de succession et l'invasion de
l'armée prussienne, changèrent la situation. Les bâtiments furent transformés
en hôpital militaire ce qui provoqua des dévastations et l'arrêt de travaux.
Les militaires ne quittèrent les lieux qu'en 1746 ce qui obligea la direction
d'entreprendre des rénovations. Dix ans plus tard les militaires y revinrent et
destinèrent les bâtiments aux dépôts de céréales puis à la prison pour les
soldats autrichiens. La dévastation de l'ensemble se poursuivit à l’exception
de la salle Léopoldine. L'année académique de 1763 y fut commencée mais tout
prolongement de travaux fut stoppé définitivement et en 1773 survint la dissolution
de la Compagnie de Jésus.
Durant les
années 1780 les autorités conduisirent les travaux de rénovation et en 1791 la
Tour de mathématiques devint l’observatoire astronomique. En 1811 le roi,
Frédéric-Guillaume III ordonna le transfert de l'université Viadrina de
Francfort sur l'Oder à Vratislavie. Et après quelques travaux de rénovation le
19 octobre fut inaugurée l'année académique. Le nom de l'université Léopoldine
disparut pour être remplacé par Viadrine.
Les
Prussiens permirent le développement de l'université en créant de nouvelles
chaires comme celles de physique et de chimie laquelle fut installée dans un
nouveau bâtiment pour en devenir l'Institut. Suite aux travaux de dénivellation de
2 mètres, une partie de l'université se trouva dans les sous-sols et il fallait
y adapter le porche. Les rénovations se poursuivirent à la fin du XIXe et au
début du XXe et les travaux de conservation contestables exécutés par Joseph
Langer (peintre et conservateur silésien) furent fort critiqués. L'Auditorium
Comicum, utilisé depuis 1814 comme musée zoologique, fut transformé en grande
salle de cours (Auditorium Maximum).
Une partie reçut l'éclairage électrique et du chauffage à vapeur dont l'Aula
Leopoldina qui fut soumise à de nouveaux travaux de conservation et reçut une
estrade et du nouveau mobilier.
Durant la Ire
Guerre mondiale le bâtiment de l'université redevint un hôpital militaire mais
cela n'empêcha pas de compléter les salles en éclairage électrique. Dans la
période de l'entre-deux-guerres les travaux de rénovation reprirent et cela
jusqu’en 1940.
Dévasté en grande partie, le bâtiment avait perdu les toitures (une grande brèche due à une bombe se créa à l'est de la Tour dont le sommet fut détruit), la Salle de musique était en ruine en mai 1945. Les autorités polonaises ont entrepris aussitôt les travaux de reconstruction et les fresques de la salle Léopoldine, ont été restaurées (1948-58).
Aula Leopoldina
C'est
la plus grande et la plus représentative partie de l'université.
C'est un monument civil unique en Pologne décoré dans le style du
baroque tardif. Son nom vient de l'empereur Léopold Ier, son
fondateur. Elle est le projet de l'artiste Christoph Tausch, élève d'Andrea Pozzo, (voir
ci-dessus) réalisé par Johann Christophe Handke pour les fresques,
Franz Joseph Mangoldt d'Olomuniec pour le statuaire et Ignazio
Provisore, pour les moulures. Divisée en trois compositions: celles
du podium, de l'auditorium et de la galerie de la musique.
Oratorium Marianum
La
composition de l'intérieur est à lier à celle de l'Aula
Leopoldina. Les travaux de décoration furent dirigés par Blasius
Peintner puis Joseph Frisch et exécutés par les mêmes artistes
que ceux de la salle précédente et l'escalier impérial auxquels il faut rajouter le sculpteur
Johann Albrecht Siegwitz et le stucateur Johann Anton Schatzel. La
salle est divisée en huit travées aux voûtes avec des lunettes.
Les colonnes engagées et pilastres, les putti et séraphins
rehaussent le décor peint en majorité et voué au culte marial.
L'ancien musée de l'université fut le premier musée public fondé suite à l'acte de cassation (sécularisation des biens des couvents et des collégiales catholiques) signé en 1810 par Frédéric-Guillaume III. Leurs meilleures œuvres se trouvèrent sous la tutelle de l’État prussien qui les destina au nouveau Musée de l'université dont le nom officiel était Königlisches Museum für Kunst und Altertümer (musée royal de l'art et des antiquités). Gustav Gottlieb Büsching (1783-1829), son directeur choisit pour son institution l'ex-couvent des Augustins sur l'Ile de sable qui abrita aussi la bibliothèque universitaire. Le musée conserva les meilleures œuvres dont 536 tableaux, des sculptures, des objets d'artisanat, d'arts militaires, de numismatique et des collections archéologiques alors que la bibliothèque, des exemplaires d'anciennes bibliothèques monastiques, des gravures et estampes dont une partie provenait de Francfort sur l'Oder et du Collège jésuite de Vratislavie.
L'Université de Vratislavie dans ses traditions s'appuie sur celles des universités allemandes ainsi que sur celles de l'Université de Jean Casimir fondée à Leopol en 1661 et dont les cadres vinrent en partie ouvrir l'année académique dès octobre 1945. 32 milles étudiants la fréquentent aujourd'hui.
Au bout du bâtiment en allant vers l'ouest vous tournez à gauche pour emprunter la rue Więzienna (de prison) qui vous conduira en effet à la prison municipale. Sur la gauche, à l'angle avec la rue Nożownicza (de couteaux), vous êtes devant un bâtiment en brique rouge, construit au Moyen Age (et transformé à plusieurs reprises) destiné aux prisonniers de classes inférieures (de là ils étaient conduits au Rynek pour la sanction capitale). Au début du XIXe, l'institution fut fermée et à partir de 1818 fonctionnaient ici le mont-de-piété et des institutions philanthropiques. Aujourd'hui, la triste bâtisse est le siège de l'Institut d'archéologie et ethnographie de l'Académie des sciences (entrée au numéro 6). La rue vous mènera au Rynek.
A l'opposé, c'est-à-dire, du côté sud du Rynek, vous avez un autre passage qui débouche sur la rue Ofiar Oświęcimskich (des victimes d'Auschwitz). A droite, jetez un coup-d'œil au numéro 1. C'est la maison du conseiller communal Heinrich von Rybisch. C'est lui qui fit voter la destruction de l'abbaye d'Olbin dont les matériaux servirent à paver la place du marché de la Nouvelle-Ville mais aussi à la construction de sa demeure que vous voyez.
Heinrich von Rybisch (1485-1544) est un bon exemple des familles patriciennes vratislaviennes. En 1518 il représentait sa ville aux noces du roi de Pologne, Sigismond Ier avec la princesse italienne, Bona Sforza. En tant que protestant il s'opposait aux influences, encore vivantes dans la cité, du catholicisme. En 1522 le conseil municipal ordonna aux Bernardins de la Nouvelle-Ville (Musée d'architecture) de quitter la ville. Les moines portèrent plainte au roi de Bohême, Louis Jagellon. Et c'est Rybisch qui fut envoyé à Prague pour défendre la cause de la municipalité. Le conseil royal, dominé par les catholiques, commanda son assassinat mais prévenu par un courtisan protestant (en fait ledit conseiller ne voulant pas dévoiler le secret du conseil royal, l'aurait raconté à une statue du pont Charles alors que Rybisch y passait), Rybisch sauva sa peau en s'enfuyant, déguisé en femme. Selon la légende, ce même Rybisch aurait gagné au jeu de dés, l'église sainte Élisabeth, au maître de l'Ordre des chevaliers à l'étoile rouge, pour la donner au culte protestant. Propriétaire aussi des biens en Bohême ( Javornik et Jansky Vrch, territoires appartenant aux évêques de Vratislavie), il menait un train de vie qui était critiqué par ses coreligionnaires. Il prépara son passage dans l'au-delà, en faisant construire un tombeau monumental dans l'église de la Madeleine (vous l'avez peut-être vu) qui fut vandalisé avec de la graisse une nuit de l'année 1539.
A l'endroit que vous êtes, l'orgueilleux et richissime conseiller occupait une grande parcelle entre cette rue (Junkerstrasse avant la guerre!!!) et la rue Kazimierza Wielkiego. Il fit sculpter sur les portails et pilastres son propre portrait et celui de sa femme, les armoiries familiales ainsi que la scène présentant la naissance de son fils, Siegfried. Il ordonna aussi de graver les aphorismes destinés aux bourgeois envieux de sa richesse. L'un d'eux disait « Si tu es pieux, construis-toi, sans envie ni haine, une plus belle maison et laisse la mienne à moi » Tout un programme bien protestant. L'édifice à deux étages avait la fonction d'apparat et de représentation et logeait une bibliothèque, une collection de tableaux et de monnaies . Il possédait une terrasse avec une tour surmontée d'un heaume en cuivre. Notre Rybisch devait contempler d'en haut la ville et signifiait aux autres sa puissance. Derrière s'étendaient une cour avec fontaine, puis, les bâtiments servant aux activités commerciales et à loger le propriétaire et sa famille, et au-delà, au bord de la rivière (Oława noire), une maison d'été et un jardin, sur l'autre rive, relié par une passerelle en bois. Un luxe bien protestant!
Aujourd'hui un fragment de l'édifice est conservé et soigneusement restauré. Une galerie d'art s'y est installée depuis 2007.
Remontez les numéros de la rue. Elle vous dirige vers la grande artère, rendue aux piétons, ulica Świdnicka. Son tracé date de la fondation de la ville sur la loi de Magdebourg (cf. Histoire de la ville) et elle menait vers la porte du même nom. Bordée d'une série de fondations ecclésiastiques et caritatives. Au XIXe siècle elle devint la plus élégante et la plus représentative rue de la ville en pleine croissance économique et démographique (magasins, banques, hôtels, bâtiment du commandement général, opéra, forum royal) et la plus photographiée (excellent site iconographique: http://dolny-slask.org.pl créé par les Wratislaviae Amici, amis de Vratislavie). Elle a été victime de destructions du siège et de l'après-guerre. Son état actuel est le résultat de la politique de construction et d'aménagement de la fin des années 1950 et du début des années 1960. Le côté est, en ruine en 1945, a disparu pour être remplacé par des immeubles d’habitation et de commerce situés en retrait par rapport à la situation originelle. Le côté ouest a eu plus de chance et a conservé quelques façades d'origine malgré leurs modifications et la simplification.
Un
passage souterrain a été aménagé lors de la construction de l'axe
est-ouest (lieu de manifestations de l'Alternative
orange,
cf. à la fin du chapitre). De l'autre côté vous avez encore deux
églises gothiques à voir.
De
la première vous ne voyez que le chevet. C'est un édifice fondé
par Charles IV en visite dans la ville en 1351. Dédiée aux saints
Wenceslas Ier
de Bohême, Stanislas Szczepanowski et Dorothée et offerte aux soins
des Augustins ermites (ordre mendiant appelé aussi ordre des grands
Augustins et concurrents des Dominicains). La présence de Charles IV
à Vratislavie est associée à la négociation avec le roi de
Pologne, Casimir le Grand qui devait y renoncer en tant que Piast et
héritier des princes silésiens au droit sur la région. Les trois
saints représentaient les trois éléments ethniques de la ville:
tchèque, polonais et allemand (colons invités par les ducs
silésiens).Tout un programme et symbole de la Mitteleuropa bien que
déjà à la fin du XIVe
les deux premiers saints ne soient plus mentionnés dans les
documents. Sa construction se prolongea jusqu'au début du XVe.
C'est un édifice à trois nefs égales en hauteur (type halle) aux
voûtes d'ogives simples pour le chœur, plus complexes pour la nef
centrale et les latérales, plus étroites. A l'intérieur au décor
baroque, les stalles en bois richement sculptées du XVIIIe,
représentant 14 scènes de la vie de saint François, surmontées de
figures d'anges, du roi David avec la harpe et de sainte Cécile avec
orgues, la chaire avec la Vierge adorée par les saints moines et le
Christ ressuscitant sur un globe dans la nef centrale. Dans la nef
latérale nord (gauche) l'autel dédié au saint franciscain Joseph
de Cupertino peut être vu, l'homme avait des dons de lévitation.
Mais c'est dans la nef sud que vous pouvez admirer l’œuvre du
rococo, le tombeau
de Heinrich Gotlieb von Spätgen
(de 1752-53), l’œuvre de F.J.
Mangoldt, signalé à propos de la salle Léopoldine de l'université.
Il fut financé par ses quatre filles peut-être grâce à la vente
de la résidence familiale au roi de Prusse (cf. le Musée
municipal). Les vertus du défunt proclame la Gloire qui soulève le
rideau alors que Kronos avec une faux et l'ange de la mort avec un
crâne lui rappellent la vie qui passe. L'église est un des
meilleurs exemples du gothique silésien et la plus grande
construction dans ce style de la Vieille-Ville.
L'église
fut récupérée avec le couvent par les Franciscains des saints
Vincent et Jacques en 1530 mais le nombre de moines diminuant face à
la Réforme, l'ordre en fit cadeau, quatre ans plus tard, au conseil
municipal. C'est seulement en 1561 que l'empereur Ferdinand Ier
autorisa les bourgeois vratislaviens à transformer l'ensemble des
bâtiments en dépôts après leur avoir permis de les vider du
mobilier qui fut vendu. L'empereur Matthias Ier rendit les bâtiments
en 1613 aux frères mineurs qui entreprirent les travaux de
rénovation. Peine perdue, l'église fut victime d'incendie (1686),
de foudre (1748), d'explosion (1757). En 1717 elle devint une
paroissiale et reçut un décor baroque, constamment enrichi. Les
bâtiments conventuels, après la cassation, furent transformés en
prison puis abandonnés pour être démolis et leur terrain vendu par
lots (on y construisit l'Hôtel
Monopol
et le magasin M. Gerstel, entre autres). L'église, restaurée
plusieurs fois sous le pouvoir prussien, a été relativement bien
épargnée en 1945 et servit de cathédrale en attendant la
reconstruction de cette dernière. Dédiée aux mêmes saints mais
dans l’odre inversé pour les deux premiers, et appelée
communément sainte Dorothée (sic).
A
côté, l'Hôtel Monopol construit entre 1863 et 1865 avec un magasin
du même nom pour la société du banquier B. Wallenberg-Pachaly. Son
architecte, Karl Grosser invita le sculpteur Otto Lessing (sculptures
du Reichstag, du château de Berlin et du Berliner Dom) pour décorer
à l'intérieur, cet édifice néo-baroque (Art nouveau). Sa parcelle
fut vendue par la ville à l'entrepreneur sous condition de ne pas
cacher l'église voisine. Modernisé en 1909 et agrandi devant le
portail à trois arcades en 1937, l'hôtel reçut plusieurs fois
Hitler et c'est de sa terrasse-balcon que le Führer s'adressait aux
habitants de la ville la plus nazie de l'Allemagne. Épargné
partiellement il fonctionna comme l'hôtel de l'entreprise de
tourisme d’État, Orbis. Il accueillit les invités du Congrès
mondial des intellectuels pour la paix en 1948 (cf. Histoire
de la ville)
et a été classé monument historique en 1984. Vendu en 2007 à un
entrepreneur polonais privé (Holding Liwa) et rénové, il a
retrouvé sa classe d'autrefois.
En
face un ancien magasin de Julius Schottländ construit par Richard et
Paul Ehrlich en 1911. Sa construction en béton armé a été fermée
par les parois plaquées de grès rose. Vous pouvez voir sur la
façade de votre côté deux figures au sommet des colonnes engagées,
au troisième étage, représentant un vieillard en costume antique
(allégorie du commerce) et un ouvrier athlétique (allégorie de
l'industrie). La façade du côté de la rue Teatralna, moins
spectaculaire, possède un portail décoré de putti dont quatre se
prenant pour des Atlas. C'était un des plus élégants magasins de
la ville : les grandes fenêtres au rez-de-chaussée attiraient
la clientèle, le premier était occupé par une maison de mode et le
Café Palais, plus haut, dépôts et appartements de service. Une
organisation assez typique de ce gendre d'établissements
multifonctionnels.
Le
terme magasin est peut-être trop marqué et il faudrait traduire en
maison comme c'est le cas en allemand (Haus)
et en polonais (dom) avec comme qualificatif sa fonction (de
commerce, de marchandises) comme en allemand (Kaufhaus
de marque, firme ou Geschäfthaus,
multifonctionnel, et Warenhaus,
grand magasin).
A l’angle opposé, un grand immeuble
de rapport bien conservé de Moritz et Leopold Sachs. Moritz était
un riche négociant juif qui s'adressa à l'architecte, Karl Schmidt
dont il sera question par la suite. Le bâtiment des années 1870
logeait, à part les particuliers, une entreprise de courtage et le
Café Fahring, bien connu de l'intelligentsia de l'époque. Y
brillaient autrefois la petite-fille de Moritz, peintre, Clara Sachs
(1862-1921) ou Ilse Molzahn (1895-1981), écrivain et critique féroce
de la société vratislavienne (ville-havre selon elle, la Breslau
allemande accueillait des aventuriers, fantaisistes , mendiants venus
de l'est comme de l'ouest et était habitée par les gens pour
lesquels le petit-pain à la saucisse à l'ail était le summum du
plaisir sans compter la vodka bue par gallons). La famille Sachs
perdit son immeuble après l'arrivée d’Hitler au pouvoir et la
ville un endroit chic. Après la guerre, bien que épargné, il a été
dévasté par les locataires polonais d'origine paysanne et est tombé
en ruine. Mal rénové, il a perdu son décor intérieur mis à par
les moulures et la boiserie.
La rue Świdnicka (Schweidnitzstrasse): au premier plan à gauche-Opéra puis l'hôtel Monopol et le chevet de l'église saints Wenceslas, Stanislas et Dorothée. 1930-40
En
face l'Opéra
de Vratislavie,
une institution qui commença sa carrière comme le Théâtre de
ville en 1841. Carl Ferdinand Langhans, son architecte, prévit une
scène moderne et une salle pour 1600 spectateurs mais après les
incendies de 1865 et 1871 (décidément la ville en fut souvent
victime) le bâtiment fut transformé par Karl Lüdecke (1865) puis
Karl Schmidt (1872). La salle et la scène furent rehaussées et le
portique, agrandi, la corniche reçut les sculptures de muses (copies
aujourd'hui). Après 1945, on enleva pour les raisons politiques (!)
les bustes en bon état de compositeurs et poètes allemands (
Beethoven, Goethe, Mozart et Schiller) et on martela les fresques de
Schmidt de la façade. La partie sud a été agrandie (54-56) puis en
1997 on a commencé les travaux de modernisation et de restauration
des intérieurs bien conservés depuis le XIXe (plafond avec les
portraits de compositeurs, lustres, loge impériale et les dorures).
L’Opéra a retrouvé son éclat en 2007.
En face plus à droite, l'église Corpus Christi (Bożego Ciała), de l'ancienne commanderie de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, présente une façade simple à une haute fenêtre en arc brisé et un pignon en escalier. L'absence de tours ne doit pas surprendre, cela correspondait parfaitement aux vœux de pauvreté prononcés par les moines, or une tour au Moyen Age symbolisait la domination. L'intérieur a été fortement baroquisé. Il en reste des éléments que vous pouvez voir, et ce malgré les destructions et « prélèvements » après la guerre. Le crucifix mystique au Musée national à Varsovie, deux figures d'évangélistes dans la salle du Sénat de l'université, deux autres au château de Brzeg (à 50 km à l'est, que vous allez peut-être visiter), le retable de la Dormition de la Vierge au Musée national ont trouvé leur autre refuge. Ce qui est resté de cette baroquisation peut intéresser certains. Le cadre du tableau la Cène (de Johann Franz de Becker) transféré à la cathédrale (ici sa copie) représentant Dieu le Père sur un globe tenant un sceptre et le Saint Esprit (colombe) au-dessous se trouve au fond du chœur. Dans la nef latérale gauche, vous pouvez voir trois tableaux du XVIIIe (Christ ressuscité, Christ portant la croix et sainte Anne) qui ayant disparu après 1945 ont été restitués par un ancien responsable communiste désireux réparer sa faute des temps troubles de l'après-guerre. Dans la nef droite se dresse dans un cadre baroque une Piéta de Johann Georg Urbansky. La mère dolorosa est assise sur une roche et à ses pieds sont posés les symboles du martyre de son fils : la couronne d'épines et une pomme. Les anges debout à son hauteur, tiennent l'un une lance seule, l'autre un roseau avec une éponge. Plus haut, deux autres anges, l'un avec un rouleau de papyrus (Ancien Testament), l'autre un livre ouvert (Nouveau Testament). Au sommet, l'ange tient entre ses mains le voile de sainte Véronique. Le sacramentaire gothique rappelle les origines médiévales du temple ainsi que les fenêtres et les voûtes en croisés d'ogive.
L'ordre
hospitalier est signalé en Silésie dès le XIIe
siècle.
Les chevaliers-moines reçurent des biens dans les environs de la
ville (village Gaj, aujourd'hui, un quartier de la ville). L'église
est déjà mentionnée en 1320 sous son nom actuel tandis qu'en 1351,
les chroniques parlent d'un hôpital en face et relié par un galerie
couverte. L'actuelle forme gothique date de la 2e moitié du XVe
et l'édifice se trouvait accolé aux murs de l'enceinte, plus
précisément, la porte et de ce fait exposé aux dangers de siège
et aux projectiles. Il existe une gravure du début du XVIIIe
montrant la
situation stratégique et commerciale de l'endroit (appartenant à
l'Ordre de Malte, successeur des Hospitaliers de Jérusalem et de
Rhode): le Prospectus
Templi Corporis Christi infra Portam Schveidniziana. En
effet on y voit quatre porches en arc brisé, dont un d'eux avec une
sorte de tourniquet, qui permettaient le passage aux charrois et
piétons. La première porte extérieure de Świdnica se trouve
derrière la galerie en direction du Rynek, tandis qu'au-delà, et
non visible, la voie tournait à gauche pour déboucher sur une porte
en forme d'arc de triomphe et le pont levis sur le fossé.
Une
excellente documentation iconographique existe grâce à la
Topographische
Chronik von Breslau,
éditée par Karl Adolf Menzl (1805-07).
Durant
la guerre de Sept Ans (1758-1763), l'église servit de dépôt de
céréales, plus tard elle fut occupée et dévastée par les
défenseurs de la ville (1778-90 et 1805-07) et en 1813 les bâtiments
reçurent des blessés et des prisonniers de guerre. L’État
prussien avait déjà confisqué (1810) l'ensemble conventuel ce qui
allait provoquer la destruction de la galerie obstruant la rue
destinée à être élargie pour les nouveaux besoins de transport,
d'autant plus que les Français avaient ordonné la démolition de
l'enceinte fortifiée. L'église fut donnée en 1826 aux
vieux-croyants catholiques (Église «vieille-épiscopale»
d'Utrecht) qui ont construit en 1875 le porche néo-gothique
existant. Mais en 1921 le bâtiment est revenu aux catholiques.
Durant le siège l'édifice, déjà détruit à 75% , a été
abandonné en mars 1945 par les fidèles allemands qui quittèrent la
ville en 1946. Les Polonais ont entrepris les travaux de
reconstruction en deux étapes (1955-62 et 1967-70).
Au XVIe c'était un terrain d'exercice de la Fratrie de la Poule dont les membres s'entrainaient au tir et organisaient un concours annuel dont le vainqueur était proclamé roi de la Poule. Au XVIIIe sur ce terrain fut construit un palais classique par l'architecte de la Porte de Brandebourg, Karl Langhans qui fit élever de hauts murs autour pour protéger les passants de balles perdues. La Fratrie finit par céder le terrain aux riches marchands en 1822 qui occupèrent le palais comme club d'été car en hiver ils se réunissaient dans le Vieille Bourse (Place au Sel). Les projets initiaux ne furent pas réalisés par manque d'espace et une orangerie servit de salon pendant le mauvais temps et le potager était réduit à douze rangées mais le guide de 1831 signale l'endroit parmi les plus grandes attractions de la ville (le Zwinger de marchands).
Mais grâce à l'ambition du membre du comité du club, médecin et directeur du Jardin botanique, Heinrich Göppert, on entreprit en 1853 des travaux qui se prolongèrent pendant 20 ans. On planta les tulipiers de Virginie et de Chine, les catalpas, des chèvrefeuilles et glycines du Japon. On dressa un kiosque à musique (de fait une scène en forme de coquille), on installa une fontaine et on rénova l'orangerie. Le jardin si exclusif autrefois a été rendu au public après la guerre et faisait partie de la promenade municipale. Les autorités ont décidé de fermer la partie du jardin d'autrefois en dressant une clôture à l'image des jardins parisiens mais en s'inspirant des Jardins Tivoli à Copenhague et proposant un espace pour les enfants, une scène d'été et une volière pour les oiseaux résistant aux rigueurs du climat continental.
Le
bâtiment logea jusqu'en 1992 la Société de l'Amitié
polono-soviétique (puis russe) et à partir de 1964 une partie a été
cédée au Théâtre de Marionnettes qui l'année suivante a occupé
l'ensemble du bâtiment. L'institution vratislavienne propose des
spectacles pour les enfants et les adultes, des stages et des
ateliers, et est reconnue internationalement par ses représentations
à l'étranger (en Europe, Amérique, au Japon).
Vous
pouvez continuer votre visite par le jardin où vous pouvez voir la
statue de l'Amour sur le Pégase de Theodor von Gossen réalisée en
1913 pour l'exposition du Centenaire (cf. la Halle
du Centenaire
dans la partie Via
Sacra vratislavienne
et Histoire
de la ville).
Le dieu a perdu son arme et pourtant les amoureux l'adorent alors que
le cheval, sa queue. Ou vous reprenez la rue Teatralna
(Zwingerstrasse)
où au numéros 10/12 vous pouvez pour une somme modique profiter de
cet établissement balnéaire et de mise en forme. Et il y a de quoi
assouvir votre désir de repos, récréation, de musculation, de
solarium et saunarium. Des piscines et des salles de massage sont à
votre disposition dans ce centre privé (Wrocławskie Centrum SPA)
ouvert dès 6 h du matin jusqu'à 23 h pour les piscines du lundi au
vendredi, le samedi (8-22h) et le dimanche (9-21h). Pour les adeptes
de la musculation du lundi au vendredi (6-22h), le samedi et le
dimanche (10-20h), pour les saunas sec ou vapeur, le Spa &
wellness, le fitness, les horaires sont plus courts. A vous de tenter
la chance. Mais c'est aussi l'occasion de visiter un vieil
établissement dont l'histoire remonte à la fin du XIXe
siècle.
L'existence
de bains publics remonte au Moyen Age comme c'est le cas à Paris
mais c'est seulement au début du XIXe,
sur la vague d'intérêt pour la balnéothérapie qu'apparurent deux
conceptions rivales. L'opposition se situait quant à l'origine de
l'eau pour le thérapie. En 1802, le partisan de l'usage de l''eau de
source, le médecin Jäkel fonda à cet endroit, avec son beau-frère,
le bourgeois Nitschke, un établissement proposant des cures à base
de l'eau de nappe phréatique profonde propre. L'institution
disposait d'un jardin et d'une pharmacie et au-dessus de son entrée
on pouvait lire : Lava. Bibe. Convalens. En 1804 on ouvrit un
établissement concurrent sue l'île saint Matthieu (Tamka
aujourd'hui) qui utilisait l'eau du fleuve. Au milieu du XIXe
fonctionnaient neuf établissements de ce type qui, au nombre de 30 à
la fin du XIXe, étaient divisés en plusieurs catégories :
fluviale, de vapeur romaine et russe (bania), de baignoires. La
communauté juive disposait de ses propres établissements. Ils
étaient privés donc payants et la municipalité décida dans les
années 1880 de créer un réseaux de bains-douches gratuits. C'est
dans cette vague d'hygiénisme que fut lancé le projet de
l'établissement qui est devant vous.
En
effet ces thermes modernes (Entreprise balnéaire communale)
naquirent de l'initiative de la Société vratislavienne de natation
en 1895. Elle répondait aux besoins croissants en hygiène et au
désir de popularisation de la natation toute l'année. En 1894 le
président de la Société G. Kallenbach et le conseiller municipal
des questions sanitaires, dr E. Kobierski, fondèrent la Société
par actions Établissement de bains communal afin de trouver des
fonds pour la construction d'une piscine couverte destinée aux soins
aussi. Parmi les actionnaires on trouvait l'éditeur connu et déjà
signalé, Heinrich von Korn, le conservateur municipal, Hans Lutsch,
le chirurgien Jan Mikulicz-Radecki (fondateur de des écoles de
chirurgie à Cracovie et Vratislavie et initiateur de l'antisepsie et
l'asepsie dans la région) ou encore l'architecte et le conseiller
municipal chargé de bâtiments, Richard Plüddemann qui a laissé
beaucoup de constructions encore debout à Vratislavie. Le concours
fut gagné par W. Werdelmann et les travaux commencèrent à
l'emplacement de l'ancien établissement privé de Jäkel.
La
première partie, celle entre les rues Teatralna 10/12 et Mennicza
(de monnaies) 12, autour d'une cour, fut destinée aux hommes
(piscine n.1) et achevée en 1897, la deuxième partie, plus à
l'est, avec la tour et les réservoirs d'eau, aux femmes (piscine
n.2) et achevée seulement 1907. A côté de solutions modernes
(hydrothérapie et balnéothérapie), l'établissement rappelait, par
son architecture et son décor, les thermes romains et les palais
italiens de la Renaissance mais aussi l'esprit de Sécession (Art
nouveau). Par la suite les bains turcs furent agrandis et
l'équipement complété par les filtres, la blanchisserie et la
salle des machines (1909). Durant les années 1925-27,
l'établissement fut rehaussé de deux étages pour les salles à
baignoire, le solarium et le buffet et en 1928 la piscine n.1 fut
adaptée aux compétitions sportives. En 1929-30, les deux piscines,
l'une pour les garçons, l'autre pour les filles, y furent aménagées.
Les
combats de Festung Breslau épargnèrent les bâtiments et ils ont
été ouverts déjà en été 1945. Mais les travaux de rénovation
de 1960-62 ont détruit en grande partie les décorations d'origine
pour les remplacer par les éléments modernes dont les mosaïques.
En 1977 l'établissement a été inscrit sur la liste des monuments à
conserver.
En
continuant la rue, sur la droite ou à la fin du jardin, vous
apercevez un édifice, l'ancien palais (hôtel particulier) de
Leipziger ayant été construit en 1874 pour le riche banquier juif,
Ignatz, par l'architecte connu , Karl Schmidt. Mais quatre ans plus
tard il fut vendu au gouvernement du district (Kreisausschuss) qui y
installa en 1878 son administration ( jusqu'en 1945) en le
transformant à deux reprises. Après la guerre l'Entreprise de
géologie s'y est logée et, privatisée, elle l'a mis en vente tout
récemment. Du faste d'autre fois (certains avancent l'histoire de sa
transformation pendant la guerre en maison close très selecte,
casino pour les militaires haut gradés ou Lebensborn, une sorte de
maison de reproduction SS) il ne reste qu'un magnifique escalier
d'apparat.
Vous
arrivez devant la colline des Résistants (Wzgórze Partyzantów)
qui, à vrai dire n'a rien à voir avec la résistance ici. Avant la
guerre la colline s'appelait Liebichshöhe.
L'histoire de cet endroit est assez extraordinaire et mérite d'être
connue.
Il
est l'objet d'étude des historiens de l'art polonais intéressés
par un courant artistique et plus particulièrement architectural
appelé « historicisme ». Ce terme désigne d'abord une
période de l'historiographie allemande incarnée par Ranke, Droysen
ou Meinecke, mais aussi par les économistes List, Hildebrand, Knies
ou Schmoller, et dominante dans la seconde moitié du XIXe siècle.
Désireux d'ériger l'histoire au rang de science rigoureuse, ces
auteurs défendaient plusieurs principes communs : l'historien
devait établir les faits tels qu'ils s'étaient produits et saisir
le passé dans sa singularité par rapport aux autres époques, sans
chercher à émettre un jugement de valeur ; toute entreprise de
systématisation devait être rejetée au profit d'une recherche des
causes immédiates des événements. S'inspirant de la pensée de
Herder, ils appelaient à considérer chaque époque en elle-même et
rejettent toute philosophie téléologique de l'histoire. Cet
historicisme appliquait à la méthode historique les concepts du
positivisme. Par ailleurs, rejetant l'universalisme de l'école
classique, ils considéraient que chaque cas national devait être
étudié à part, pour parvenir à la connaissance.
L'historicisme,
comme d'autre courants artistiques occidentaux du XIXe siècle,
puisait son inspiration dans les formes du passé. Dès le
XVIIIe siècle,
le néoclassicisme affirmait déjà sa volonté de retrouver la
pureté formelle des œuvres passées, en particulier dans
l'architecture antique, mais aussi dans les arts picturaux et
plastiques. Mais l'historicisme poursuivait surtout une démarche
rationnelle, non dénuée de romantisme.
L'historicisme
avait pour but de remettre en valeur des styles architecturaux
anciens et parfois dits "dépassés". Ici encore le
romantisme apportait avec lui le développement de l'architecture
néogothique se fondant dans les formes médiévales, alors que la
mode est au néoclassique.
En Allemagne, on assistait dès la moitié du XIXe siècle à un engouement pour la mode historiciste, mode qui s'accentue sous Guillaume II d'Allemagne, de même au Royaume-Uni pendant l'ère victorienne. Cet ensemble de styles se retrouvant à la même époque créait un attachement nouveau en Europe pour l'architecture et les arts en général, le tout lié aux innovations de la Révolution industrielle, cette nouvelle mode était à la base des expositions universelles.
L'historicisme correspondait à une phase unique dans
l'architecture où de nombreux et différents styles cohabitaient, de
ce fait on assistait aussi à l'art éclectique qui permettait de
mêler ces différentes architectures. De plus, l’avènement de
l'art nouveau à la fin du XIXe siècle
créait le contraste avec ses formes nouvelles et végétales par
rapport aux traits des styles anciens.En Allemagne, on assistait dès la moitié du XIXe siècle à un engouement pour la mode historiciste, mode qui s'accentue sous Guillaume II d'Allemagne, de même au Royaume-Uni pendant l'ère victorienne. Cet ensemble de styles se retrouvant à la même époque créait un attachement nouveau en Europe pour l'architecture et les arts en général, le tout lié aux innovations de la Révolution industrielle, cette nouvelle mode était à la base des expositions universelles.
L'historicisme
en architecture, d'où dérive l'éclectisme,
désigne la tendance à retrouver les racines nationales des
différents styles européens par opposition au style néoclassique
et de manière plus large que le néogothique ou le romantisme en
vogue. Il se décline en périodes historiques et en styles régionaux
où on trouve néo-roman, néo-Renaissance, néo-baroque,
néo-classique, néo-byzantin, néo-mauresque dont sont issus les
styles éclectiques avec une (ré-)affirmation identitaire
culturelle, souvent liés au régionalisme.
Ce mouvement couvre la période allant jusqu'à
l'entre-deux-guerres, où lui et l'art nouveau seront peu à peu
remplacés par l'Art déco.
L'endroit
était encore à la fin du XVIIIe
siècle un bastion, élevé au XVIe
et qui faisait partie des fortifications et constituait l'élément
défensif de la Porte de la Poche (Tauschentor) et dans lequel on
stockait de la poudre. La destruction des fortifications décidée
par les Français en 1807 permit à la ville de récupérer cet
espace en 1813. Plusieurs projets virent jour en vu de son
aménagement : un temple dorique au sommet d'un bâtiment à
quatre niveaux, jardins suspendus sur les terrasses chacune en
retrait avec un pavillon au sommet, temple de l'Art avec des salles
destinées aux sociétés d'art et culturelles, aux expositions et à
la conservation d'objets d'art, un jardin romantique avec des ruines
laissées en partie comme témoins de la splendeur passée de la
ville, un belvédère. La colline, la seule dans une ville plate,
était en train d'être sacralisée dans la première moitié du XIXe
par l'élite intellectuelle de la ville imbue de la culture antique
et aspirant à un idéal à la fois pastoral d'une Arcadie et
démocratique de la cité attique. Les différents projets plus
ambitieux que d'autres rencontraient un obstacle fondamental :
argent.
C'est
le dernier projet qui fut financé par le riche industriel silésien,
Adolf Liebich.
L'idée de belvédère était de son frère Gustav, poète qui mourut
quelques mois plus tard et Adolf pensait en faire une sorte de
monument à la mémoire du défunt et au-delà, restituer aux
Vratislaviens la « vue perdue sur les montagnes de Silésie ».
La construction, après l'achèvement devait revenir aux autorités
municipales. Le mécène renonça aux revenus des locaux qui devaient
y être aménagés. Le projet fut confié à l'architecte Karl
Schmidt, qui avait déjà réalisé le bâtiment du Théâtre de la
ville (cf. Opéra
de Vratislavie),
et qui y voyait le répondant à son édifice dans l'axe de la rue
Zwinger (Teatralna). La genèse de la forme architecturale se
trouverait dans les réalisations de Friedrich August Stüler à
Schwerin et Potsdam et dans les conceptions d'August Ortha et Adolf
Lohse pour le prince Albrecht près de Dresde. Ces architectes et
urbanistes auraient cherché l'inspiration dans l'Italie Villas
Giulia à Rome et Farnese à Caprarola de Vignioli, de Tivoli et
Frascati) mais aussi dans les modèles antiques connus à cette
époque. L'architecte fit face aux difficultés liées à la pente en
aménageant des terrasses et en employant les éléments de type
pyramidal pour les relier entre eux. Aux pieds il fit dresser un
atrium sur la base du carré avec une fontaine au centre dont la cuve
répétait la forme carrée et était ornée de la statue d'Ariadne
de Naxos. De part et d'autre de l'atrium surmonté d'une balustrade,
s'élèvent les escaliers en demi-cercle menant à la terrasse
circulaire au centre de laquelle se trouve un bassin, également en
forme de cercle. Cette terrasse est fermée à l'est par une loggia
élevée de quelques marches en demi-cercle. De son centre un
escalier mène au belvédère. Ce dernier conçu à base d'octogone
(exprimant la gratitude) qui est en retrait à chaque niveau, le tout
surmonté d'une coupole (gloriette à 32 mètres par rapport au sol)
au sommet de laquelle était située la statue de la Victoire. La
présence de l'eau symboliserait la vie terrestre alors que la
coupole, la vie céleste. Le motif de l'eau rappelle la réalisation
de Palladio de la villa Maser, non seulement par la conception mais
aussi par le commentaire de l'auteur, lui-même. La question que pose
Bożena Grzegorczyk, historienne de l'art de l'Université Nicolas
Copernic de Toruń dans son « Architecture et construction
théâtrales à Vratislavie depuis 1770 jusqu'à la fin du XIXe»
(en polonais) est si Adolf Liebich méritait
un monument commémoratif au centre-ville. S'il mérita la
considération des générations postérieures de grand mécène ou
s'il s'agit d'une réalisation du riche patricien et mégalomane qui
fit fortune dans le sucre de betterave (rappelons que c'est en
Basse-Silésie, à Konary, qu'est née la première usine en 1799).
Mais il est certain que la fondation artistique exprimant l'idée de
donatio et memoria, était
dictée par l'envie de nobilitation et le désir de marquer
spatialement sa présence dans la communauté citadine ainsi que
souligner le statut de sa propre famille au sein de la bourgeoisie
locale. Adolf Liebich aurait cherché son identité et le
raffermissement de sa position sociale en faisant appel aux modèles
connus de la Renaissance qui par ricochet l'auraient fait décider à
pratiquer le mécénat. Les écrits lyriques dédiés aux deux frères
Liebich parus dans la presse locale confirment cette hypothèse. Il
en résultat que l’œuvre de
Karl Schmidt était y qualifiée de « principale parure de la
ville ». Il coûta à Liebich 71 000 thalers en argent alors
que le budget de la ville s'élevait à cette époque à 30 000
thalers.
On
y installa un restaurant et un café, on planta sur les pentes des
érables, acacias, lilas, cornouillers, spirées et vinettiers.
L'endroit devint le lieu de promenade et récréation qui permettait
par le beau temps de voir les montagnes sacrées de Silésie. La
Ślęża
à 718 mètres d'altitude (Monte
Silentii au
XIIe
et
Slezie
au XIIIe
qui avait donné le nom au peuple slave vivant ici au Xe
siècle, les Slézanes, en polonais Ślężanie
et
au-delà, de la région, Silésie, en polonais, Śląsk. Et les
Sudètes, distants d'une centaine de kilomètres au sud de la ville.
Lors
de Festung Breslau les souterrains de l'endroit servirent d'abri à
l'état-major de la défense et de ce fait, les militaires
ordonnèrent la destruction de la tour et des pavillons et la coupe
de nombreux arbres.
Après
la guerre la colline portait jusqu'en 1948 le nom de l'Amour
(confusion avec le verbe allemand lieben, aimer). On a reconstruit
partiellement l'endroit et on a installé un petit planétarium. Les
pentes servaient en hiver aux enfants de terrain de glissade en luge
alors que le fossé gelé en bas, de patinoire comme avant la guerre.
Les travaux de conservation ont été entamés en 1973-74, après
l'écroulement des escaliers, puis à partir de 1990 par l'entreprise
Retropol à qui la ville a cédé l'ensemble pour 40 ans pour une
exploitation commerciale. L'entreprise qui s'appelle de conservation
de monuments, de production, commerce et services n'a pas fait
grand-chose en ce qui concerne la conservation mais gagne de l'argent
en louant certains locaux (club de jazz, restaurant, café). Cet état
de choses a poussé la ville à lui entamer le procès en vue de la
restitution.
C'est
une autre illustration des conséquences de la fin du communisme en
Pologne et des déboires des autorités municipales avec le
patrimoine mal entretenu, dévasté voire abandonné durant la
période du pouvoir « démocratique populaire ».
L'été
dernier la colline a repris sa fonction de récréation en plein-air
avec toute sorte d'activités y compris Vratislavie-plage (comme à
Paris).
De
là vous pouvez atteindre la place Dominikański soit en descendant
vers le fossé municipal et en la logeant jusqu'à la rue Oławska
soit en revenant sur vous pas à la rue Piotra Skargi (Taschenstrasse
en
allemand).
Piotr Skarga, prêtre
jésuite polonais, orateur et écrivain de renom et prédicateur à
la cour de Pologne, il fut une des figures majeures de la
Contre-Réforme en Pologne et Lituanie, au temps de la République
des deux nations à la fin du XVIe
et au début du
XVIIe).
La rue porte son nom depuis 1945. Dans la partie que vous allez
parcourir, il ne reste que quelques bâtiments d'avant la guerre sans
intérêt. Mais derrière le bâtiment moderne au croisement avec
l'axe est-ouest que vous avez eu l'occasion de traverser deux fois
dans votre périple (si vous venez de la promenade le long du fossé,
il vous faudra emprunter le passage souterrain en gardant le même
trottoir) vous attend une petite surprise. Un petite église (c'est
la dernière sur votre parcours de la Vieille-Ville), saint
Christophe, vous donne une idée des temps difficiles de
l'après-guerre et de l'évolution de mentalités au cours de la
période plus récente. Il s'agit d'un lieu de culte de la petite
communauté protestante germanophone.
Elle
est située sur la place du même nom (świętego Krzysztofa) et est
signalée en tant que telle au milieu du XVe
comme étant du début de ce siècle et dédiée à Marie
l’Égyptienne (une sainte palestinienne du Ve).
Elle desservait à cette époque le cimetière de la paroisse de la
Madeleine car elle avait été hors les murs de la première enceinte
du XIIIe. Au XIVe
elle était entourée du quartier de pelletiers, quartale
pellificum, (dont
la guilde avait financé l'autel principal) qui profitaient ici du
confluent de deux rivières Oława et Czarna Oława (noire). Ces eaux
allaient servir à la création des fossés municipaux. Le petit
bâtiment du gothique tardif est composé d'une seule nef divisée en
trois travées et dont les murs sont soutenus par les contre-forts.
Le chœur à cinq côtés est séparé du reste par une arcade
brisée. Les voûtes d'ogives, en réseau dans la nef et à croisée
d'ogives dans le chœur sont les marques de cette époque alors que
la tour est surmontée d'un heaume baroque. Le culte de saint
Christophe était associé aux mourants. Le saint représenté comme
un géant transportant au-dessus des eaux pleines de monstres
apparaissait comme patron des passants d'un monde à l'autre. On
croyait que la vue de son icône évitait la mort soudaine. Comme
l'église dépendait de celle de la Madeleine, elle devint le temple
protestant dans les années 1530, son intérieur fut adapté au
nouveau culte et équipé, dès 1560, d'orgues. Cinq cloches acquises
au cours des trois siècles sonnaient pour appeler les fidèles aux
offices. Des trente épitaphes il ne reste que cinq visibles à
l'extérieur.
Dans les années
1770 le cimetière liquidé laissa la place au marché et l'église
s'appelait « église de pomme de terre ».
Ce
qui paraît intéressant c'est que cette église était fréquentée
par la population polonophone. En 1411 un document signale un
prédicateur polonais et l'acte de fondation de 1416 le prouve aussi.
Elle
habitait cette partie de la ville et venait aussi des villages à
l'est des fortifications. La présence de livres de prière, de
catéchèse et d'exemplaires de bible mis à la disposition des
fidèles déjà protestants et polonais était mentionnée ainsi que
celle des pasteurs polonophones locaux ou venus de Pologne (du XVIe
jusqu'à la fin du XIXe
siècle). On peut par exemple signaler Michael Kush ou Kusz
(1600-1654), l'auteur du dictionnaire germano-polono-latin (1646).
Les prêches et les offices y sont encore signalés à la fin du XIXe
siècle.
L'église
a été détruite à 75% et peu de l'équpement d'avant s'est
conservé. Reconstruite par phases (1947-49 et 1957-58) et protégée
par des paneaux et planches pendant les années 1960. Elle a été
rendue aux habitants germanophones restés à Vratislavie après les
vagues d'expulsion (cf. Histoire
de la ville) en 1958 sans pour autant en faire une paroisse à part.
Le pasteur de la communauté, Wolfgang Meissler a consacré de
nouveau ce lieu de culte qui devait servir mais pour combien de
temps, personne ne la savait. Elle a été équipée de décors
provenant d'églises protestantes supprimées ou détruites de la
Basse-Silésie (par exemple du triptique maniériste du XVIe
qui sert d'autel) . En 1966 l'élevation a été renovée et quatre
ans plus tard, la tour a reçu un heaume. Pendant 48 ans la minorité
évengélique allemande a vécu avec une incertitude quant à son
sort mais le pas fodamental a été fait en 1993 lorsqu'elle a obtenu
le statut de paroisse et un local pour les services administratifs et
pastoraux. Elle fait partie, avec d'autres paroisses, du diocèse
évangélique de Vratislavie.
La
communauté allemande protestante s'y réunit comme dans une autre
église à Sępolno (cf. Quartiers est du Centre-Ville) que vous
allez peut-être visiter. Elle dispose d'une école de chant
(Zeggerteum-Kantorat) et collabore avec les institutions
ecclésiastiques et artistiques en Allemagne. Elle organise des
concerts le lundi et chaque année, le 21 mars pour commémorer la
naissance du compositeur, la Messe de Bach. C'est une occasion unique
de participer à une liturgie qui date d'avant la réforme de
l'Eglise protestante opérée par le roi Frédéric Guillaume III
sous l'influence du calvinisme.
Pour
toute les informations touristiques et culturelles vous pouvez vous
adresser au bureau de la paroisse ulica Partyzantów 60 (Quartiers
est du Centre-Ville) ou téléphoner au71 348 73 17
Le site de la paroisse est en allemand et polonais:
http://www.stchristophori.eu/
Dans
le voisinage de l'église saint Christophe (ulica Wierzbowa 30) se
trouve l'hôtel particulier d'Oppersdorf du XVIIIe dont il ne reste
que la façade au beau portail. L'édifice a été rénové et
englobé par une masse de verre du complexe de bureaux Dominikański
réalisé par l'entreprise Skanska. La résidence de la contesse Anna
Maximiliana Louisa von Oppersdorf construite par Christophe Hackner
vers 1725 fut entourée d'un grand jardin. Or c'est sur cette
parcelle que se trouvait au XVIe
siècle le jardin du botaniste Laurentius Scholtz von Rosenau –
noble de Bohême et médecin à la fois qui y cultivait des agrumes,
figuiers, grenadiers et pistachiers mais aussi plantes rapportés par
les voyageurs des Amériques et d’Asie.
Le
bâtiment baroque était déjà au début du XIXe
entre les mains de l'Office supérieur de mines qui le vendit à une
imprimerie en 1895. Transformé, le jardin liquidé, le bâtiment, en
partie détruit en 1945, a perdu tout le décor de ses originnes. Il
est devenu la Maison de l'imprimeur dont les occupants ont continué
le travail de dévastation . Seule la façade évoque la splendeur
d'antan. O tempora o mores comme dirait Cicéron.
Vous
reprenez le passage souterrain pour la sortie Oławska puis suivez
cette rue piétonne jusqu’à la rue Szewska. L'ulica Oławska est
aussi une vieille artère médiévale qui menait à la porte du même
nom, située à l'emplacement de ce grand carrefour que vous avez
traversé (cf. illustration). Il ne reste rien de son aspect médiéval
soit à cause de constructions antérieures à la guerre soit à
cause de destructions de 1945 et plus tard. Comme il a été expliqué
ci-dessus (cf. plac Dominikański
au débouché de la rue Wita Stwosza) cette partie de la
Vieille-Ville a perdu sa disposition urbanistique d'origine suite aux
travaux de démolition et de récupération de briques (cf. la Poste
centrale) ce qui a laissé la place vide (et certains bâtiments à
l'état de squelette) jusqu'aux travaux de la création de la rocade
permettant d'éviter la place du Marché à partir de 1977 (Trasa
W-Z, ouest-est en polonais). Ce n'est pas du tout un projet
inconsidéré du régime communiste. Il reprend en fait les projets,
de 1919 des urbanistes Maks Berg, Richard Konwiarz et Ludwig
Moshamer, et qui animèrent les débats dans la période de
l'entre-deux-guerres. Ils reprenaient comme c'est le cas aujourd'hui,
le tracé des premiers fossés municipaux du XIIIe qui avaient été
asséchés et comblés après l'épidémie de choléra de 1866 selon
la conception de l'architecte municipal, Carl Johann Christian
Zimmermann. Comme au début du XIXe c'étaient les quartiers
d'indigents aux rues étroites (cf. la rue Psie Budy que vous avez
vue dans les Quartier des quatre temples), ils constituaient pour les
autorités un problème social et d'hygiène. Au milieu du XIXe
leur caractère pittoresque fut apprécié et ils devinrent le sujet
pour les artistes et les photographes. Mais certaines parties furent
démolies pour y élever des bâtiments d'utilité publique comme de
la Caisse d'épargne et de la Bibliothèque municipale ou encore des
grands magasins comme celui de Geschäfts
und Bürohaus
Bielschowsky
(vous en avez vue un autre rue saint Nicolas) construit en 1930 (et
démoli lors des travaux de l'axe) par Carl Friedrich Hermann
Wahlich, auteur apprécié d'autres bâtiments Sécession et
modernistes dans la ville ainsi que co-auteur de la cité-jardin de
Sępolno
(cf. Quartiers est du Centre-Ville).
La
rocade du centre historique est devenue l'axe le plus chargé
intra-muros et a provoqué la coupure de la rue historique Świdnicka.
Le tracé est-ouest commence au pont Grunwaldzki, et emprunte les
anciennes rues qui ont été élargies (et leurs immeubles démolis),
et se termine au pont Pomorski et plus loin le pont Uniwersytecki.
Une partie est dirigée par la rue saint Nicolas vers la place de
Jean-Paul II (Königsplatz
avant 1945, que vous avez aperçue) d'où vient l'autre partie du
trafic par la rue Ruska.
Les
projets municipaux prévoient d'y réduire le trafic et en faire un
axe prioritaire pour les tramways, les cyclistes et les piétons.
La
rue Oławska présente aujourd'hui peu d'intérêt mais si
vous êtes amateur de l'architecture moderne vous pouvez jeter un
coup-d'œil sur les bâtiments à gauche comme au numéro 27-29, Dom
Towarowy "Łada" ancien Julius
Sckeyde Eisenwaren HDG
de 1907, et surtout sur celui du magasin Rudolf
Petersdorf
(angle de la rue Szewska). Observez la conception d'Erich Mendelsohn
de 1927-28. Le bâtiment, sauvé et rénové, a continué sa fonction
de magasin durant la période communiste sous le nom Kameleon.
A l'extérieur, c'est la saillie à l'angle qui surprend dans la
façade dominée par le verre et décorée de travertin et de bronze.
La structure en acier et béton permit à l'édifice de survivre aux
bombardements.
Erich
Mendelsohn fut un architecte allemand connu pour ses bâtiments
expressionnistes, les premiers du genre, autant que pour avoir
développé un fonctionnalisme dynamique dans ses projets de magasins
et de cinémas. Il fut, à côté de Ludwig Mies van der Rohe et de
Walter Gropius, un des membres fondateurs d’un mouvement
architectural moderniste appelé Der Ring. En 1924, c’est avec
enthousiasme qu’il découvrit l’Amérique et ses édifices
récents, comme il le consignait dans sa correspondance ; à
travers ce voyage, il se lia d’amitié avec Frank Lloyd Wright en
tant qu’hôte de l’atelier communautaire de Taliesin, avec qui il
partagea son intérêt pour cette pensée organique américaine qui
faisait écho à l’expressionnisme architectural dont il était le
fer de lance en Allemagne : « Il a vingt ans de plus que
moi. Mais nous sommes devenus amis dans l’instant même, ensorcelés
que nous étions par l’espace, tendant nos mains dans l’espace
l’un vers l’autre : même chemin, même but, même vie, je
crois. Nous nous sommes entendus immédiatement comme des frères
[...]. Wright dit que l’architecture du futur sera, pour la
première fois dans l'histoire, complètement architecture, espace en
lui-même, sans modèles préétablis, sans enjolivements —
mouvement pur à trois ou quatre dimensions…». Au retour en
Allemagne, son œuvre de résumait le consumérisme de la république
de Weimar, plus particulièrement dans ses magasins, ici à
Vratislavie ou à Chemnitz (fameux magasins Schocken).
Face
à la montée de l’antisémitisme en Allemagne à laquelle il
opposait un regard lucide et anticipateur, il émigra au Royaume-Uni
au printemps 1933, préférant se désister de projets d’importance.
Par la suite sa fortune considérable sera saisie par les nazis ;
il sera également radié de l’ordre des architectes allemands et
exclu de l’Académie prussienne des arts.
Tournez
à droite pour prendre la rue Szewska puis tournez à gauche pour
atteindre le Rynek. La rue Kurzy Targ (du marché aux poules) est
aussi un exemple d'activités commerciales au Moyen Age. Comme son
nom indique elle servait aux vendeurs de volaille et autres produits
(œufs et plumes, lait et gibier, légumes, fruits et livres). Le
côté gauche occupe le magasin Feniks, déjà décrit tandis que le
côté droit les vieilles maisons dont celle au numéro 4 qui est
occupée par le Musée de la pharmacie. La pharmacie Au
double aigle d'or est
l'une des plus ancienne de la ville. Elle a fonctionné sans
interruption depuis le milieu du XIIIe
siècle jusqu'en 1951 lorsqu'elle a été collectivisée et
transférée au Rynek.
Vous avez terminé
votre tour de la Vieille-Ville. Vous avez remarqué un peu partout la
présence de gnomes qui sont la manifestation d'une tradition en
marche. Ils commémorent un mouvement et manifestent sa continuité
au-delà de la chute du communisme. Ils font référence à
l'Alternative orage.
La Pomarańczowa Alternatywa est le nom d’un mouvement clandestin anarchiste. Il provient d'une revue publiée pendant la grève d'étudiants en 1981 dont le principal dirigeant était Waldemar Fydrych, connu comme « Major » (railleur-usurpateur « Commandant de la Festung Breslau »). Il a été l'auteur du Manifeste du surréalisme socialiste dans le cadre du mouvement Nowa Kultura (nouvelle culture) de l'Université de Vratislavie.
L’Alternative orange, inspirée en
partie par le mouvement hollandais « Provo », organisait
des happenings, peignait des graffitis absurdes en forme de lutins
sur les murs de la ville et était un des éléments les plus
pittoresques de l’opposition polonaise contre le régime communiste
de la République populaire de Pologne.
Particulièrement active durant la
période 1987-1988, l’Alternative orange et à la différence des
autres mouvements qui poursuivaient des buts nationalistes et
économiques, elle ne faisait pas de demandes explicites : elle
adoptait une stratégie plus radicale, celle de défier directement
la vérité d’État dans les rues.
Sa démarche était à la fois d’ordre
politique, artistique et culturel. Elle avait pour finalité une
esthétique de libération, prétendait n’appartenir à aucun
courant préexistant et se voulait un mode d’expression libre
destiné à rompre avec le normativisme social, culturel et politique
dominant à l’époque en Pologne.
Parmi ses premières actions on peut
signaler :
- Tuby, czyli zadymianie miasta (Tubas ou remplissage de fumée) - 1er avril 1986;
- Święto Garnków
(Fête de casseroles) -1er avril 1987;
- Krasnoludki na
Świdnickiej (Les
gnomes à la rue Świdnicka)
- 1er juin
1987);
- Precz z U-Pałami
(A bas la canicule, un jeu de mot où le 2e élément veut dire
matraques) - juillet 1987;
- Czyn Antywojenny (Acte anti-guerre, faisant référence aux appels du régime aux actions pour construire le socialisme) – le 1er septembre 1987 (anniversaire de l'attaque de la Pologne par l'Allemagne).
Les happenings se terminaient par
l'arrestation des participants par la milice citoyenne (police) pour
le trouble à l'ordre public. La provocation allait jusqu'à
l'arrestation des personne déguisée en Santa Claus (saint Nicolas
et non Père Noël, populaire en Pologne) ou de toutes les personnes
portant la couleur orange.
Le moment décisif a été la
publication en automne 1987 dans The
Village Voice, hebdomadaire
new-yorkais de tendance
plutôt libérale, de l'article annonçant la distribution du papier
de toilette, marchandise déficitaire du régime au moment du
Festival du théâtre ouvert à Vratislavie. De ce fait l'Alternative
orange a été l'objet d'intérêt de la presse nationale et
étrangère.
Dans les interviews le Major
commentait ses activités et celles de ses amis en disant que les
Occidentaux seront plus attentifs à son arrestation pour avoir
distribué aux femmes des serviettes hygiéniques que la lecture de
livres ou articles écrits par d'autres opposants. Ou encore, comment
considérer ou respecter un représentant de l'ordre qui pose la
question suivante : »Pourquoi participez-vous illégalement
dans la manifestation de gnomes ? » Et enfin, « En
Pologne il n'y a que trois endroits où l'homme peur se sentir
libre:à l'église amis seulement dans la prière, en prison mais
tous ne peuvent pas se retrouver en prison, dans la rue, les rues
donnent le plus de liberté ».
L’Alternative orange s’inscrivait
dans la continuité du paysage artistique contestataire des années
1960-70 : pop art aux États Unis (Le Living Theater), le San
Francisco Mime Troup, le Bread and Puppet, etc.
L’originalité de cette
expérience polonaise est qu’elle est intervenue à une époque où
la société civile semblait avoir été chloroformée par la reprise
en main politique du Parti communiste. Ses manifestations originales
et dérangeantes à la fois, avaient pour but de réveiller l’esprit
critique de la société polonaise, société normalisée et
lobotomisée à la suite de 40 ans de communisme, à la suite aussi
de l’état de guerre du 13 décembre 1981. Le mouvement voulait
aborder la res politica
avec un regard empreint de dérision et de détachement.
La référence au mouvement
surréaliste et au dadaïsme est très nette. Que ce soit au niveau
de la terminologie utilisée ou de la place donnée à l’acte
spontané, toute la démarche des « Oranges » tendait à
montrer la place importante accordée à l’esthétique surréaliste.
Cette dimension esthétique, en étroite symbiose avec la logique
protestataire, concourrait à inciter la jeunesse polonaise à
rejeter le marasme et la grisaille ambiante et à refuser de céder à
la tentation fataliste.
Dans toutes ses actions, l'Alternative
orange bénéficiait d’une popularité et d'un soutien de la
population très importants (à certaines occasions, plus de 13 000
personnes participaient aux happenings). Cela était dû à sa façon
de ridiculiser les autorités, habituées à servir une seule version
de la Vérité et qui, cette fois ci, confrontées à une nouvelle
forme de protestation, ne savaient pas comment y répondre.
Malgré des critiques initiales de la
part du reste de l’opposition polonaise, qui craignait que les
happenings de l’Alternative orange salissent la réputation des
mouvements d'oppositions polonais, son évident succès auprès de la
population qui appréciait de pouvoir exprimer sa volonté de
contestation sans néanmoins être obligée d’assumer le style de
vie d’un militant révolutionnaire, est parvenu à obtenir le
soutien des opposants principaux du groupe « Paix et Liberté »
et du Parti socialiste polonais.
Pour ses activités le mouvement a
reçu en décembre 1988 le prix d'Andrzej Wajda en présence des
représentants de l'opposition politique.
Ce mouvement a été actif aussi à
Łódź, Varsovie et Lublin et au-delà des frontières il a inspiré
des mouvements en Tchécoslovaquie et Hongrie.
Parmi les dernières actions on peut
signaler :
- Karnawał Żebraczy (Carnaval des gueux) – 12 février 1990;
- Pogrzeb Krasnoludków
(Enterrement
des gnomes) – 1er juin 1990.
Après une interruption fin 1990,
l'Alternative orange a repris son activité en 2001 à l’occasion
du happening « Le Lutin pour la Présidence », organisé
au moment de l’élection présidentielle et portant des slogans
tels que « votez lutins – seuls les lutins peuvent sauver le
pays ! »
En décembre 2004, l'Alternative
orange a pris part activement à la Révolution orange d'Ukraine,
organisant des happenings en soutien à l'équipe du candidat Viktor
Iouchtchenko.
Les gnomes de
Vratislavie
Les
petites figurines représentant des nains, généralement en bronze,
placées dans les rues de la ville depuis 2001. Leur nombre n'a fait
qu'augmenter et désormais elles forment incontestablement l'une des
curiosités. À ceux qui aiment combiner leurs visites touristiques à
Vratislavie avec la recherche des gnomes sont proposés des
brochures spéciales et des visites guidées.
Leur nombre dans les rues n'est pas fixé, de nouveaux apparaissent
chaque année, une partie d'entre eux sont volés ou vandalisés
malgré la protection des autorités. Pour le moment il y en a plus
de 300 .
En 2001, pour commémorer le mouvement de l'Alternative orange, une figurine de gnome, symbole du mouvement, a été officiellement placée dans la rue Świdnicka, où le groupe avait l'habitude de se réunir. Il s'agit d'un des très rares cas où un groupe subversif est honoré par les autorités de la ville, qui ont recommandé le placement d'une statue de gnome dans son centre historique. En 2003, le maire, dans le but de poursuivre cette nouvelle tradition, a dévoilé une petite plaque sur la porte du musée des gnomes. Elle est visible à hauteur des genoux sur le mur de la maison historique appelée Jaś située entre la place du Marché et l'église sainte Élisabeth.
Les figurines de gnome, qui sont
plus petites que le monument de l'Alternative orange dans la rue
Świdnicka, ont été semées dans différents quartiers de la ville. Les
cinq premières, conçues par Tomasz Moczek, diplômé de l'Académie
des Arts et du Design, ont été placées en août 2005. Ce sont
l'escrimeur près de l'université, le boucher dans la ruelle Jatki,
deux « Sisyphe » dans la rue Świdnicka et le gnome
laveur près du most Piaskowy (pont de sable). Le nom du dernier est
lié à Pracze Odrzańskie (laveurs d'Oder), un quartier à la périphérie de la
ville. La cérémonie d'inauguration de deux nouveaux a eu lieu le 18
juin 2008, devant l'entrée de l'Hôtel de ville. Ils sont :
dans une chaise roulante, sourd-muet et aveugle. Ils font partie de
la campagne de « Vratislavie sans obstacles », qui vise à
attirer l'attention sur les personnes handicapées. Cinq jours plus
tard, à la clinique d'hématologie et d'oncologie pédiatrique, un
autre gnome a été érigé. C'était la troisième femme naine :
Marzenka (diminutif
d'un prénom populaire, Marzena qui fait un jeu de sens avec le mot
rêve), dont la
conception a été basée sur le logo de l'association Mam
marzenie (j'ai
un rêve).En 2001, pour commémorer le mouvement de l'Alternative orange, une figurine de gnome, symbole du mouvement, a été officiellement placée dans la rue Świdnicka, où le groupe avait l'habitude de se réunir. Il s'agit d'un des très rares cas où un groupe subversif est honoré par les autorités de la ville, qui ont recommandé le placement d'une statue de gnome dans son centre historique. En 2003, le maire, dans le but de poursuivre cette nouvelle tradition, a dévoilé une petite plaque sur la porte du musée des gnomes. Elle est visible à hauteur des genoux sur le mur de la maison historique appelée Jaś située entre la place du Marché et l'église sainte Élisabeth.
Depuis
ce temps, le nombre de gnomes n'a cessé d'augmenter, surtout dans la
Vieille-Ville. Pour les touristes accompagnés d'enfants c'est un
moyen d'attirer leur attention et de les distraire lorsque les
adultes observent autre chose. Les visites guidées gratuites les
week-ends des vacances d'été sont proposées à partir de l'Hôtel
de ville sans inscription préalable mais seulement en polonais (pour
l'instant). Avis aux amateurs courageux.
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